Dans une longue interview accordée le 2 décembre au journal Le Nouveau Reporter, le président du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur, M. Kodzovi ATITSO, a tenté de vanter les mérites de son organisme et de définir le périmètre d’intervention de cette structure. Pour vérifier si le discours correspond à la réalité, nous avons analysé les actes concrets du HCTE en dix-huit mois d’existence.
Le Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE), refait parler de lui par le biais d’une longue interview de son président Kodzovi ATITSO[i], accordée à l’organe de presse Le Nouveau Reporter, publiée le 2 décembre.
L’exercice de communication livré par M. Kodzovi ATITSO, à première vue séduisant pour un non-connaisseur des arcanes du pouvoir RPT/UNIR de Faure Gnassingbé, ne résiste pas à une mise en perspective des premiers hauts faits d’armes du HCTE, à l’occasion de l’élection présidentielle togolaise. L’organisme apparaît alors pour ce qu’il est, une structure étatique non-indépendante, un instrument au service du pouvoir RPT/UNIR de Faure Gnassingbé.
LE FIASCO DU HCTE DANS LA PRÉPARATION DU VOTE DE LA DIASPORA TOGOLAISE A L’ELECTION PRESIDENTIELLE DU 22 FÉVRIER 2020.
Créé le 2 juillet 2019 à Lomé, le HCTE placé sous l’autorité directe du Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur, a suscité au moment de sa création de nombreuses controverses au sein de la diaspora togolaise éparpillée sur les cinq continents, par le fait qu’il ne s’agit pas d’une structure indépendante. Elle dépend de la volonté unilatérale du ministre.
Le HCTE avait été considéré à l’époque par de nombreuses organisations de la diaspora togolaise comme un organisme destiné à renforcer les liens entre sympathisants du Parti UNIR dans la diaspora[ii]. La démonstration de l’inféodation du HCTE au pouvoir RPT/UNIR n’a pas tardé à trouver une illustration lorsqu’il s’est agi de préparer l’organisation du vote de la diaspora togolaise dans la perspective de l’élection présidentielle du 22 février 2020.
Le HCTE a participé sciemment à la discrimination des Togolais de la Diaspora, considérant ceux-ci dans le meilleur des cas comme des sous-citoyens, au pire pour l’immense majorité d’entre eux, comme de véritables zombies condamnés à l’errance éternelle hors les lois de la République, par leur exclusion du système électoral et du jeu démocratique. Par son refus systématique de recenser les 2,3 millions de citoyens de la diaspora, le pouvoir de Faure Gnassingbé a délibérément choisi de permettre uniquement le vote des citoyens togolais susceptibles de voter en sa faveur. Seuls ont pu voter les Togolais résidant dans six pays et uniquement dans les capitales de ceux-ci, à savoir la France, les Etats-Unis, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Nigeria et le Maroc… Autrement dit, les citoyens de la diaspora togolaise vivant au Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Allemagne, Belgique, Italie, Autriche, Canada…, et dans tant d’autres pays, ont été de facto exclus du vote.[iii]
Ce subtil processus de discrimination fut renforcé par les démarches à accomplir pour participer au vote qui s’apparentaient à un insurmontable parcours d’obstacles. Le pouvoir togolais exigeait la présence sur une liste électorale, ce qui est la règle en démocratie. Encore aurait-il fallu que cette liste générale ne fût pas obsolète car, incomplète, pervertie, altérée et passablement viciée. Le gouvernement a octroyé seulement trois jours faut-il le rappeler pour procéder à la révision de la liste électorale, en pleine période de préparatifs des festivités de fin d’année, entre le 29 novembre et le 1er décembre 2019. Une gageure qui permet d’estimer que moins de 5 % de la population a pu s’inscrire.
La délivrance de la carte d’électeur, fut subordonnée à la possession et à la présentation d’une carte consulaire ayant six mois de validité, d’une carte d’identité et souvent de manière cumulative, d’un passeport en cours de validité. En sachant que dans le passé la carte consulaire a été très parcimonieusement octroyée aux citoyens togolais de la diaspora, de manière très sélective, à savoir celles et ceux auxquels le système de Faure Gnassingbé avait bien voulu l’accorder.
