Dans une vision électoraliste, le pouvoir en place procède au charcutage des collectivités existantes engendrant la dissolution des villes chefs-lieux des préfectures dans une nébuleuse de communes. Il s’agit de générer des communes qui ne sont ni urbaines, ni rurales, et surtout pas viables. Pour ce faire, la majorité parlementaire RPT/UNIR a voté unilatéralement une nouvelle loi sur la décentralisation. Dans le but de mettre à exécution cette nouvelle trouvaille dans leurs localités, des cadres du parti au pouvoir créent des frustrations au sein des populations. Dans la préfecture de Doufelgou, par exemple, les populations des cantons de la zone ouest et celles de Défalé sont à coûteaux tirés au sujet de l’octroi du chef-lieu de commune. Un natif de Défalé qui est un ponte du parti de Faure Gnassingbé est cité comme le principal acteur de ce malentendu.
Aujourd’hui il n’y a plus de sérénité dans les localités. Partout, la tension couve ou est ouverte. Dans les préfectures de Wawa et de Zio, la tension monte et fragilise le vivre-ensemble harmonieux des populations de même identité. Aussi ces tensions entravent-elles le développement urbain, perturbent la solidarité de proximité en milieu rural et compromettent le développement harmonieux et l’épanouissement des collectivités locales ainsi que la coexistence pacifique de nos populations. Dans la préfecture de Doufelgou, une atmosphère de méfiance s’est instaurée entre les populations des cantons de la zone ouest (Léon, Alloum, Kadjalla et Tchoré) et celles de Defale à cause de l’octroi de chef-lieu de commune. L’on craint que cela ne dégénère sur des affrontements dans cette localité.
En ce qui concerne cet octroi de commune et de son chef-lieu dans cette localité, il ressort que lors du premier découpage, il est prévu deux chefs-lieux de commune dans la préfecture de Doufelgou, notamment l’un pour la commune de Niamtougou et l’autre pour la zone ouest. Mais à la grande surprise des populations des cantons de la zone ouest, un deuxième découpage a été ordonné, selon des sources concordantes, par un haut cadre, membre influent de l’UNIR et natif de Défalé, et suite à ce nouveau découpage, Défalé deviendra chef-lieu de commune au détriment de la zone ouest. Non contents de cette manœuvre, les chefs de canton de la zone ouest ont adressé, le 24 février 2018, un courrier au ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, avec ampliation au Président de la République, pour exprimer leur mécontentement et exiger qu’on tienne compte du premier découpage pour octroyer le chef-lieu de commune. « En partant du principe que l’objectif de la décentralisation est de permettre aux populations locales des grandes agglomérations, au regard du nombre d’habitants et de l’étendue de leur territoire, ayant certaines valeurs et paramètres en commun, de se regrouper et de se prendre en charge de façon autonome par rapport à certains aspects administratifs tels que l’Etat civil, la gestion des marchés, le développement à la base etc., ceci dans le but de rapprocher le chef-lieu de l’administration vers l’administré, nous ne comprenons pas alors ce qui justifie le choix de Défalé comme chef-lieu de la commune des cantons de Léon, AlloumKadjalla et Tchoré », a relevé le courrier qui a précisé qu’en termes de nombre d’habitants, les derniers recensements démontrent clairement que la zone ouest est plus peuplée et plus représentative que Défalé. Non seulement elle est plus étendue (90 hectares) que Défalé (10 hectares), mais aussi elle abrite le marché de référence qui procure plus de recettes pour la préfecture de Doufelgou.
La zone ouest de Doufelgou, une localité oubliée
Il ressort du courrier des chefs de cantons de la zone ouest que lors des élections, les populations de cette localité votent plus pour le parti au pouvoir, mais cette zone semble oubliée par les tenants du pouvoir. « Nous avons toujours été les bons enfants de la préfecture, mais nous sommes oubliés quand il s’agit de doter la préfecture des infrastructures de développement », a-t-il indiqué, et de noter qu’il y a eu des projets pour l’électrification de cette localité, la dotation d’un centre médico-social, d’état civil, entre autres, mais rien de tout cela n’a été réalisé. « Nous ne disposons que d’un seul lycée pour les quatre cantons, difficilement obtenu et dont les locaux restent à construire », a-t-il relevé. Défalé est situé à 2 km de Baga alors que les quatre cantons situés sur la ligne ouest de Doufelgou sont traversés tous par la route nationale Tchitchao-Kantè passant par Sarakawa, séparés de l’est de Doufelgou par une frontière de montagnes depuis Sarakawa jusqu’à Kantè, et il se révèle que l’une des difficultés auxquelles ces populations sont confrontées est la distance qui les sépare de Niamtougou et de Défalé.
