«…Il est inadmissible de continuer par laisser ce malheur s’abattre sur les populations sans jamais donner les causes, ni situer les responsabilités de ces drames. Au risque de considérer tout ceci comme une sanction contre les populations, ce qui nous étonnerait. Kozah-Espoir invite expressément les autorités à ouvrir des enquêtes, pour une fois, sincères et concluantes afin que les populations comprennent ce qui se passe réellement dans nos marchés.»(Groupe Kozah Espoir)
Les mots sont lâchés: «sans jamais donner les causes, ni situer les responsabilités de ces drames»;ce qui équivaudrait à des méthodes de voyous et à l´impunité assurée aux malfaiteurs. «Au risque de considérer tout ceci comme une sanction contre les populations…»; un régime aux abois qui se retournerait contre son propre peuple pour le punir parce qu´il relève la tête et réclame une gouvernance plus humaine; le groupe Kozah Espoir, dont nous avons cité quelques extraits du communiqué courageux, a bien su trouver les termes qu´il faut pour décrire le comportement plus que suspect et scandaleux de nos autorités de fait, concernant les différents incendies de certains grands marchés togolais. En janvier 2013 et en janvier 2022 pour le grand marché de Kara; en janvier 2013, en février 2014 et en mai 2022, pour celui de Lomé. En mars 2022 c´était au tour du marché de Kpalimé; et celui de Hanoukopé goûtait également à l´enfer du feu en avril et juin 2022.
Et comme une malédiction, alors que nos soeurs et nos mamans, grands piliers de la survie de la plupart des foyers togolais, ne se doutaient de rien et se reposaient chez elles, après une journée acharnée, leurs marchandises entreposées au marché d´Agoè-Assiyéyé, prennent feu pendant la nuit du 21 décembre 2023. Et comble de malheur, les sapeurs-pompiers togolais, appelés à la rescousse pour essayer de circonscrire l´incendie, brillèrent une fois encore par leur nonchalance, leur mauvaise volonté, leur incompétence et surtout par des équipements inadaptés. Et comme pour couronner l´opprobre, le premier outil des sapeurs-pompiers qui devrait être l´eau, manquait à l´appel. Il faut être au Togo pour vivre de telles incongruités. Et comme un malheur n´arrive jamais seul, surtout au Togo, les boutiques Elino sur le site de l´ancien marché de Kara furent également touchées par un grand incendie et d´importants dégâts materiels sont à déplorer, c´était lundi, 25 décembre 2023.
Les enquêtes qui n´aboutissent jamais, pour que les causes des sinistres, si c´était accidentel, soient sues; ou pour que les auteurs, si c´était criminel, soient démasqués et punis, viennent corroborer les arguments de nombreux Togolais qui parlent du caractère suspect et criminel des ces incendies à répétition. Et les populations togolaises, à bout de souffle du fait des persécutions politico-sociales, n´ont pas tort de pointer un doigt accusateur sur le régime Gnassingbé qui a fait de la stratégie de la terreur contre son peuple, et ce, depuis trois décennies, son cheval de bataille pour ne jamais quitter le pouvoir. Au début des années ´90, les différents assassinats politiques, les massacres de toutes sortes et les départs massifs en exil eurent lieu quand les populations togolaises étaient dans l´euphorie et en symbiose avec l´opposition politique pour le renouveau démocratique. En 2013 les manifestations du Collectif Sauvons le Togo (CST), un collectif des partis de l´opposition et des associations de la société civile, battaient leur plein et prenaient de l´ampleur quand, comme par miracle, les marchés se mirent à brûler. Et ce, à la veille d´une grande manifestation du CST, dénommée «le tour de Jéricho». Nous étions en janvier 2013 et ce fut le grand marché de Kara qui prit feu le premier, suivi de celui de Lomé le même mois.
Et les arrestations dans la foulée des responsables du Collectif de l´opposition, aussi bien à Kara qu´à Lomé, finirent par trahir l´implication des activistes payés par le pouvoir togolais, pour incendier les marchés et accabler les leaders de l´opposition pour la décapiter. Il n´y avait pas de raison pour que ceux qui s´organisent pour manifester et demander la fin du régime de dictature pour le bonheur des Togolais, et surtout pour celui de nos laborieuses femmes qui souffrent le plus, s´en prennent à leur lieu de travail que sont les marchés. Il y a quelques jours, les femmes du marché d´Agoè-Assiyéyé avaient spontanément manifesté pour protester contre les tracasseries et l´étouffement dont elles sont l´objet de la part des forces de l´ordre. Au lieu de les écouter, comme cela se passe dans tous les pays du monde où la femme est respectée, et pour préserver la paix sociale, le maire de la localité n´avait trouvé mieux que de menacer de faire arrêter les meneurs. Voilà un petit rappel, ajouté aux derniers malheureux incendies d´Agoè et de Kara, qui montrent que depuis 1990, depuis donc le début de la démocratisation, la peur, la désolation dans les foyers et la terreur sont des armes de prédilection utilisées par le régime Gnassingbé contre ses propres populations, pour reprendre la main toutes les fois qu´il se sentait ou se sent en difficulté. Les incendies, probablement criminels des marchés à Agoè et à Kara, d´il y a quelques jours, viennent rappeler à tous les Togolais que le régime politique qui les gouverne, a décidé que le bout du tunnel pour eux ne soit pas pour demain. Un régime de terreur reste un régime de terreur. On ne démocratise pas comme ça, en un tour de passes passe, un régime de dictature plus que cinquantenaire, qui a fait du pouvoir politique, non pas un moyen pour rendre son peuple heureux, mais pour ses ambitions personnelles, en tuant et en volant.
Pour terminer, nous voulons nous appuyer sur un message audio d´un membre la société civile à Kara qui circule sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, et qui pointe du doigt le caractère égoïste, méchant et méprisant des autorités politiques du RPT-UNIR, originaires de la Kozah, vis-à-vis de leurs frères et de leurs localités d´origine. Nous voulons surtout nous solidariser avec l´auteur de ce message pathétique pour proclamer que nous sommes tous Kabyè pour refuser l´instrumentalisation ethnico-tribale qui a longtemps fait croire que le régime Gnassingbé est de la Kozah et que tous les Kabyè seraient des enfants gâtés de la dictature. En dehors d´une minorité composée de toutes les ethnies du Togo, gravitant autour du pouvoir et qui s´est vachement enrichie sur le dos du peuple togolais, le délabrement des installations scolaires, sanitaires, le chômage, le dénuement et la pauvreté sur toute l´étendue du territoire, n´épargnent aucune localité, ni aucune ethnie. Le régime Gnassingbé qui semble aujourd´hui se venger sur son propre peuple n´est d´aucune ethnie; il est tout simplement mauvais et méchant pour tous les Togolais sans aucune exception. Les traitements réservés à Kpatcha Gnassingbé, à tous les militaires anonymes, à tous les officiers, comme Olivier Amah, François Boko,… de l´ethnie kabyè, et le traitement qui est aujourd´hui celui du Général Kadanga, devraient servir d´exemples à tous les Togolais démocrates pour savoir que c´est ensemble, avec nos frères Kabyè, que nous pourrions nous débarrasser de ce régime de dictature qui n´a pas fini, malheureusement, d´exécuter sa stratégie de la terreur, comme les incendies criminels de nos marchés.
Samari Tchadjobo
Allemagne