«…Monsieur Sogoyou Kéguéwé deviendra plus tard à Kara un activiste du régime RPT pour s’opposer à la démocratisation au début des années ’90. Pendant et après la conférence nationale, tenue en juillet et août 1991, les activistes pro-Éyadéma et pro-RPT dont notre journaliste était l’un des plus actifs, avaient fait de la ville de Kara et de la préfecture de la Kozah un état dans un état, interdit aux activités des partis politiques de l’opposition. Qui a oublié cette époque où Monsieur Akrima Kogoé, ancien directeur-adjoint à l’enseignement du troisième dégré, plus tard directeur général à la SALT, s’était autoproclamé préfet de la Kozah, après que la préfet, Madame Gazaro Wêrê, nommée par le premier gouvernement de transition du premier ministre Joseph Kokou Koffigoh, fût renvoyée sur son instigation et sur celle d’un certain Sogoyou Kéguéwé?».
Voilà le petit rappel historique que nous écrivions le 23 août 2023 dans le quotidien «Liberté» pour insister sur le passé de chef-milicien à Kara de Monsieur Sogoyou Kéguéwé qui se prend aujourd´hui pour le plus grand démocrate et panafricaniste. Cet extrait qui retrace les faits d´armes des inconditionnels du RPT-UNIR, du régime Gnassingbé et des ennemis de la démocratisation au Togo, sur des bases tribalistes et régionalistes, montre à suffisance, après surtout les malheureux évènements à Bafilo et à Kara le week-end du 14 au 15 octobre 2023 avec la délégation de la DMP, que plus de 30 ans après, rien ne semble avoir changé du côté de la région de la Kara quant au respect des autres Togolais.
En effet, les déboires des représentants de la DMP (Dynamique pour la Majorité du Peuple), composée du président du mouvement de la societé civile MJS (Mouvement pour la Justice Sociale), de son chargé à la communication et du conseiller, d´un représentant du mouvement Flambeau du peuple, commencèrent à Bafilo le vendredi 13 octobre 2023. Il s´agissait pour le conseiller municipal de la commune 1 de Bafilo qui est membre de la CDPA, donc de la DMP, de rendre compte aux populations locales des principaux points qui étaient à l´ordre du jour du conseil communal tenu la semaine d´avant, et auquel il avait assisté. Quoi de plus normal dans les activités d´un conseiller municipal? Le même exercice d´information aux populations eut déjà lieu dans un autre quartier de la ville de Bafilo. Ce vendredi 13 octobre c´était au tour du quartier Tchonworo. Sept chefs de quartier et la population furent donc invités dans un vestibule pour la réunion. Mais c´était sans compter avec l´immixtion des autorités militaires comme civiles de la localité dans les affaires politiques qui, normalement, ne les concernent pas.
À peine la réunion commencée, un capitaine de la gendarmerie, accompagné de certains de ses éléments, fait irruption sur les lieux pour demander d´après l´autorisation sur la base de laquelle ils se réunissent. Malgré le fait que le conseiller municipal prît le soin d´expliquer à notre capitaine son rôle politique dans la commune et son devoir de rendre compte aux membres et responsables de sa formation politique après un conseil communal, notre compatriote en tenue avait insisté sur le fait que, selon lui, le conseiller municipal n´avait aucun droit pour organiser une telle réunion; allant même demander si le maire était au courant. Après presque deux heures de discussions la réunion dut se terminer en queue de poisson sans avoir réellement commencé. Précisons que d´après les informations que nous avons receuillies depuis Bafilo, en dehors du zèle des autorités préfectorales et du maire de la commune d´Assoli 1, le député nommé de la localité du RPT-UNIR, du nom de Bodé Inoussa, serait au centre des manigances politiciennes contre les partis de l´opposition. Un homme qui n´hésite pas à menacer les populations qui sont allées le voir, en tant que député pour des doléances, de les faire écraser par des chars.
Le programme initial de la DMP pour sa tournée comprenait les étapes de Bafilo, dont nous venons de parler du fiasco dû à l´intervention musclée de la gendarmerie de la localité, de Niamtougou où la réunion avait pu se tenir samedi 14 octobre presqu´en catimini. Vint l´étape de Kara prévue pour dimanche 15 0ctobre 2023. Ici à Lama, lieu de la réunion, ce n´est pas un capitaine de la gendarmerie qui intervient pour interdire la tenue du rassemblement. Ce sont des miliciens, bien connus, puisque natifs de la localité, qui, malgré l´accord du chef du village, sont arrivés pour intimer violemment l´ordre qu´il n´était pas question que des membres de partis politiques et associations affiliés à l´opposition, tiennent une réunion. Les gros bras au service du RPT-UNIR n´hésitèrent pas à menacer les membres de la délégation de la DMP de s´en prendre physiquement à eux et de faire incendier leurs véhicules. Guidés par la sagesse, et se référant à ce dicton allemand qui veut que, quand deux individus se querellent, c´est le plus intelligent des deux qui renonce le premier (der Klügere gibt nach), les opposants durent renoncer à tenir leur réunion.
Comme nous le disions plus haut, au début des années ´90, les miliciens, chefs-miliciens ou activistes du RPT-UNIR à Kara étaient journaliste ou professeur et s´appelaient Sogoyou Kéguéwé, Akrima Kogoé etc…Plus de trois décennies après, la nouvelle génération, composée entre autres d´un proviseur, Monsieur Karabou, dont nous avons en notre possession le message audio en kabyè, appelant à s´en prendre à la délégation de la DMP, d´un censeur de lycée, Monsieur Kissem Palouki et de quelques responsables de taxi-motos, semble avoir pris la relève. Notre faux panafricaniste sur «New World TV», Sogoyou Kéguéwé et tous ses amis de mauvais augure ne devraient se faire aucun souci, la relève pour s´opposer à la démocratisation, en cultivant la haine entre Togolais, le tribalisme et le régionalisme, est bien assurée à Kara. Quant à Faure Gnassingbé et à son ministre des affaires étrangères, Robert Dussey, il est malsain et irresponsable de jouer aux pseudo-panafricanistes, tout en fermant les yeux sur ceux qui nourrissent les germes de la division, du tribalisme et du régionalisme dans son propre pays.
Samari Tchadjobo
Allemagne