«Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes » (Rosa Luxembourg)
Dans un univers de démocratie et d’alternance, le Togo devient de plus en plus seul, un pays qui se singularise par sa dictature rampante, objet de curiosité sur le continent et dans le monde. Le Burkina Faso, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, le Sénégal, etc. avancent, enregistrent des avancées démocratiques. Seul le Togo des Gnassingbé nage à contre-courant du vaste mouvement démocratique mondial et fait figure de cancre de la classe. Un pays pourtant destiné à être l’or de l’humanité, mais que le clan Gnassingbé, après 50 ans de règne, a transformé en un orphelinat de l’humanité.
Le Togo est pour l’Afrique de l’Ouest ce qu’est la Corée du Nord pour l’Asie orientale, l’Erythrée pour la Corne de l’Afrique. Justement, notre pays est classé la deuxième dictature au monde derrière la Corée du Nord. Une triste performance dont semble se satisfaire le jeune président Faure Gnassingbé. C’est exceptionnel, ce qui se passe dans ce petit pays.
Tout est fait pour conserver indéfiniment le pouvoir. Les règles universelles du jeu démocratique reconnues par toutes les nations sont foulées aux pieds dans notre pays. On ne cessera de le répéter, le Togo est aujourd’hui le seul pays dans la communauté UEMOA qui rassemble huit pays francophones à ne pas avoir de limitation du mandat présidentiel, le seul pays dans la région ouest-africaine à ne pas opter pour une élection présidentielle à deux tours, le seul Etat à ne pas réaliser la décentralisation de ses institutions locales, le seul pays à ne pas posséder des règles électorales universelles, consensuelles, comme le préconisent les dispositions pertinentes du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Bref, un pays régi depuis de nombreuses années par un statu quo politique et institutionnel, une situation qui n’est pas près de changer de si tôt puisque Faure Gnassingbé se refuse à opérer les réformes politiques et use de tous les moyens pour s’éterniser au pouvoir et empêcher le Togo d’entrer dans le concert des nations démocratiques.
« Il faut reconnaitre au Sénégal, au Bénin, au Mali la prouesse d’avoir réussi à mettre en application l’idéal de l’alternance politique avec au moins 3 présidents qui se sont succédé entre 1990 et 2015. Toutefois, le Togo est dans une démocratie de façade avec un seul parti qui détient le pouvoir où l’alternance politique a été empêchée pendant plus de décennies », lit-on sur le site Imani Francophone.
Au Bénin voisin, Boni Yayi s’en va après deux mandats comme le stipule la constitution. En « Absurdistan » Togolais, Faure Gnassingbé s’accroche de toutes ses forces au pouvoir, malgré plus de 10 ans calamiteux au pouvoir. Combiné au régné de son défunt père, le tyran sanguinaire Eyadema Gnassingbé, cela fait plus 48 ans que la famille Gnassingbé régente le Togo | Caricature : Donisen Donald / Liberté
Au Bénin voisin, Boni Yayi s’en va après deux mandats comme le stipule la constitution. En « Absurdistan » Togolais, Faure Gnassingbé s’accroche de toutes ses forces au pouvoir, malgré plus de 10 ans calamiteux au pouvoir. Combinés aux 38 ans de règne de son défunt père, le tyran sanguinaire Eyadema Gnassingbé, cela fait plus 48 ans que la famille Gnassingbé régente le Togo | Caricature : Donisen Donald / Liberté
Mais il faut continuer à entretenir la flamme de l’espoir. Comme le rappelle ce compatriote, « il est sociologiquement et historiquement impensable que cette singularité perdure. Tôt ou tard, le Togo se fera absorber par l’effet ventouse des aspirations démocratiques des peuples. Telles des forces gravitationnelles, ces énergies qui se libèrent à nos frontières entraineront des secousses très puissantes auxquelles ne pourront pas résister les Gnassingbé ».
Mais les Togolais ne doivent compter que sur eux-mêmes pour conquérir leur liberté. D’autres peuples ont déjà montré la voie à suivre. On connaît déjà la position de la fameuse communauté internationale, l’ONU, la France, qui s’étaient précipitées pour saluer la mascarade électorale du 25 avril 2015 comme « une élection juste, démocratique et transparente » malgré les conditions rocambolesques dans lesquelles les résultats ont été proclamés. Une communauté internationale qui a pris fait et cause pour la dictature. Les Togolais ont donc leur destin entre leurs mains.
Source : [09/03/2016] Médard Ametepe, Liberté