« Pour nous, il n’est pas question de baisser les bras », assure l’opposition
Les manifestations de l’opposition qui devraient commencer hier n’ont pas eu lieu. Les populations ont plutôt assisté à des scènes semblables à celles des périodes de guerre civile. Tôt le matin, des forces de l’ordre et des miliciens armés par le régime RPT/UNIR ont pris d’assaut les différents points de départ des manifestations. A Lomé, on cite les quartiers Tokoin Doumassessé, Atikoumé, Adidogomé, Wonyomé, Sogbossito et Agoè. Ces miliciens ont fait plusieurs blessés. Mais on note également des échauffourées qui ont éclaté dans plusieurs localités du pays dont Lomé, Sokodé et Bafilo.
Dans l’après-midi de cette première journée de manifestation, les responsables de l’opposition ont tenu une conférence de presse et dénoncé les violences exercées sur les populations par les miliciens du régime. « Notre pays le Togo a vécu des moments assez graves en cette journée du 18 octobre 2017. Nous avons lancé un appel à manifester les 18 et 19 octobre dans le cadre de la loi et nous avons accompli les formalités habituelles. C’est alors que nous avons lancé nos manifestations que le gouvernement a cru devoir, à travers les ministres de l’Administration territoriale et de la Sécurité, prendre des mesures de restriction des manifestations en semaine. Ce qui est tout à fait illégal et que nous avons contesté. Nous avons constaté, déjà à 5 heures aux points de départ de la manifestation, que le gouvernement a positionné des forces de l’ordre et de défense, mais aussi des milices. Ces milices ont été beaucoup actives à Tokoin Doumassessé, Atikoumé, Adidogomé, Wonyomé, Sogbossito et Agoè. Nous avons été ahuris de constater que ces milices travaillaient en bonne intelligence avec les forces de l’ordre et de défense. Le régime a montré au monde entier aujourd’hui qu’il a recours à des milices et que c’est lui qui organise en réalité les violences auxquelles nous assistons quand nous appelons à des manifestations », a déclaré Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, présidente de la coalition de l’opposition.
En termes de bilan, l’opposition a déploré que ce qui devrait être une manifestation pacifique a été violemment réprimé, jusqu’à ce qu’il y ait des pertes en vie humaines. « A la fin de cette journée, le bilan provisoire que nous pouvons faire est lourd. Il y a eu deux morts que nous déplorons. Malheureusement, parmi ces morts, il y a un enfant de 11 ans du nom de Zomaké Jojo. Cet élève en classe de 6ème a été abattu alors qu’il allait certainement à la maison à la sortie de l’école. En dehors de ces morts, il y a 20 blessés graves et 39 arrestations. Sokodé à l’air maintenant d’une ville assiégée, tout comme Mango et Bafilo. Nous déplorons ce bilan lourd et nous tenons à présenter nos condoléances aux familles des victimes et souhaitons que les blessés se rétablissent dans les meilleurs délais », ont déploré les responsables de l’opposition. Ce bilan a été complété par celui d’Ouro-Dikpa Tchatikpi du PNP. Le Conseiller de Tikpi Atchadam a indiqué qu’il y a eu entre 4 et 5 morts à Sokodé.
L’opposition a également tenu le gouvernement pour responsable de la situation qui prévaut dans le pays. « Nous constatons que le gouvernement, alors qu’il prétextait la nécessité de laisser les populations vaquer à leurs occupations pour interdire de manière illégale les manifestations en semaine, a tout fait pour que Lomé ait l’air d’une ville morte et nous nous demandons s’il mesure la portée de tout ce que cela représente comme perte pour le pays. Nous nous demandons s’ils se rendent compte que notre pays le Togo ne peut pas continuer à enregistrer des morts tout simplement parce que nous voulons aller vers des lendemains meilleurs. Nous voulons le bien de ce pays, c’est pourquoi nous nous battons », a indiqué Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Malgré les violences et les assassinats, l’opposition ne compte pas reculer. « Vous comprendrez que pour nous, il n’est pas question de baisser les bras. Les populations nous le demandent. A partir de maintenant, on manifeste tous les jours. Malgré tout ce qu’il y a eu comme tentative de nous empêcher de manifester, nous maintenons le mot d’ordre avec les deux points de départ et les mêmes itinéraires », a martelé Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Interrogé sur l’aspect diplomatique de la lutte, Jean-Pierre Fabre a rappelé que l’opposition a eu une rencontre le lundi avec les diplomates. Ces derniers ont tenu à connaître les revendications portées par Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson et ses collègues.
Au cours d’une conférence de presse, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Col Yark Damehame a indiqué qu’il y a eu 1 mort et 3 blessés par balles à Lomé. A Sokodé, le bilan du ministre est de 3 morts par balles. Yark Damehame a justifié la présence des miliciens en affirmant que « les personnes en civile aperçues avec les grenades lacrymogènes sont de l’opération entonnoir », un dispositif mis en place pour lutter contre le trafic illicite de carburant. « Les forces de l’ordre ne sont pas les seules à détenir des armes, donc difficile de dire qui a tiré », a soutenu le ministre. Peut-être pour confirmer que les miliciens étaient également armés…
Géraud A.
Source : Liberté
Dernière mise à jour 19/10/2017 à 03H12