Vous êtes nombreux à me réclamer ce décryptage depuis plusieurs jours. J’avoue que cette sollicitation me fait plaisir. Ça veut dire que mon approche de la politique par la pédagogie donne des fruits. Merci.
Je vais aller droit au but et prendre les mesures une par une. Ensuite je donnerai mon point de vue au fur et à mesure.
1. augmentation de 10% de la valeur indiciaire des salaires et des pensions de retraite pour les fonctionnaires civils et militaires et les retraités du secteur public, soit un montant annuel de 22,5 milliards FCFA.
Cette mesure ne concerne que les fonctionnaires, soit 0.75 % de la population et 1,5% de la population active
2.revalorisation additionnelle de 5% de la pension de retraite pour tous les retraités du secteur public (civils et militaires) et du secteur privé.
C’est une mesure plus intéressante que la première, et les retraités de la fonction publique se voient doublement récompensés. Les retraités de la fonction publiques sont gérés par la casse de retraites et certains sont en train de rattraper des impayés. C’est donc une bonne mesure pour eux. Quant à ceux du privés, ils sont gérés par la caisse nationale de sécurité sociale et celle ci est en surliquidité. La vraie inconnue est le nombre de personnes concernées. Vu que le secteur formel fait moins de 10% de la population active, cette mesure concernera à peine 1% de cette même population.
3. indemnité mensuelle de transport de 10.000 FCFA à titre exceptionnel pour chaque fonctionnaire de l’Etat (payable hors bulletin) pour faire face à la hausse des frais de déplacement par ces temps difficiles, soit un coût budgétaire annuel de 8,8 milliards de FCFA.
Ça concerne comme je l’ai dit, uniquement les fonctionnaires.
4. gratification du reliquat de l’avance sur salaire consentie en janvier 2022 aux fonctionnaires et retraités sur les huit (mois restant à rembourser, soit 7,1 milliards de FCFA, afin de leur permettre de faire face à la rentrée scolaire et à la cherté de la vie. Ne concerne une fois encore que les fonctionnaires.
5.gratification spéciale de 3 milliards de FCFA par transferts monétaires directs au profit des parents d’élèves pour l’achat des fournitures scolaires.
Grosse inconnue. Quel parent va en bénéficier ? Tous, certains, sur quel critère ? On va se retrouver comme avec novissi. Beaucoup de parents vont se plaindre de n’avoir rien reçu et on ne pourra pas vérifier.
6. subvention de 2,5 milliards de FCFA pour l’acquisition des manuels d’écriture et de lecture pour les élèves de l’enseignement primaire.
C’est une usine à gaz. Quelles écoles seront concernées et quels niveaux. S’il s’agit de toutes les classes et de toutes les écoles, cette sommes est insignifiante. Et dans les délais actuels, peu d’éditeurs peuvent produire autant de manuels pour cette rentrée. Mais on verra avec le ministre en charge du dossier.
7. augmentation de la subvention pour les engrais de 6 milliards de FCFA pour la porter à 7,5 milliards de FCFA afin de permettre de stabiliser les prix tout au long de la campagne 2021/2022 au profit de nos agriculteurs.
Nous sommes au mois de septembre et le cultures qui nécessitent l’engrais (maïs, coton et riz) sont presque à maturité. Actuellement dans les champs c’est le soja et le haricot. Donc j’ai du mal à comprendre. Peut être pour le maïs de la petite saison au sud. Dans ce cas, ce serait discriminatoire. Pour moi il faut garder cet argent pour subventionner l’engrais l’année prochaine.
8.dotation additionnelle de la subvention aux produits pétroliers de 30 milliards de FCFA pour la porter à 37,8 milliards de FCFA, afin de poursuivre le soutien de l’Etat à la flambée des prix des produits pétroliers induits par la situation géopolitique au plan international et la hausse du cours du dollar.
Le seul bénéfice de cette bonne mesure sera que le prix de l’essence baisse dès le mois d’octobre, sinon ça ne voudrait rien dire aux populations.
9. dotation additionnelle de la subvention au gaz domestique de 7,7 milliards de FCFA pour la porter à 9,3 milliards de FCFA afin de continuer à soutenir les ménages,. Idem, si le gaz revient à l’ancien prix début octobre, on applaudira. Sinon, le tir sera non observé.
10. poursuite de l’application des mesures fiscales prises en faveur du secteur privé dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Normalement l’état d’urgence sanitaire prend fin le 15 septembre 2022. Sauf à le renouveler, cette dernière mesure va devenir non opérationnelle.
Conclusion
Il faut tout de même féliciter le gouvernement par ces gestes. C’est la preuve qu’il a conscience que la situation est très difficile. C’est déjà ça.
Par contre, tant qu’il n’y a pas de revalorisation du Smig, seuls les fonctionnaires vont réellement bénéficier de ces mesures, sauf si les prix du carburant et gaz baissent des le mois d’octobre. Comme je l’ai précédemment dit, même la revalorisation du Smig ne baissera pas la pauvreté, par contre la baisse du prix des produits de première nécessité (essence, gaz et péage) si. La solution réside dans la création des emplois. L’a fait recusciter des entreprises comme Ceco, et ériger des super champions dans notre économie. Le potentiel est là.
Par ailleurs, toutes ces mesures ont un coût. Je déteste cette façon que le gouvernement a de toujours présenter le nombre de milliards que chaque mesure représente. On n’a pas besoin de dire au peuple qu’on fait des efforts pour lui car le gouvernement est au service du peuple. Mais bref. Tout ces milliards, il va falloir les trouver quelque part et il faut un collectif budgétaire. Comment le gouvernement peut il mettre en œuvre toutes ces mesures sans ce collectif ? Je suis bien curieux de voir comment cela se mettra en place.
Voilà, l’article est long mais il s’agit d’un décryptage. Les fonctionnaires et les élèves seront les premiers bénéficiaires de ces mesures, mais Novissi nous a laissé un goût amer. On va regarder venir.
Dites moi ce que vous pensez de toutes ces mesures. Quelles sont les mesures que vous auriez prises si vous étiez à la place du gouvernement ? J’ai déjà fait mes propositions dans une publication précédente.
Commentons vivants.
Gerry Taama