Faure Gnassingbé apporte la preuve qu’il ne se soucie pas du bien-être des Togolais
Ceux qui, de différentes manières profitent de Faure Gnassingbé pour faire prospérer leurs affaires eu égard à des relations particulières, ceux qui reçoivent de lui des subsides en tant que leaders de parti politique pour le louanger, les journalistes qui ont trouvé que continuer à se ranger du côté du peuple en dénonçant l’arbitraire ne leur rapporte rien et ont alors changé leur fusil d’épaule, auront beau jeu de vanter la volonté politique qu’ils sont les seuls à déceler en Faure, ils ne convaincront personne. Celui-ci vient d’ailleurs d’apporter la preuve la plus patente de son incapacité à trouver des solutions idoines pour un mieux-vivre des Togolais.
Le rappel de l’ancien ministre de la Santé, Kondi Agba, en remplacement de l’ancien Premier ministre et ministre de la Santé jusqu’à jeudi dernier, dans le cadre des revendications des agents de la santé est assez révélateur. Pourquoi Faure, « le leader nouveau, esprit nouveau », doit-il rappeler et en ce moment, ce médecin vétérinaire qui avait travaillé sous son feu père et qui se plaisait à jouer sur son tempérament de mystificateur et d’esbroufeur en refusant de prendre en compte les revendications légitime des agents de santé ?
« C’est un groupuscule qui s’agite au CHU Tokoin », se plaisait-il à lancer aux agents de santé, au lieu de faire de précieux efforts pour trouver de vraies solutions définitives. Voilà que le groupuscule du Ministre Agba a paralysé le fonctionnement de toutes les structures sanitaires sur l’étendue du territoire. Les Togolais se rappelleront que les mêmes problèmes se posaient du temps où M. Agba était au même département. Pourquoi perdurent-ils si ce n’est la résultante d’un manque notoire de volonté de nos dirigeants. A-t-on besoin d’un troisième come-back du ministre Agba à la santé ? En quoi est-il indispensable ?
Le manque de volonté du chef de l’Etat
Dans notre parution du mardi 14 juin, nous avions eu à relayer le soupçon des membres du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT), soupçon qui attribuait à Faure Gnassingbé l’échec des négociations devant aboutir à la suspension du mot d’ordre de grève de 4 jours. Selon eux, Faure aurait donné des consignes depuis son séjour japonais, ce qui aurait fait capoter au dernier moment les discussions qui étaient assez avancées. Le remplacement de Komlan Mally, l’agneau sacrificiel, jeudi par le professeur Charles Agba, 24 heures après le retour d’Asie de Faure, vient confirmer qu’effectivement l’homme aurait été pour quelque chose dans le blocage survenu in extremis dans les négociations entre le gouvernement et les grévistes.
Le 1er juillet prochain, les Marocains se rendront aux urnes dans le cadre d’un projet de réforme constitutionnel qui sera soumis à référendum. C’est en réponse à des soulèvements à répétition du peuple chérifien à la recherche de plus de démocratie. Le roi Mohamed VI n’a pas lésiné sur les moyens pour faire droit à la requête de son peuple. Ne l’oublions pas, il s’agit là bien d’un royaume où le successeur de son père fait trois, voire quatre fois mieux que son géniteur, en matière des libertés publiques dans ledit royaume. Titulaire en 1993 d’un doctorat en droit à l’Université de Nice avec la mention « très honorable » et les félicitations du jury, il a, sans aucun doute, voulu démontrer aux Marocains qu’on ne s’instruit pas pour rien et mieux, qu’on ne devient pas membre de l’élite de son pays en se limitant aux simples discours politiques. Tout se passe au niveau de la tête chez le vrai intellectuel et non au niveau des muscles et de sa capacité à dire continuellement non à ses interlocuteurs.