En sus du déni de recensement, le fait même d’exiger la présentation cumulative de tous ces documents a permis d’exclure les Togolais et Togolaises de l’extérieur susceptibles de ne pas voter en faveur du pouvoir. Le cas de l’Allemagne est patent alors qu’y réside un nombre important de citoyens togolais qui furent exclus du scrutin.
A la fin du processus préparatoire ponctué par ces manœuvres dilatoires, sur 2,3 millions de citoyens de la diaspora, seuls 348 citoyens togolais ont pu s’inscrire sur les listes électorales dans les six pays retenus. En France, ils ne furent que 28 sur plus de 9300 Togolais à avoir obtenu une carte d’électeur.
Pour parfaire ces conditions iniques le ministre des affaires étrangères, Robert Dussey, qui avait préalablement « invité la Diaspora à se réunir autour des valeurs républicaines d’unité, de paix, de fraternité »[iv] a mis en place les commissions électorales d’Ambassades indépendantes (CEAI). Il est permis d’imaginer comment ses représentants, choisis au sein du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE), la plupart affidés du régime, ont pu à loisir se livrer à un jeu d’influence, orienter et s’assurer que les votes de la diaspora togolaise alignée puissent massivement octroyer une victoire à leur candidat désigné par le RPT/UNIR.
Le HCTE est resté muet durant tout le processus. Il n’a pas émis la moindre remarque ou revendication en faveur de l’organisation pour la diaspora, d’un système électoral reposant sur les règles élémentaires d’une démocratie. Le HCTE a entériné les pires manœuvres du pouvoir de tutelle auquel il est soumis, lequel a institutionnalisé un système de discrimination à l’égard de la diaspora en ne permettant de voter qu’à la partie de la diaspora togolaise acquise à la cause du système RPT/UNIR.
M. Kodzovi ATITSO, président du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur
Après avoir cautionné un tel déni de démocratie, qui peut encore prendre au sérieux les capacités revendiquées par le HCTE en matière d’influence et d’organisation ? A l’aune de ces premiers faits d’armes, la récente interview du président du HCTE, M. Kodzovi ATITSO, prend un autre relief.
LE HCTE SERVITEUR FIDÈLE DU RPT/UNIR ET DE FAURE GNASSINGBÉ ?
L’interview du président Kodzovi ATITSO, homme d’affaires togolais établi en Côte d’Ivoire, semble confirmer que le HCTE reste une organisation bien ancrée dans la mouvance présidentielle, une courroie de transmission de la pensée unique RPT/UNIR auprès de la diaspora togolaise.
Interrogé sur sa visite à la nouvelle Première Ministre du Togo, dernier hochet de Faure Gnassingbé pour tenter de faire croire à la ‘modernité’ de son action politique, Kodzovi ATITSO, éclaire sur ses intentions et sur les dispositions morales du HCTE : « Après la nomination de Madame Victoire TOMEGAH DOGBE au poste de premier ministre, il était de notre devoir d’aller la saluer et la féliciter de vive voix. Juste après sa nomination, Madame le Premier Ministre a prononcé à l’Assemblée Nationale un discours de politique générale que la diaspora togolaise a suivi avec beaucoup d’intérêt. Nous avons profité donc de cette audience pour lui exprimer la disponibilité du HCTE à accompagner le projet de société de son gouvernement axé sur le Plan national de développement, un programme ambitieux et volontariste. C’était également l’occasion pour nous de renouveler au gouvernement et au Chef de l’État notre soutien pour la politique de promotion de valeurs et du genre mise en œuvre au Togo. »
Ainsi donc le président du HCTE, agissant au nom de la diaspora, n’éprouve la moindre gêne à féliciterMadame Victoire TOMEGAH DOGBE, qui lorsqu’elle fut Ministre du développement à la base, s’est employée à dilapider l’argent public. Elle est devenue la spécialiste, en plein 21ème siècle, des séances de distribution de houes, de coupe-coupe, et de dabas. Une manière d’illustrer le « ruissellement à minima » sur le peuple de la politique prédatrice de Faure Gnassingbé, lequel serait selon M. Kodzovi ATITSO, en train de promouvoir au Togo « une politique de promotion de valeurs et du genre ». M. Kodzovi ATITSO a simplement omis de préciser que pour Faure Gnassingbé la promotion de valeurs s’applique exclusivement à lui-même, au clan qu’il dirige et à la camarilla qui l’entoure.
