« Les propagandes, la désinformation et les messages subliminaux sont des moyens efficaces de manipulation des peuples » (Jean-Marc Rives)
En octobre 2019, la Banque Mondiale avait publié le rapport Doing Business mettant en avant une belle « performance » du Togo qui avait gagné 40 places, se hissant dans le top 10 des pays les plus réformateurs dans le monde, avec la première place en Afrique et le 3ème rang mondial.
Dans la foulée, une cérémonie officielle de lancement avait été organisée à Lomé à laquelle avait assisté tout l’attirail du pouvoir : le Chef de l’Etat, le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale, les membres du gouvernement et un parterre de personnalités politiques, militaires et civils et des représentants de la Banque Mondiale. On en avait fait un évènement du siècle au Togo. « Nous avons réussi. Célébrons notre victoire commune », s’était extasié Faure Gnassingbé. Et l’assistance de faire exploser l’applaudimètre.
La propagande était ainsi lancée. Que d’agitations et de gesticulations auxquelles n’avait-on pas assisté au sommet de l’Etat togolais autour de ce rapport ronflant ! Toutes les occasions étaient bonnes pour ramener tout à Doing Business. Dans les manifestations et autres évènements officiels, dans tous les espaces publics et même dans les cercles privés, dans les discours, on ne chantait que cela.
En réalité, ce rapport brandi comme un outil d’enjeu politique majeur, n’était destiné qu’à cacher les tares des gouvernants. La preuve, bien que se targuant de détenir la meilleure performance mondiale dans le classement Doing Business, et de faire des bonds qualitatifs dans l’amélioration du climat des affaires, l’exécutif n’a pas été en mesure de créer des emplois au bénéfice de la jeunesse togolaise engloutie dans la crevasse toujours béante du chômage.
Si le climat des affaires était si attrayant comme on l’avait claironné sur tous les toits, pourquoi le Togo ne dispose-t-il pas d’hommes d’affaires prospères à l’instar d’Aligo Dangoté, Inoussa Kanzoe ou Mahamadou Bonkoungou ? Les rares riches chefs d’entreprises sont assujettis au pouvoir en place, de peur d’être privés de marchés publics.
De plus, malgré les progrès qu’on clamait avoir réalisé à travers les classements de Doing Business et autres instruments de notation, le régime de Faure Gnassingbé n’a pas été en mesure en 16 ans de gouvernance de construire un seul hôpital moderne au profit des populations ni de bâtir un système de voirie acceptable, encore moins des routes acceptables au point qu’à la moindre pluie, les routes ne sont plus carrossables et les grands quartiers de Lomé se transforment en cités lacustres.
La Banque Mondiale a décidé de mettre définitivement fin à la supercherie. Il n’y aura plus de publication de ses rapports entachés de manipulations aux fins de ripoliner l’image de certains régimes dictatoriaux et améliorer le climat des affaires de leurs pays.
« Après avoir examiné toutes les informations disponibles à ce jour sur le rapport Doing Business, y compris les conclusions d’examens et audits antérieurs et le rapport rendu public aujourd’hui par la Banque au nom du conseil des administrateurs, la direction du Groupe de la Banque mondiale a pris la décision de mettre un terme à la publication du rapport Doing Business», indique l’institution de Bretton Woods.
On peut imaginer l’énorme déception dans les rangs de ceux qui ont toujours surfé sur ces hypothétiques données pour chanter les fameux bonds de géant dans les classements mondiaux ou la grandeur de leur pays où se développerait le monde enrichissant des affaires. On ne cassera plus les tympans des Togoslais avec ces rapports bidon.
Médard AMETEPE
source : Liberté