Le pourri, ce n’est pas seulement les infâmes détritus et autres organismes en grande putréfaction qu’on jette, dans l’obscurité de la nuit, négligemment et précipitamment, au dépotoir, loin de soi, pour la pitance des charognards, comme au centre d’enfouissement technique d’Aképé dans les environs de Lomé. Non, dans notre pays, le Pourri est d’une tout autre nature.
Au Togo, le Pourri, c’est d’abord une élégance, chic et coûteuse, en foulard Hermès flottant aux quatre vents, en costard cintré de grand couturier européen ou en boubou de fines broderies répondant au fumant slogan du « Consommer Local ». Donc, très différent du pourri des dépotoirs.
C’est avant tout un Pourri attrayant et luisant qui suscite l’envie et attire même des admirateurs et des courtisans. Un Pourri que certains aiment et adulent opportunément. Cette fascination que le Pourri exerce sur son entourage est un trompe-l’œil qui cache le fond de sa substance, sa vraie nature, ignoble et répugnante, symbolisée par les actes qu’il pose au quotidien.
Ce Pourri-là, au-delà de la luxure qu’il rayonne, il est un grand prédateur à la recherche de ressources financières en abondance et rapidement, pour entretenir son train de vie en costard de grand couturier, en boubou chic ou en foulard Hermès. Ici, le Pourri, c’est donc lui le véritable vautour, insatiable, vorace et nuisible. Celui qui fonce avec une grande avidité sur les finances publiques.
Les charognards dont la Nature a doté le monde pour nous débarrasser des puanteurs, nous rendent un grand service dans le respect de la chaine alimentaire. A l’inverse, les Pourris de la République, ces vautours des villes, sèment la misère et la désolation. Ils détruisent ceux qui sont au-dessus de la chaîne alimentaire, les humains. Oui, ils le font en siphonnant les ressources des projets à leurs seuls bénéfices personnels, cassant ainsi l’équilibre social et privant tous les autres de tout. Privations de services publics de base, tels que les hôpitaux de bons standards, les écoles de qualité, la vitale adduction d’eau potable, le nécessaire réseau d’électricité, les indispensables équipements sportifs des jeunes, les fondamentales infrastructures routières et tout ce qui devait concourir au mieux-être de la population. C’est juste révoltant, ce crime.
Et pour rendre le crime perpétuel, il faut taire les contestations. Alors, les Pourris vont au-delà de leur écœurante rapacité. Ils s’en prennent à la dignité de leurs concitoyens, privant le peuple de ses libertés, lui imposant un Etat de non-droit et une répression permanente dans la pure tradition des pires dictatures.
Depuis 56 ans, d’une génération à l’autre, dans la corruption et l’injustice, dans le cynisme et la férocité, les Pourris de la République se perpétuent avec l’énergie vitale des Togolais, en s’abreuvant de leur sang, de leur larme et de leur sueur qui coulent chaque jour durant leurs épreuves de survie. Un crève-cœur.
En parcourant le monde, engoncés dans leurs attributs de richesses insolentes, ils trompent l’extérieur en bombant le torse pour polir leur image, en quête d’une douteuse légitimité internationale supposée compenser le défaut de légitimité électorale.
Cependant, les Togolais ne sont pas dupes. Ils savent que ceux-là ne sont pas ce qu’ils prétendent être, et le seul statut qui leur est reconnu au Togo, c’est celui de Pourris de la République. C’est pourquoi, ils sont vomis par les Togolaises et les Togolais qui leur préfèrent même les pourris qu’ils jettent nuitamment sur les dépotoirs.
Et comme l’humain cherche toujours à se départir du pourri, le peuple togolais finira aussi par se débarrasser de cette bande de voraces minoritaires qui plombent l’avenir de toute la jeunesse, ces Pourris de la République à qui je ne souhaite pas bonne et heureuse année 2024.
Gamesu
Nathaniel Olympio