Après la prorogation de l’Etat d’urgence de six mois, le Togo est dans l’attente d’autres mesures drastiques cette semaine, pour dit-on faire face à la hausse des cas de contamination. D’ores et déjà, le championnat de football de première division annoncé pour démarrer le week-end dernier a été tout simplement suspendu. Le gouvernement et les membres du Comité scientifique de lutte contre le Coronavirus se sont réunis vendredi 19 mars à la Présidence de la République en présence de Faure Gnassingbé pour réfléchir sur les mesures appropriées afin de contrôler et inverser au plus vite la courbe.
Nous avons en moyenne 600 cas par semaine soit à peu près 100 cas chaque jour, une augmentation constatée depuis la première semaine du mois de janvier, avec une épidémie qui se concentre désormais dans le Grand Lomé», a expliqué le président du conseil, Didier Ekouevi. « Jai échangé ce vendredi avec le Conseil scientifique sur la hausse des cas de contaminations constatées ces derniers temps. Avec les membres du gouvernement et le conseil scientifique, nous définirons les meilleures voies et moyens pour endiguer cette épidémie », a déclaré Faure Gnassingbé, avant d’inviter de nouveau “chaque citoyen à respecter scrupuleusement les mesures barrières et à faire sienne la campagne de vaccination afin de limiter la contamination ».
Le Conseil scientifique est censé proposer au Gouvernement au plus tard demain mardi une série de recommandations sur le sujet. Recommandations qui devront orienter le Gouvernement togolais dans la prise de nouvelles mesures urgentes et fortes pour enrayer les contaminations au coronavirus qui font saturer les urgences des structures hospitalières vouées aux cas graves de la Covid-19. La situation devient préoccupante selon le Secrétaire Général du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT), Dr Gilbert Tsolenyanu. « Les praticiens togolais sont sous stress et au bout du rouleau devant la flambée des contaminations dues à la Covid-19 au Togo. Vous connaissez, tous, les limites de nos infrastructures sanitaires en temps normal. La flambée des contaminations au coronavirus ne va pas arranger la donne. Le coronavirus vient d’emporter un important médecin togolais, et un CHU de la capitale togolaise vient d’enregistrer 10 contaminations d’un seul coup au sein de son effectif. Une donne préoccupante si ces types de contaminations devraient se poursuivre », explique Dr Tsolenyanu.
Dans la foulée, le Conseil Scientifique confirme la présence au Togo du variant anglais plus contagieux et mortel. Dans la sous-région, la gestion de la riposte à la pandémie est particulière au Togo. Mais pour quel résultat ? Etat d’urgence, couvre-feu, bouclage oui mais où sont les scanners ? La barre de cent décès est déjà franchie au Togo et près de neuf mille cas. Le principal centre de prise en charge est saturé selon son responsable Prof Majesté Ihou Wateba. Au même moment, le nombre de décès devient inquiétant.
Le Togo est connu pour ses infrastructures sanitaires piteuses et calamiteuses. Depuis plus d’un an avec la situation de la pandémie, il est une urgence d’améliorer un peu le plateau technique avec l’acquisition de nouveaux matériels. Mais que nenni ! Après plus d’un an de riposte avec des mesures tous azimuts, aucun scanner n’a été payé. Pourtant la promesse a été faite à plusieurs reprises. A ce jour, il n’existe aucun scanner dans aucun hôpital public du Togo. Pourtant, les patients sous assistance respiratoire ont bien besoin de scanner.
On ne peut pas continuer de faire du saupoudrage aussi avec la gestion d’une pandémie. On ne soigne pas coronavirus avec l’Etat d’urgence, le bouclage des villes et le couvre-feu. Il faut aller au-delà. Autrement, le gouvernement donnera raison à ceux qui croient dur comme fer qu’il se cache derrière ce virus à couronne pour restreindre davantage les espaces de liberté. A quoi sert tout ce boucan si le gouvernement tourne le dos à l’essentiel ? Il ne peut avoir meilleure occasion pour revoir de fond en comble le système sanitaire défaillant au Togo.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
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