Les Togolais n’ont pas la mémoire courte. Les Togolais se souviennent du népotisme de « Madame Victoire » dans ses différentes fonctions, tant ministérielles que comme conseillère à la présidence de la République. Les Togolais se souviennent des défaites de « Madame Victoire » sur le plan de son action ministérielle, des échecs patents pour l’emploi des jeunes des différents programmes mis en œuvre, ANVT, PROVONAT, ANPE, offrant des emplois précaires, rémunérés à minima, humiliants et sans lendemain. Les Togolais se souviennent des milliards de francs CFA octroyés, sans aucune stratégie efficace par le FNFI, (Fonds national de finances inclusives). Les Togolais, du nord au sud, se souviennent des marchés fantômes construits à coup de millions qui pour diverses raisons ne sont pas fréquentés par les populations, ou mieux sont boycottés. Les Togolais se souviennent du Programme d’Urgence du développement communautaire, (PDUC) devenu vache à lait au service de la fratrie Dogbé, illustration parfaite du népotisme, avec la propre fille de Victoire Tomegah-Dogbé propulsée à la responsabilité d’organiser le partenariat avec le PNUD. Sans que l’organisme de l’ONU, sollicité pour amener de l’argent, ne décèle ni ne dénonce le moindre conflit d’intérêt.
Avec un tel palmarès à son actif, tous les Togolais se souviennent de « Madame Victoire » comme une prédatrice de haut-vol. Tous sauf un : M. Kodzovi ATITSO, président du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur !
Quant au Programme National de Développement (PND) vanté par M. Kodzovi ATITSO, comment peut-il apprécier positivement et tresser des lauriers à un programme qui évacue la sécurité sanitaire, le droit à l’éducation pour tous, les opportunités de trouver un emploi décent accompagné d’un salaire décent, le pouvoir d’achat et la possibilité pour chacun d’entreprendre librement ? A ceci près qu’il ne s’agit pas d’un oubli du pouvoir RPT/UNIR lorsque sa politique sert les intérêts exclusifs d’un petit nombre, lui-même instrumentalisé par des forces politiques et économiques souvent externes. L’intérêt collectif du peuple togolais n’est pas l’objectif du PND togolais qui n’a pas fait l’objet d’une approche participative, et n’a donc pu recevoir l’adhésion des citoyens. Il ne contient aucun véritable projet d’amélioration des conditions de vie en direction des populations les plus défavorisées.
HCTE, Une et article du Journal Liberté du 2 septembre 2019 : Malgré les démissions pour faute de transparence, Rober Dussey persiste dans le vice
LE HCTE EN SERVICE COMMANDÉ POUR TENTER D’ATTIRER LES INVESTISSEURS ?
Il semble que M. Kodzovi ATITSO, ait choisi de demander à la diaspora togolaise une contribution pour la réussite des politiques de développement mises en place par le gouvernement en appelant à « la mobilisation des investissements, des compétences et savoir-faire des Togolais de l’Extérieur, » …
Quel togolais peut rester insensible aux intentions relatives à l’amélioration des capacités de développement personnel ainsi qu’au développement collectif de la nation togolaise ? Il reste à connaître à quel type de développement pense le président du HCTE ? Une interrogation qui semble fondée en regard faut-il le rappeler de la contribution de la diaspora togolaise qui envoie chaque année plus de 402 millions de dollars des Etats-Unis vers le Togo[v]. La diaspora compense déjà très largement les défaillances de la gouvernance de prédation du RPT/UNIR et les inégalités flagrantes dues à l’extrême pauvreté qui en découlent.
Pendant ce temps la bourgeoisie compradore qui domine l’économie togolaise par le biais de la corruption, de la prévarication et du trafic d’influence, s’adonne aux délices d’une criminalité en col blanc qui ne cesse d’augmenter au Togo en toute impunité, grâce à la protection ouvertement affichée d’une justice au service exclusif du pouvoir. En témoigne l’affaire judiciaire du Pétrolegate qui a mis en évidence le détournement illicite de 500 milliards de FCFA (764 millions d’euros), ainsi que les 20 milliards de FCFA (30,5 millions d’euros) d’évasion fiscale soustraits du budget de l’Etat togolais, à cause des déclarations fiscales abusives en matière d’impôt sur les sociétés fournies par les opérateurs économiques,révélés par la publication en novembre 2020 du rapport « Justice fiscale : état des lieux 2020 – La justice fiscale à l’ère du COVID-19 »[vi].
