Le Gouvernement togolais, par le truchement du Premier ministre, a reçu, le vendredi 13 novembre dernier, d’importants lots de matériels informatiques. Offerts par le Programme des nations unies pour le développement (Pnud), cet équipement, explique t- on, donne un coup d’accélérateur à la politique de la digitalisation initiée par le nouveau gouvernement. Un geste salutaire mais non moins sans conséquence.
Coup de pouce à la politique de digitalisation
Réceptionné par Victoire Tomegah-Dogbe des mains du Représentant-résident de l’organisation onusienne au Togo, Aliou Dia, ce lot est composé des équipements de visioconférence modernes. D’une valeur de 110 millions FCFA, le lot est, de façon détaillée composé des écrans tactiles, des caméras pour visioconférence, double micro d’extension, des claviers et souris et supports mobiles pour écran. Ces matériels viennent ainsi compléter ceux déjà mis à disposition du gouvernement en mai 2020, composés de trois écrans, deux caméras, deux ordinateurs portables, et 55 licences Zoom.
Cette démarche, explique le donateur, constitue un appui essentiel à l’administration togolaise, tournée vers la modernisation axée sur une transition numérique et digitale. «Nous répondons à cet appel du gouvernement sur la digitalisation de toutes les procédures »,a expliqué Aliou Dia. «Je voudrais vous remercier pour le geste que vous posez à travers la remise de ces matériels et équipements de visioconférence. Ce lot de matériels va contribuer à améliorer le travail collaboratif au sein de l’administration togolaise, mais aussi va permettre de rendre beaucoup plus disponible l’information, pour accroître l’efficacité de notre administration», poursuit, pour sa part, Victoire Tomegah-Dogbe.
Après réception, les équipements seront mis à la disposition des départements ministériels et institutions de la République, qui ont été conséquemment invités par le Premier ministre à en faire un bon usage.
Les risques d’une politique de mains tendues
Si le geste en soi est altruiste et salutaire, il peut également constituer un danger pour l’État. En effet dans un contexte marqué par les défis et enjeux sécuritaires, nombreuses sont les États et institutions qui sont victimes de nos jours d’espionnage et de piratage de leurs données stratégiques à des fins inavouées. L’exemple de l’Union africaine dont le siège est construit par la Chine est illustrateur avec des rumeurs d’espionnage. Plus proche de nous au Togo, le siège du Parlement a été construit par la Chine. Il en est de même pour la nouvelle présidence qui porte également la griffe de la Chine.
Même s’il s’avère difficile d’attester les allégations d’espionnage, il n’est tout de même pas exclu que cela soit une évidence. Une évidence encore plus probable dans un monde guidé par la géopolitique et les intérêts. Les États-Unis, la Chine et la Russie vivent, au quotidien, cette triste réalité, tout en œuvrant techniquement à la contrecarrer. C’est justement là tout le risque encouru par nos États faibles comme le Togo qui, faute d’une hypothétique politique de la main tendue, s’exposent à tous les aléas géopolitiques, sans être en mesure de les déjouer techniquement.
Vigilance et méfiance…
On ne refuse pas un don, dit-on. Mais au regard du risque encouru, il paraît hasardeux aujourd’hui, dans un monde de haute technologie, de se satisfaire des dons de matériels informatiques, des organismes internationaux alors que le Togo pouvait investir ses propres moyens à ce effet. Et c’est là encore qu’on découvre les conséquences de l’impunité quand on se rend compte qu’on organise une réception fanfare pour du matériel de 110 millions pendant qu’une ministre réussi, elle, à détourner impunément 567 millions en 14 mois, ou encore 500 milliards par un réseau de magouilleurs dans le seul Petrolgate. Une affaire où le chef suprême de la nation a du mal à punir les prébendiers jusqu’ici. Des ressources qui pouvaient servir à des investissements salutaires comme celui-ci pour non seulement protéger l’intégrité territoriale du pays, mais aussi contrecarrer toute probable cybercriminalité dont il est exposé à travers ces dons de matériels informatiques. Au-delà, ceci repose la question de la privatisation de la nationale des télécommunications. Dans un monde où l’espionnage passe essentiellement par le digital.
Certes la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh), l’Université de Lomé, les institutions de la République, les ministères, directions généraux et centraux de l’administration publique seront bien équipées pour répondre aux exigences de la politique de la digitalisation. Mais elles ne sont pas également à l’abri de risques d’espionnages de données sensibles à d’autres fins. D’où la nécessité pour le Gouvernement Dogbe de rester vigilant dans sa politique de mains tendues.
Source : Fraternité