« L’alcool est un produit très nécessaire… Il permet au Parlement de prendre à onze heures du soir des décisions qu’aucun homme sensé ne prendrait à onze heures du matin » (George Bernard Shaw)
L’apport du parlement à l’ancrage de la démocratie dans un pays est d’une importance capitale. Il a un rôle essentiel à jouer. Le parlement incarne la démocratie. Il est l’institution centrale par laquelle la volonté du peuple s’exprime, où les lois sont adoptées et à qui le gouvernement rend des comptes.
« Pilier de la démocratie, le parlement incarne la volonté des peuples, porte l’espérance que la démocratie réponde réellement à leurs besoins et contribue à résoudre les plus urgents des problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne », souligne l’Union Interparlementaire (UIP). Qui précise par ailleurs que pour bien jouer son rôle, le parlement doit être élu et représenter toutes les composantes de la société. « Il doit disposer des pouvoirs et des moyens nécessaires pour exprimer la volonté du peuple, grâce à ses fonctions législatives et de contrôle. Il peut ainsi contribuer efficacement à garantir les droits et les libertés du peuple, à assurer la paix civile et un développement harmonieux ».
C’est à tout le contraire qu’on observe au Togo qui dispose d’une Assemblée nationale quasi monolithique dont les députés, au lieu d’être élus, ont été nommés -une incongruité togolaise- et représentent le parti au pouvoir UNIR et ses supplétifs. C’est ce qui explique les dérives constantes qu’on observe de la part de ces députés godillots.
Beaucoup d’observateurs se sont toujours posé la question de l’utilité du parlement togolais actuel qui s’est de tout temps comporté comme un appendice du gouvernement. Les députés de la législature actuelle qui siègent au parlement au nom du peuple, n’ont curieusement jamais pensé à ce peuple aux fins de défendre et de protéger ses droits fondamentaux, notamment ses droits économiques et sociaux. Ils se sont plutôt mués en accompagnateurs de l’exécutif et se particularisent surtout par leurs réflexes à se fondre de façon intempestive en gratitudes à l’endroit de leur bienfaiteur, le chef de l’Etat, au mépris du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs.
Cela ne surprend guère puisqu’ils n’ont jamais été élus par les Togolais, les dernières législatives ayant montré toutes leurs limites.
Le parlement actuel semble carrément dans la lune, totalement coupé des réalités du pays et du monde. La preuve, au moment où l’actualité est cristallisée par la crise économique avec les conséquences dramatiques sur les populations, tout ce qui semble préoccuper dame Chantal Yawa Djigbodi Tségan et ses « ouailles », c’est la politique politicienne avec le vote d’une loi interdisant les binationaux de créer et de diriger un parti politique. Est-ce dans le contexte actuel de crise mondiale, l’urgence pour notre pays : semer les germes d’exclusion des Togolais ? Les mêmes qui ont de tout temps soutenu que le Togo est un et indivisible, mais qui votent des lois controversées porteuses de haine, de division et d’exclusion.
L’Assemblée monocolore a adopté le 24 mai la charte des partis politiques introduisant une disposition qui interdit aux binationaux d’avoir leur propre parti politique. La nouvelle loi polémique, sujette à interprétation dit que nul ne peut être fondateur ou dirigeant d’un parti politique…s’il n’a pas la nationalité togolaise d’origine, s’il n’est pas domicilié au Togo. Sont essentiellement visés, les Togolais de la diaspora, parmi lesquels Tikpi Atchadam, Kofi Yamgnane, François Boko, Agbéyomé Kodjo, etc.
Manifestement très satisfaite, la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Tsegan, souligne que la loi porte en elle « la marque des avancées démocratiques dans notre pays » et exhorte le gouvernement à mettre en œuvre les modifications « afin de traduire dans la réalité, la noble ambition du Président de la République ». Mais beaucoup d’acteurs politiques n’ont pas la même lecture et dénoncent une loi « porteuse de germes dangereux pour le pays ».
Médard AMETEPE
Liberté