L’affaire Pétrolegate illustre en grandeur nature la « politique de promotion de valeurs et du genre » de Faure Gnassingbé dont M. Kodzovi ATITSO se satisfait béatement.
Au moment de la révélation du dossier Pétrolegate un vent de panique a soufflé au sein des cercles dirigeants du Togo, qui a conduit le gouvernement à se saisir lui-même de l’affaire et commanditer un audit du système de commande des produits pétroliers à la pompe placé sous la responsabilité de l’Inspection générale des finances (IGF). Six mois après, depuis le 9 juin date de révélation de l’affaire, officiellement, les résultats n’ont pas été rendus publics et ne le seront sans doute jamais. Même constat pour l’enquête menée par la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées, et celle de l’Assemblée nationale.
En conséquence, sur la foi des preuves contenues dans l’article Pétrolegate, au lieu de diligenter une enquête contradictoire indépendante et traduire en justice tous les prévaricateurs mis en cause, membres du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP), c’est, in fine, Ferdinand Ayité rédacteur en chef de L’Alternative et auteur de l’articleet son journal, qui ont été condamnés. Le tribunal de première instance de Lomé, sur requête de Francis Adjakly et son fils Fabrice Adjakly, principaux mis en cause, a condamné le 4 novembre pour diffamation Ferdinand Ayité et L’Alternative, à une amende de 4 millions de FCFA (6100 €euros). Lesquels ont aussitôt interjeté appel de la décision.
Ceci illustre le respect des droits humains, parmi lesquels la liberté d’informer, « à la manière » du RPT/UNIR et de Faure Gnassingbé.
Ferdinand Ayité et L’Alternative ont reçu de nombreux soutiens tant au plan national qu’international. En défense de la liberté d’opinion et de la liberté d’informer pour la presse, nous apportons ici le nôtre sans restriction.
A la lumièrede ces faits, peut-on considérer de bonne foi les déclarations du président du HCTE M. Kodzovi ATITSO relatives à « la mobilisation des investissements, des compétences et savoir faire des Togolais de l’Extérieur… » et aux chances de réussite des « conférences de sensibilisation et d’incitation aux investissements au Togo par vidéo-conférence, au cours desquelles nous présenterons le tableau des réformes administratives, organisationnelles et institutionnelles, ainsi que les avantages liés au secteur des affaires du Togo. »
Il est vrai que l’impunité dont jouissent les affairistes au Togo, pourrait en séduire certains, mais il ne faudra pas chercher du côté des honnêtes citoyens de la diaspora, mais plutôt des entreprises multinationales, assurées à travers les exemples cités de jouir de la plus totale impunité.
HCTE, Une du journal Waraa du 24 juillet 2019,
Campagne d’intoxication contre le HCTE, Robert Dussey réexplique la vision du gouvernement
LE HCTE PEUT-IL DEVENIR CREDIBILE AU SEIN DE LA DIASPORA TOGOLAISE ?
Ce qui importe pour être crédible c’est d’obtenir des résultats.
De quel bilan peut se prévaloir le HCTE présidé par M. Kodzovi ATITSO, après un an et demi d’existence ? Selon le président le bilan se décline ainsi : « des Webinaires pour faire mieux connaître le HCTE à la diaspora togolaise à travers le monde… Dénouement de la situation de nos compatriotes dans certains pays en crise comme le Liban et avons volé au secours des Étudiants togolais en Wuhan en Chine foyer de départ de la Covid-19 ; sans oublier nos compatriotes largués dans le désert du KOWEIT. Nous avons porté assistance à une soixantaine d’étudiants en provenance d’Arabie Saoudite en transit à Abidjan. » Rien de transcendant dans tout cela, sinon que le HCTE a agi comme une sorte d’annexe technique du Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur.Et ce ne sont pas les 10 000 bavettes que « le HCTE vient d’offrir pour soutenir les couches vulnérables et défavorisées du Togo » qui vont permettre de redorer son blason.
