Personne ne peut démantir le fait que les Togolais traversent, depuis quelques années, une chronique situation de misère. Tout le monde crie au scandale à cause de la cherté de la vie. Alors que la bourse de la majorité des Togolais est aux abois parce que ne pouvant plus supporter les prix des denrées alimentaires et de premières nécessités qui ont accrus de manière exponentielle sur les marchés, le gouvernement, lui, compte-tenu de certaines raisons, vient de revoir à la hausse, le mardi 29 mars 2022, le prix des produits pétroliers à la pompe. Pour s’expliquer, il a organisé dans la mi-journée du mardi, une conférence de presse animée par le ministre de la Communication et des Médias, Prof Akodah Ayewouadan, ses collègues du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale Kodjo Adedze et des Transports routiers, aériens et ferroviaires Affoh Atcha-Dedji.
Le Super sans plomb connaît une augmentation de 17,8%, passant de 505 FCFA à 595 FCFA désormais (une hausse de 90 Fen nominal). Le gasoil connaît quant à lui, une augmentation de 16%, grimpant de 520 FCFA précédemment à 605 FCFA (+ 85 Fcfa). S’agissant du mélangedeux-temps, son prix passe de 606 FCFA à 690 FCFA, en hausse de 13,8% (ou encore de 84 FCFA, en nominal). La hausse la plus importante touche le pétrole lampant, dont le prix du litre monte de 37%, passant de 400 FCFA à 550 FCFA (une augmentation de 150 francs CFA). Selon les trois ministres, un « nouvel environnement économique mondial » et la « guerre Hausse du prix des produits pétroliers Les garanties du gouvernement pour alléger la misère des Togolais en Ukraine », sont les deux raisons principales de cette hausse des prix. Ces deux facteurs combinés ont entrainé une flambée des prix sur le marché international. Le baril, ont rappelé les officiels, était à 18 dollars en 2018. Mais il est progressivement monté et s’établit à presque 120 dollars aujourd’hui. « On n’a pas d’autre choix que d’indexer les prix, mais de façon intelligente », a indiqué Kodjo Adedze. A l’en croire, le maintien des prix en l’état – malgré la montée des coûts du baril sur le marché international – jusqu’à cette nouvelle hausse plombe le budget de l’Etat et, ce sont environ 100 milliards de FCFA qui auront été investis en guise de subvention des prix à la pompe depuis 2018. « Si nous continuons sur cette lancée, nous allons nous retrouver dans une situation de rupture », a-t-il fait observer, relevant également que les prix pratiqués depuis ce mardi auraient pu être plus élevés sans subvention de l’Etat, le super sans plomb, le gas-oil, le mélange 2 temps et le pétrole lampant auraient pu être vendus « au-delà de 800 F».
La subvention de ces produits coûterait entre 50 et 60 milliards FCFA au Togo par an. Les officiels ont informé le parterre de journalistes à cette conférence qu’outre la subvention des produits pétroliers par l’Etat, celui-ci subventionne également des produits de grande consommation, le riz, la farine du blé, le gaz domestique, entre autres. « Il y a une subvention au consommateur sur le secteur farine de blé évaluée aujourd’hui à près de 7 milliards que l’Etat débourse pour que nous puissions avoir la baguette de pain au prix auquel nous l’avons », a indiqué Kodjo Adedze qui précise que pour le secteur du riz, c’est 5 milliards de FCFA de subvention accordée. «Je me suis amusé à calculer, ne serait-ce que pour l’année 2021, l’accompagnement pour que le riz ne grimpe pas : 5 milliards », a-t-il fait savoir, et de souligner le mécanisme par lequel cette subvention s’effectue : « L’Etat a décidé que pour le riz de grande consommation (…) que ce soit le riz local, l’engrais, c’est zéro droit là-dessus, pour permettre la production (…) Le riz importé de grande consommation, TVA 0% pour accompagner ». Le ministre en charge du Commerce a révélé que le gaz domestique bénéficie aussi le soutien de l’Etat pour revenir moins cher aux consommateurs, et de demander aux journalistes ayant des familles au Bénin, par exemple, de demander d’après (le prix de) la bouteille de 12,5 kg. « J’ai demandé à mes services de me dire la facture que j’enverrai à mon collègue des finances pour prendre le différentiel qui nous permet d’avoir la bouteille de 12,5 kg à 6500 au lieu de 9000 ou 10 000 ailleurs, on me tend le document, ça fait 11 milliards », a informé Kodjo Adedze. Parlant de la nouvelle hausse du prix des produits pétroliers à la pompe, M. Kodjo Adedze révèle que le gouvernement a essayé de résister au choc, avant d’informer que nos produits subventionnés s’évaporent vers les pays frontaliers. Desindividus procèdent à l’achat en masse et à l’exportation du carburant subventionné au Togo, ce qui entraine une hausse de la consommation et un épuisement des stocks. Pour des prévisions de deux semaines, ont fait observer les ministres, le stock finit en une semaine voire trois jours seulement. C’est le même phénomène que subiraient les autres produits subventionnés comme le riz, le maïs, etc. Et aux trois officiels d’en appeler à la collaboration des populations pour dénoncer ces pratiques.
Des mesures qui vont suivre
A en croire les officiels, le gouvernement va prendre un train de mesures d’appui, pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens togolais. « Il y aura toute une batterie de mesures de soutien qui vont suivre », ont-ils annoncé avant de préciser que ces mesures sont sur la table du gouvernement, et devraient faire l’objet d’une prochaine communication. Et, en déhors des mécanismes d’appui, l’Etat devrait notamment lutter contre les spéculations et travailler à plafonner certains prix. « Tout en mettant en œuvre de nouvelles mesures pour agir sur les prix, il y aura d’autres éléments additionnels, en matière de contrôle des acteurs commerciaux », a indiqué Kodjo Adedze. « D’ores et déjà, ont tenu à rassurer les membres du gouvernement, les prix des transports ne devraient pas changer. La Taxe sur les véhicules à moteur (TVM) devrait être également réduite pour les véhicules de transports en commun et de marchandises », a ajouté Affoh Atcha-Dedji.
Le Changement N°777 du Jeudi 31 mars 2022