Le Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot) veut mettre fin au phénomène de harcèlement sexuel, voire de viol en milieu de soins. À la faveur du 8 mars 2022, journée internationale des droits de la femme, l’organisation dirigée par le docteur Gilbert Tsolenyanu a officiellement déclaré une guerre sans merci contre les prédateurs sexuels qui opèrent dans le secteur de la santé au Togo.
Il y a quelques semaines, le secrétaire général du Synphot docteur Gilbert Tsolenyanu a soulevé une vive émotion au sein de l’opinion en révélant sur son compte twitter que des actes de harcèlement sexuel et de viol sont commis sur le personnel féminin en poste dans les formations sanitaires de notre pays et sur des étudiantes en formation dans les centres dédiés à la formation de sages femmes, infirmières, médecins etc… Interrogé sur les faits, le premier responsable du Synphot confirme.
Le 8 mars est donc l’occasion bien choisie pour discuter de ce problème, pour y trouver des solutions durables et montrer aux femmes exerçant dans le secteur, qu’elles ne sont pas seules. « Si nous en parlons, c’est que le phénomène est allé trop loin et nous voulons que cela s’arrête. Ces victimes sont menacées et intimidées. On leur dit que personne ne va les croire. Certaines personnes considèrent que le phénomène est aussi vieux que le monde et qu’il ne faut en faire toute une histoire. Mais c’est parce que des proches de ces personnes ne sont concernés, sinon elles ne parleraient pas ainsi », a déclaré docteur Gilbert Tsolenyanu.
« On nous a aussi dit qu’il y a des membres du personnel féminin qui se comportent de manière provoquante. Nous allons aussi les sensibiliser pour des comportements décents. Mais, il faut quand même dire que ce qui nous différencie des animaux, c’est la maîtrise de soi…», a ajouté le Dr Gilbert Tsolenyanu. « Nous allons vraiment éradiquer ce fléau », promet-il. Et pour y faire face efficacement, le Synphot a mis sur pied une cellule d’écoute psychologique, des boîtes à témoignages. Le Synphot prévoit aussi d’envoyer désormais les plaignantes dans un centre spécialisé pour faire des prélèvements et des tests, afin que les coupables ne puissent pas se dérober.
L’organisation promet également d’accompagner les victimes qui souhaitent porter plainte devant la justice. Par ailleurs, le Synphot demande au gouvernement togolais d’adopter la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Dans le préambule de cette Convention, il est dit clairement : « reconnaissant que la violence et le harcèlement dans le monde du travail peuvent constituer une violation des droits humains ou une atteinte à ces droits, et que la violence et le harcèlement mettent en péril l’égalité des chances et sont inacceptables et incompatibles avec le travail décent… ». Le préambule de la Convention 190 stipule à nouveau : « la violence et le harcèlement nuisent à la qualité des services publics et privés et peuvent empêcher des personnes, en particulier des femmes, d’entrer, de rester et de progresser sur le marché du travail. La violence et le harcèlement dans le monde du travail nuisent à la santé psychologique, physique et sexuelle, à la dignité et à l’environnement familial et social de la personne concernée ».
Source : TOGOMATIN N° 1014 DU MERCREDI 09 MARS 2022 (titre changé)