“Quelle honte!”, s’est exclamé un septuagénaire, débité par la scène qu’il a vécue au cinquième congrès statutaire du Comité d’action pour le renouveau (CAR). Les délégués venus des différentes fédérations n’ont pu accorder leur violon sur un nom qui devrait diriger le parti pour les quatre prochaines années. Finalement les travaux ont été clôturés dans un méli-mélo laissant présager un avenir incertain au parti des déshérités.
Après le désistement de deux candidats au poste de président du parti à savoir MM. Yendouban Kolani, vice président du parti assurant l’intérim du défunt président, et Nador Awuku, également vice-président, les quatre candidats restant en course : Daté Yao, Togbui Dagban Sylvain, Jean Kissi et Mme Akossiwa Yémé, se sont arc-bouté chacun à sa position. Plusieurs initiatives pour les amener à une conciliation autour d’une liste ou la fusion des listes n’ont pas abouti.
Faute de consensus, il faut que la plénière tranche selon les textes du parti. Mais certains délégués ne l’entendent pas ainsi.
“Ils sont minoritaires et ils le savent c’est pourquoi ils ne veulent pas aller aux élections. S’ils continuent ainsi nous allons leur laisser une coquille vide. Mais je mettrai tout en œuvre pour combattre le CAR lors des prochaines échéances à venir”, fulmine un délégué proche du candidat Daté.
“Nous ne permettrons pas que le pouvoir choisisse un président pour notre parti. Si tel est le cas, cette nuit même j’écrirai les textes d’un nouveau parti politique et la scission sera consommée“, lâche un autre délégué proche de Jean Kissi.
Visiblement, les positions sont tranchées et difficilement conciliables.
Face à cette situation, certains délégués rejettent la responsabilité sur le comité d’organisation du congrès qui n’a pas su aplanir les divergences avant l’organisation du congrès. “Ils ont tout fait pour qu’on débouche sur le chaos”, regrette ce délégué déplorant cette scène qui n’honore pas le défunt président Agboyibo.
Les limites de la méthode
Le CAR est un parti qui prône le dialogue et le consensus, c’est la méthode si chère au président fondateur du parti Me Agboyibo décédé il y a trois ans. Mais tout porte à croire que cette méthode a montré des limites vue la scène de désolation qu’à présenté les délégués de ce congrès.
Pour l’organisation du congrès plusieurs commissions ont été mises en place dont une commission spéciale. Cette dernière devra se plancher sur les candidatures. A l’entame des travaux, deux candidats se sont retirés : Konlani et Nador. Alors, il a été demandé aux quatre candidats encore en lice de se concerter pour un consensus. Cet exercice a été périlleux car fait d’invectives et il a fallu de peu qu’on en vienne aux mains. Après plusieurs séances infructueuses, la plénière devra trancher selon les textes du parti. Normalement le nouveau bureau devrait être connu avant la soirée du samedi pour être présenté aux invités le lendemain dimanche à la cérémonie de clôture. Faute de consensus, les concertations ont continué dans la matinée du dimanche également sans succès. C’est ainsi que les invités qui étaient venus pour la cérémonie de clôture parmi lesquels le chef canton de Bé Togbui Aklassou, ont été priés de repartir.
Face au difficile consensus, le présidium du congrès fait le point à la plénière autour de 18h alors que certains délégués déçus sont répartis. Il annonce la mise en place d’un bureau transitoire d’une durée de deux ans pour permettre au parti de faire face aux échéances à venir notamment les régionales et les législatives. Cette proposition de bureau transitoire a reçu un salve d’applaudissements d’une partie de la salle. Au moment où le président veut annoncer la composition du bureau transitoire que surgit M. Agbo, un proche du candidat Daté qui monta au podium pour arracher le micro au président du présidium du congrès M. Awuku.
L’ambiance devient surchauffée dans la salle, le ton monte, les insultes et les invectives fusent de partout. C’est dans ce tohu bohu que le vice-président a été contraint de clôturer les travaux du cinquième congrès statutaire du Comité d’action pour le renouveau en invitant les membres du bureau du parti au siège le mercredi.
Un sursaut d’orgueil sera-t-il possible pour sauver les meubles à ce parti qui s’enfonce vers une scission ? L’avenir nous le dira….
A suivre dans nos prochaines publications une analyse de la situation au sein de ce parti.
Avec togoscoop