Au Togo, les étudiants manifestent leur mécontentement depuis des années face à un système introduit dans l’univers estudiantin en toute improvisation et avec ses conséquences dommageables. Au lieu d’entrer en vrai dialogue franc avec eux, on procède à des manipulations en se servant de simulacres d’étudiants pour foutre le bordel. Dans la foulée, ce sont des courses-poursuites sur le campus, le gazage et l’arrestation de manifestants dont les vraies revendications ne demandaient qu’à être prises en compte pour un apaisement du climat au sein de l’Université, le lâchage de miliciens à l’assaut des étudiants. Au plan politique, le chef de l’Etat et ses partisans, en complicité avec Gilchrist Olympio, le grand trophée de chasse de Faure, s’amusent à foutre également le bordel au niveau du fonctionnement normal de l’Assemblée, en excluant illégalement 9 députés ANC. La suite, on la connaît.
Profitant d’une majorité mécanique, toute honte bue et sans le moindre égard pour l’APG obtenu au bout de mille et un sacrifices, on veut modifier seuls plusieurs articles de la Constitution pour aggraver la crise, alors que les réformes constitutionnelles et institutionnelles dans un cadre consensuel se faisaient toujours attendre. Pour s’y opposer, des citoyens manifestent et les gaz lacrymogènes ont encore plu jeudi dernier à la satisfaction de Faure qui semble plus favorable au statu quo qu’à l’assainissement du climat socio-politique. La démocratie interdit-elle au Togo de manifester, lorsqu’on n’est pas d’accord ? Il reviendra un de ces jours à l’actuel chef de l’Etat de le dire aux Togolais. Sur un autre plan, Faure promet de placer l’année 2011 sous le signe de l’amélioration du quotidien des Togolais. Ses compatriotes déchanteront très vite, car ils sont déjà au milieu de l’année et, au lieu qu’ils ressentent un début de mieux-être, c’est plutôt l’aggravation de la situation avec l’augmentation du prix du carburant, après celui du courant.
Alors que Faure qui, à chacun de ses discours politiques donne l’impression de mettre le peuple au centre de ses préoccupations, n’arrive pas à donner satisfaction aux agents de santé qui ont pour devoir de réserver un bon accueil aux malades, parturientes et autres accidentés, et de s’occuper de leur santé, il vient de démontrer aux yeux de tous que tout part de lui et aboutit à lui et donc, qu’il est le principal obstacle à la résolution des problèmes auxquels les Togolais sont confrontés.
La meilleure manière pour lui de démontrer aux Togolais qu’il fait le contraire de ce qu’il professe, c’est de prendre congé de celui que la presque totalité des membres du bureau du SYNPHOT apprécient et en qui ils trouvent un interlocuteur très attentionné à leur égard et plein de compréhension, en l’occurrence le ministre Komlan Mally. Comme quoi, au gouvernement des Gnassingbé, on fait la volonté du prince et non le bien de la nation. On y met son expertise et toute sa compétence en veilleuse. Un point; un trait. Le chef de l’Etat n’est-il pas en train de donner raison à cette vieille dame mi-togolaise, mi-ghanéenne qui, il y a 4 ans, laissait échapper avec force récriminations : « améma mé gboa nadéké wogéwo ! » ? Ce qui donne en Français : « celui-là n’est venu pour apporter quoi que ce soit de nouveau aux Togolais ».
Les Ministres Ayassor, Mally et Agba
Quand le ministère de la Santé présente un budget et que l’ordonnateur des dépenses, en l’occurrence le ministre de l’Economie et des Finances l’ampute d’une partie de son montant, portant atteinte à la réalisation des projets sanitaires prévus et on ne le sanctionne pas d’être responsable de la crise actuelle que connaît le département de la santé, en préférant sanctionner le ministre de la santé, qui se démène à trouver une solution durable à la crise, on pratique une politique injuste. Il y a lieu de parler de politique de deux poids deux mesures.
Une situation similaire s’était produite il y a quelques semaines où la tête du ministre Gozan était tombée, alors que le ministre Ayassor était directement impliqué dans ce qui était à l’origine du limogeage de l’ancien ministre du Commerce. Tout au moins ils devraient partir tous les deux. Et lorsqu’on voit que, malgré son incapacité avérée et ses bourdes répétitives à la tête du ministère des Sports, Christophe Tchao continue d’occuper un fauteuil qu’il ne mérite pas, il faut se dire que dans ce pays tout est sens dessus dessous et que cette manière de gouverner dans la médiocrité et les improvisations, sans aucun respect des règles de gestion et de bonne gouvernance ne saurait conduire loin le Togo.
