Comme beaucoup le prévoyaient, les déballages ont commencé au cours du procès de Kpatcha Gnassingbé et coaccusés. Pendant que certains refusent de se prononcer en l’absence de leurs avocats, d’autres n’hésitent pas à faire des révélations.
Non seulement Kpatcha Gnassingbé est accusé par certains dans leurs déclarations, mais également l’autre frère, le Col. Rock Gnassingbé, le Col Félix Kadangha, le Col Yark Damhane, le Gal Atcha Titikpina et bien d’autres personnalités civiles comme militaires sont citées. Entre réseaux de trafic de drogue et autres cercles d’intérêts mafieux qui se sont développés après l’accession de Faure Gnassingbé au pouvoir, les uns et les autres avaient leurs raisons propres à eux d’en vouloir au Chef de l’Etat. On décèle au total, quatre réseaux potentiels qui en voulaient à l’ « héritier » qui a capté le pouvoir en 2005, avec le soutien de l’armée.
Le premier a passé aux aveux est Essolissam Gnassingbé. Mis en liberté provisoire depuis bientôt deux mois, cet enfant du feu Gnassingbé Eyadéma est réputé pour être un « fêtard ». Il aurait été fortement arrosé de billets de banque, à sa sortie de prison de même que Jaurès Tchéou, un proche de Kpatcha Gnassingbé qui bénéficie également d’une libération provisoire et dont on attend les déclarations. Selon Essolissam Gnassingbé, l’ancien ministre de la Défense nationale était très remonté contre Faure Gnassingbé qui ne s’occuperait plus de la famille.
Kpatcha Gnassingbé selon les déclarations de Essolissam reprocherait à Faure Gnassingbé de faire main basse sur la colossale fortune paternelle, modifiant des titres de biens meubles à l’extérieur en son nom. Il a dit être un intermédiaire entre une source au niveau de l’Ambassade des Etats-Unis et Kpatcha Gnasingbé. Sans apporter des preuves confirmant la thèse de coup d’Etat, Essolissam Gnassingbé a fait des déclarations révélant que l’ancien ministre de la Défense et député a des motifs de vouloir en découdre avec son demi-frère de Chef de l’Etat.
Esso Gnassingbé a également révélé que Kpatcha Gnassingbé a eu à l’envoyer dire au Commandant Atti, d’arrêter l’opération sans en savoir de quelle opération il s’agissait.
Ces déclarations ont été démenties par le Capitaine Tomdéma Tchaa qui lui, a fait état de tortures dont ils ont fait l’objet en détention à l’Agence Nationale de Renseignement (ANR). L’accusé a indiqué que c’est le Gal Atcha Titikpina qui préparait un coup, avec le Col Yark Damehane (Directeur général de la gendarmerie), et Yotroféi Massina (Directeur de l’ANR). Un autre officier de la fratrie, le Col Rock Gnassingbé est aussi cité d’avoir eu l’intention de perpétrer un putsch parce que déposséder de sa présidence de la Fédération Togolaise de Football (FTF). Un autre, le Col Félix Kadangha également mécontent du fait que Faure Gnassingbé ne l’a pas épargné sur une liste de trafiquants de drogue parvenue au Gouvernement américain, préparait aussi le sien.
On peut donc résumer qu’il y avait le principal accusé Kpatcha Gnassingbé, son frère aîné Rock Gnassingbé, le trio Atcha Titikpina, Yark Damehane et Massina Yotroféï, le solitaire et homme fort de la FIR, Félix Kadangha qui mijotaient leur coup respectif selon différentes déclarations faites par des accusés.
Les tortures à l’ANR
« Je viens de l’enfer terrestre. J’ai rencontré un démon. Il m’ a tendu la main, je ne l’ai pas salué. Il a un visage : c’est Massina », a déclaré le Cpt. Tomdéma Tchaa dénonçant les tortures dont les accusés ont été victimes à l’ANR. « Je ne reconnais pas les faits, je reconnais avoir été torturé », a de son côté affirmé Sassou Sassouvi à la barre. Plusieurs accusés ont fait cas de tortures dont ils ont été victimes à l’ANR.
« On nous enchaînait et nous étions enfermés en permanence sans la possibilité de voir nos familles durant 24 mois. Le Commandant Atti s’est écroulé devant moi après avoir passé 5 jours sans manger. Ce que je peux vous souhaiter, c’est de ne jamais tomber dans les pièges de l’ANR. Pendant notre détention, Massina a l’habitude de déclarer, vous aller sentir mon sadisme », a dit Sassou avant d’ajouter, que le Directeur de l’ANR avait coutume de dire, « vous pouvez me convoquer devant le TPI ». L’accusé a poursuivi en révélant : « pour avoir fait une déclaration au CICR, j’ai été privé de brosse à dent durant un mois. J’ai perdu 22 kgs à l’ANR ».
Un autre, Kadiké Esso a quant à lui révélé avoir subi une simulation d’exécution et avoir été aspergé d’eau froide de 18h à 6h et menotté durant 6 jours sans manger ni se doucher. L’adjudant Séidou dit pour sa part, payé le fait d’avoir refusé une offre du Gal Atcha Titikpina, d’être candidat du RPT aux législatives à Tchamba, après son admission à la retraite. L’ancien adjoint du Col Rock Gnassingbé, le Lt Digbérékou également a indiqué être victime d’un acharnement du Chef d’Etat Major contre sa personne, depuis qu’il a révélé à son supérieur hiérarchique, le fait que le Gal Titikpina lui a demandé de filer Rock Gnassingbé qui préparerait un coup d’Etat.
En l’absence des avocats de la défense qui protestent contre le refus de la Cour de statuer sur des exceptions à peine de nullité soulevée au seuil du procès, beaucoup se posent des questions sur la crédibilité de la sentence finale que va prononcer le controversé magistrat Pétchélébia Abalo.
Aghu, KOACI LOME,
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