Lorsque M. ATITSO précise « Nous sommes en contact avec notre ministère de tutelle pour trouver un local qui doit faire office de siège du HCTE. », cela montre quel niveau de considérationle gouvernement togolais accorde aux Togolais de l’Extérieur. Même pas un local dans la capitale pour servir de siège au HCTE dix-huit mois après sa création. Dont acte !
Questionné surles moyens financiers alloués pour réussir sa missionM. ATITSO n’est guère plus convaincant. Il avoue être obligé de mener « un intense plaidoyer auprès du gouvernement pour qu’au prochain exercice budgétaire on puisse avoir un peu de moyens pour renforcer l’action du HCTE ». S’il est obligé de mener un « intense plaidoyer » faut-il en déduire que le gouvernement se montre réticent à mettre la main à la poche ? Mais M. ATITSO s’empresse aussitôt de dédouaner le gouvernement lorsqu’il assène « nous sommes aussi conscients que les questions financières parfois créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. » Tiens donc !
Au détour d’une phrase sibylline il ajoute « Dans une association, on fonctionne avec des subventions mais surtout avec l’apport des membres. C’est aussi une sensibilisation que nous menons auprès de nos délégués ». Le président du HCTE laisserait-il ainsi entrevoir qu’il n’y a pas grand-chose à attendre du côté de la primature et du ministère de tutelle et que l’on va mettre encore à contributionla diaspora pour donner des moyens au HCTE ? A moins que probablement il ne soit en dernier ressort obligé d’aller tendre la sébile du côté du PNUD ou de l’Union Européenne, pour obtenir quelques subsides.
Le plaidoyer du président du HCTE en faveur de l’avenir de son institution et surtout la possibilité d’en faire un instrument neutre et impartial au service exclusif des citoyens, ne semble pas davantage convaincant. En témoigne sa réponse sur les garanties d’indépendance et d’inclusion de son institution« Tout ne peut pas et ne doit pas être politisé ou polarisé. Il y a des centaines de milliers de Togolais qui vivent ailleurs que sur la terre de nos aïeux. Et ils souhaitent participer d’une manière ou d’une autre à la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays. La question du droit de vote a été réglée récemment. » Autrement dit on peut discuter de tout sauf de politique et surtout pas de celle qui règne au Togo depuis 54 ans au service exclusif d’un clan.
Il serait absurde de nier que le pouvoir RPT/UNIR compte des partisans dans cette diaspora. Mais en tenant compte des conditions et des motifs d’expatriation de centaines de milliers de togolais comme conséquence directe ou indirecte de la politique dictatoriale ou autocratique, c’est selon, menée depuis plus de 50 ans au Togo, il est permis de douter que les affidés du RPT/UNIR soient majoritaires.
Mais il y a plus grave. Si M. Kodzovi ATITSO est de bonne foi quand il considère que « la question du droit de vote a été réglée » alors que sur 2,3 millions de citoyens estimés que compte la diaspora, 348 citoyens togolais seulement ont pu s’inscrire sur les listes électorales, cela indique qu’il ne connaît rien de la motivation majoritaire réelle des millions de citoyens qui composent la diaspora togolaise présente sur les cinq continents. M. Kodzovi ATITSO donne ici l’impression d’être hors-sol, très éloigné de la réalité.
Cette assertion ne semble pas de nature à établir des relations de confiance et à dissiper les doutes de millions de citoyens de la diaspora quant à la neutralité du HCTE, son impartialité, la volonté du pouvoir d’en faire un instrument réellement indépendant et inclusif au service des citoyens expatriés.
S’il y avait une recommandation à faire à Monsieur Kodzovi ATITSO pour donner du crédit au HCTE, ce serait de donner la priorité au recensement immédiat de la diaspora et de commencer les travaux, dans la transparence absolue, en obtenant les moyens adéquats pour engager ce chantier, de prouver son indépendance à l’égard d’un pouvoir dictatorial de plus de 54 ans !
A défaut la suspicion et la méfiance règneront encore longtemps. FF
5 décembre 2020
© François Fabregat-2020