Pour un administré de Léon ou d’Alloum qui veut se faire établir une pièce administrative, il est obligé de parcourir 45km à pieds à travers les montagnes pour se rendre à Défalé où se trouve un état civil. Autrement, il doit se rendre en voiture à Niamtougou en passant par Sarakawa-Tchitchao. Il convient de noter que Défalé à qui on cherche à attribuer une commune, et de surcroit le chef-lieu de commune, est à 10 km de Niamtougou qui est aussi supposée être érigée en chef-lieu de commune. Si on s’en tient au deuxième découpage, on risque d’avoir deux chefs-lieux trop proches l’un de l’autre. « Si Siou, canton plus peuplé que Défalé et plus éloigné de Niamtougou que Défalé l’est, n’est pas doté de commune, il est anormal que Défalé soit une commune, et de surcroit un chef-lieu de commune. Que Défalé soit une commune, cela ne gène pas, mais qu’on ne rattache pas les quatre cantons de la zone ouest à Défalé pour qu’il soit leur chef-lieu. Nous disons non », a souligné le courrier des chefs de cantons de la zone ouest. Ces chefs de cantons affirment que si Défalé bénéficie de chef-lieu de commune, ils vont déclarer leur zone autonome et prendre en charge la gestion de leur marché.
Le baron UNIR de Défalé au centre de toutes ces manœuvres
Il n’est un secret pour personne que dans la préfecture de Doufelgou, Défalé est un village situé sur une montagne, et donc moins étendu que ceux situés dans la plaine, notamment les villages de la zone ouest. Pour le viabiliser, celui qui a eu à gérer « l’argent du pays » des années durant, fait usage de tous les moyens dont il dispose : ruse, intimidation et dilatoire. Dans son camp politique, ce sont les choses les mieux partagées. Lui qui se comporte dans cette localité comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, serait à l’origine du litige entre les Lamba et les Naouda. On lui reproche de vouloir prendre une partie de Baga et une partie de Kante (Sare) en faveur de Défalé. Ce litige a eu lieu au moment où Pascal Bodjona était ministre en charge de l’Administration territoriale. L’intention de cet « ex-puissant argentier du Togo » était que son Défalé natal devienne une sous-préfecture.
Malheureusement, il ne réussira pas son coup de force parce que les populations de Baga et de Kante n’ont pas baissé les bras. Mais comme l’idée de mettre un projecteur sur son cher Défalé le taraude, il réussit en 2009 à amener Faure Gnassingbé à une visite dans cette localité. Selon des sources concordantes, il aurait dit à Faure que sur la nationale N°1, (de Sarakawa en passant par les cantons de la zone ouest pour déboucher sur Kante), il y a trop de ponts défectueux, et pour les réfectionner, cela nécessiterait beaucoup de fonds. C’est ainsi qu’il a proposé au locataire de la Marina la construction de l’actuel contournement du mont Défalé. Ce contournement permet à sa localité d’être désenclavée en vue d’être érigée en commune, mieux, chef-lieu de commune, au détriment des cantons de la zone ouest. Il se raconte qu’il passe le plus clair de son temps à intimider les filles et fils des cantons de la zone ouest.
Il se raconte également qu’aucun d’entre les fils des quatre cantons ne peut accéder à un poste de responsabilité sans son aval. Pour cette affaire d’octroi de commune et de son chef-lieu, les populations des cantons de la zone ouest trouvent curieux que ce baron de l’UNIR n’œuvre pas pour le bonheur des populations de la préfecture de Doufelgou, mais sème la division dans cette localité.
source : L’Alternative