Lorsqu’au mois de mai dernier, je lis cette interview dan les colonnes de jeune afrique, où notre ministre dit que la Cedeao ne peut pas ignorer les clameurs populaires qui soutiennent les régimes militaires, les bras m’en tombent. Qu’un ministre malien ou burkinabe tienne de tels propos, qu’a cela ne tienne, mais un Togolais, ça le fout mal. Pourquoi? parce qu’au delà de tout ce qu’on peut reprocher à notre système politique, nous avons un président élu au suffrage universel, avec des élections présidentielles organisées tous les cinq ans.
Le socle de notre démocratie est le respect des institutions et un ministre appartenant à un gouvernement issu d’une élection ne devrait trouver aucune justification à un coup de force militaire. C’est ma position depuis le début. Mais qu’à cela ne tienne, je me suis dit qu’une telle déclaration visait à amadouer les militaires putschistes en vue de négociations ultérieures. C’était peut être une opération concertée avec la Cedeao, pour passer pour le gentil.
Le “Lomé Peace and Security Forum” (Forum de Lomé sur la paix et la sécurité) axé sur « comment renforcer des transitions vers la gouvernance démocratique en Afrique » qui s’est tenu du 29 au 21 octobre 2023 à Lomé est venu me renforcer dans mon incompréhension. En vérité, même si une dizaine de délégations étaient présentes à Lomé, c’est beaucoup plus les Burkinabès, les Maliens et les Nigeriens qui se sont fait entendre. Et trois choses m’ont particulièrement gênées dans leurs déclarations.
– la première c’est l’attaque en règle de presque tous les intervenants contre la Cedeao. Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes toujours membres de la Cedeao.
-le second, ce sont les justificatifs des coups d’état. Ne nous dites pas que la cause de coups d’états est la gouvernance politique et vous le clamez dans un pays qui justement, comme je l’ai dit plus haut, organise régulièrement des élections. Ce sommet aurait tenu au Mali ou au Burkina Faso qu’il aurait fait sens.
– pour finir, j’ai été horrifié que le général Toumba dise que si la Cedeao tentait une opération, ça sera le cadavre de Bazoum qu’elle trouvera. Il y’a un minimum de décence à devoir à un président élu dans son pays. Comment les autres pays de la Cedeao peuvent comprendre ces propos tenus par les putschistes Nigeriens, au moment où ils sont sous sanctions de l’organisation sous régionale ?
Donc, je ne comprends pas notre ministre des affaires étrangères. Peut-on être un ministre appartenant a un gouvernement issu d’une élection et trouver de la justification à des coups de force militaire ? C’est ce que je ne comprends pas.
De mon point de vue, cette position est différente de celle du président de la république qui s’est toujours montré solidaire avec la Cedeao, avec une recherche permanente du dialogue. C’est ce pragmatisme qui a permis de faciliter la libération des 49 militaires ivoiriens. Mais entre prôner le dialogue et laisser les régimes putschistes seriner leur griefs contre la Cedeao, il y a une ligne que notre président n’a jamais franchie.
Le vrai problème du panafricanisme made by notre ministre des affaires étrangères, c’est que ça ne prend pas encore localement. Ça reste un panafricanisme éclectique, alors que dans les pays des juntes, il s’agit d’un panafricanisme populaire, relayé par la rue africaine.
Quel est l’objectif de ce grand écart ? Je ne saurai le dire. La seule conséquence directe de ce forum, c’est de tendre les relations entre notre pays et la Cedeao. Mais je n’ai pas de grandes craintes de ce côté là. La Cedeao est morte et enterrée depuis un moment.
Que pensez vous du panafricanisme de notre ministre des affaires étrangères ? Ceci va nous amener où ? Vos avis m’intéressent.
Débattons vivants.
Gerry