Va-t-on rétorquer que si le ministère des Finances manquait au devoir d’amputation, lorsque certaines circonstances l’exigent, l’Etat se verrait dans l’incapacité d’honorer des engagements qu’il aura pris ? C’est alors qu’il nous reviendra de répliquer aux autorités de faire en sorte que les fonds générés par l’administration des douanes, le port autonome de Lomé et autres qui constituent le poumon économique du pays à l’heure actuelle, soient mieux gérés et atterrissent à 100% là où ils doivent atterrir. Car il paraît que la gestion qui se fait actuellement des fonds publics ne serait pas très différente de ce qui avait cours jusqu’en 2005, et c’est cela qui expliquerait le faible budget voté annuellement par l’Assemblée. N’est-ce pas cela qui expliquerait l’existence d’une Cour des Comptes pour la forme avec des têtes que l’on connaît bien ?
Le ministre Charles Kondi Agba, il faut le dire, n’a jamais été dans les bonnes grâces des agents de santé. Il préfère se livrer à du spectacle au lieu de trouver des solutions aux vrais problèmes qui se posent. Il en a fait encore la belle démonstration samedi lors de la visite effectuée au CHU. Le spectacle, ce n’est pas ce qui a manqué. Faure seul sait pourquoi il lui fait encore appel. Evidemment, les Togolais ne sont pas dupes et déduiront de ce retour, une volonté d’utiliser la politique de mystification ou du gros bâtons pour ramollir les membres du SYNPHOT. Seulement, Faure et Agba y parviendront-ils, dans la mesure où le passé et le dilatoire auront suffisamment instruit les agents de santé qui, tout comme Charles Kondi Agba et Faure ont envie de rouler en 4X4 climatisé et de construire des habitations? Que peut faire aujourd’hui un médecin avec 150.000 F comme salaire après 7 ans de médecine et 4 ans de spécialisation ?
Et les chefs d’unité des CHU dans tout ça ?
Depuis quelques semaines que le mouvement a démarré, les Togolais aimeraient voir les professeurs agrégés, chefs d’unité des Centres hospitaliers universitaires se prononcer. Il ne s’agit pas d’être aussi muets que des carpes en laissant les autres médecins, sages-femmes, infirmiers, laborantins, radiologues et autres aller au charbon pour venir en profiter après tout, sans y avoir mis du leur. Les négociations et AG qui auront nécessité d’énormes sacrifices de la part des membres du bureau du SYNPHOT et au mépris de leur santé méritaient bien leurs soutiens.
Les autres agents de la santé, les grands patrons des CHU ne peuvent pas, sous prétexte d’avoir des cliniques privées qu’ils exploitent parallèlement à leur travail au CHU, considérer les sacrifices des autres comme ne les engageant pas, dans la mesure où à aucune des AG et autres manifestations des agents de santé, nous ne les avons encore aperçus. S’ils ne se sentent pas concernés, il ne faudrait pas que d’autres se sacrifient seuls pour qu’ils viennent en profiter au bout du compte. Le combat que mènent les agents de santé de tous les niveaux les concerne aussi. Ils sont nombreux, ces agents de santé du sud au nord et de l’ouest à l’est, à se mobiliser pour l’aboutissement des revendications. Inutile d’éviter de s’exposer à la vue du Pouvoir en place en laissant seuls les autres affronter la lutte et s’apprêter à profiter des retombées des négociations et des manifestations, si retombées il y a.
A l’intention des autorités, il y a lieu qu’elles comprennent que le dilatoire et tout ce qui ressemble au manque de sérieux dans la gestion du patrimoine commun des Togolais cessent. Tout les Togolais ont droit au bonheur et méritent de profiter des fruits de leurs sacrifices et de leur labeur.
E . Djibril
source: liberté hebdo togo