Les Togolais ont faim, sont confrontés à des problèmes de chômage, de précarité et d’accès aux soins de santé. Et parfois, c’est une petite affaire qui crée de graves problèmes sociaux.
J’ai fait une précédente publication où j’insistais sur la nécessité de porter un casque quand on est à moto. Cette réalité, facile à mettre en œuvre dans des pays où la majorité des motocyclistes font de la moto loisir (sont donc minoritaires), devient rapidement un casse-tête quand c’est le moyen de déplacement quotidien de près de la moitié des usagers de la route.
Les zemidjans dans notre pays constituent un vrai corps de métier, c’est peut-être même le plus important. Et ceux qui finissent par en faire un métier, c’est souvent par résignation et dépit de ne rien trouver d’autre à faire. Beaucoup de zed sont des diplômés, qui sont devenus conducteurs de taxi moto pour éviter le chômage.
Une semaine après le lancement de l’opération deux casques, le constat personnel que je fais est que cela ne passe pas. Beaucoup de passagers refusent tout simplement d’avoir à se promener toute la journée avec un casque à la main, en attendant le moment où ils devront prendre une moto. Résultat, il faut parfois contourner les points de contrôle, glisser un petit quelque chose au policier, ou éviter simplement certains itinéraires. Autant de manque à gagner qui alimente la grogne que je sens monter.
Il faut aussi prendre en compte qu’une mesure concernant autant de personnes aurait pu faire l’objet de mesures d’accompagnement. Une subvention pour faire baisser le prix des casques incitera beaucoup à s’en procurer, même si la pédagogie doit rester de mise.
Attention, messieurs les membres du gouvernement, la vie est vraiment difficile dans ce pays, il ne faut pas en rajouter. Je propose que le gouvernement continue à faire de la pédagogie et à poursuivre la sensibilisation des usagers moto sur le bien -ondé du port de casque.. On m’a rapporté qu’on saisissait des motos, faisant descendre les passagers et les retenant par endroit. Ce n’est pas bon ça. Nous n’avons pas besoin de ça en ce moment.
Si le gouvernement veut que tout le monde fasse son devoir, qu’il assure lui aussi son devoir de trouver du travail décent à tout le monde, s’assurer que tout le monde mange à sa faim et ait accès aux soins en permanence. Je sais que ce n’est pas possible. Donc pardon. Il faut faire doucement avec l’affaire de casque là. Nous avons d’autres problèmes plus graves. Il faut sensibiliser.
Je l’ai dit ici dans une précédente publication, le rapport publié par le gouvernement sur les causes des accidents des motocyclistes montrait que les accidents étaient majoritairement liés à la non maîtrise des engins. Il faut d’abord formaliser le permis moto obligatoire. C’est la première étape. Et elle est importante.
J’ai vu les motocyclistes de Kara manifester bruyamment. Ils ont raison. Quel passager à Kara va trouver 7000 f pour acheter un casque alors qu’il trouve difficilement 1000f pour acheter un bol de maïs et faire sauce tchassi avec petits poissons. Ne prenons pas des décisions comme si nous ne connaissions pas le pays dans lequel nous sommes. A Kara, tout le monde roule à moto sans plaque et c’est casque passager vous allez demander aux gens ? Pédagogie, pédagogie.
Pour finir, si on demande aux moto-taxi de s’assurer que les passagers portent un casque, il faut aussi demander à tous les passagers des taxis (toutes les voitures d’ailleurs) de mettre les ceintures aussi. Lors d’un accident en voiture, ceux qui ne mettent pas la ceinture courent les mêmes dangers que les passagers sans casque. Aujourd’hui, tu roules une voiture sans ceinture tu passes, mais une moto sans casque on t’arrête. C’est comment la chose ?
Et puis et les routes ? Il faut penser au mauvais état des routes. Si tu portes casque et sable de la route te fais tomber, est-ce que c’est bon ça ? Qui doit arranger les routes ?
Pardon, grand frère Yark, fais doucement avec la chose ci. Les gens ont trop de problèmes actuellement. Un rien peut nous amener des soucis plus grands. Conscientisez les gens en attendant. Ça va certainement être suffisant. Moudekoukou. Médé’ndng. Ça va aller.
Faisons doucement vivants.
Gerry Taama