Quatre jeunes hommes, arrêtés avec la possession de plusieurs kilogrammes de défenses d’éléphants, sont actuellement aux mains de la justice.
« Le Togo est confronté au trafic et à la commercialisation d’espèces fauniques protégées affectant particulièrement les éléphants. En effet, les agents de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite de Drogue et du Blanchiment (OCRTIDB) appuyés par le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) en collaboration avec EAGLE-Togo ont procédé à l’interpellation de quatre présumés trafiquants le 10 mars 2023, au moment où ils s’apprêtaient à conclure la vente de sept grosses défenses d’éléphants.
Une perquisition immédiate au lieu de stockage de ces produits illicites, a permis de saisir douze autres grosses défenses d’éléphants, dont cinq sculptées et polies, deux petites pointes d’ivoire, treize statuettes en ivoires, un collier en ivoire, deux peaux de félins dont le lion, deux mandibules qui semblent être celles d’être humain et une tête de phacochère.
Trois présumés trafiquants ont d’abord été arrêtés dans un quartier périphérique de Lomé en possession de sept grosses défenses d’éléphant qu’ils tentaient de vendre. Le chauffeur qui a convoyé les produits, a réussi à s’échapper, mais le lendemain, avec la diligence des agents, il a été arrêté.
Arrêtés pour flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation de dépouilles d’espèces animales intégralement protégées par la CITES et les textes togolais portant classification et protection des espèces sauvages, les nommés TEVI Luc, le chef du groupe, Abel DZOKPE, OURO-KPASSE Nazif et TSALI Koffi, sont d’abord mis en garde à vue, avant d’être déférés le 17 mars 2023, à la prison civile de Lomé, après avoir reconnu les faits à eux reprochés devant le procureur. Ils encourent une peine de prison allant d’un à cinq ans et d’une amende d’un (01) million à cinquante (50) millions de Francs CFA.
Aussi, l’article 761 du nouveau code pénal dans son volet environnement, sanctionne toute personne qui détruit ou fait le commerce direct ou indirect sans droit d’espèces animales ou végétales à une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinq millions de francs CFA sans préjudice de toute autre disposition au code.
Dans un premier temps, les trafiquants pour la transaction illégale, ont amené sept grosses défenses d’éléphants qu’ils ont soigneusement dissimulées dans deux sacs à céréales. Une perquisition au lieu du stockage et habitat du chef du groupe, a permis de saisir encore douze autres défenses d’éléphants, dont cinq pointes d’ivoire sculptées et polies, sept statuettes en ivoire, six petites statuettes en ivoire, un collier en ivoire, deux petites pointes d’ivoire, dix-neuf morceaux de peux de léopard, cinquante-un morceaux de peaux de lion, deux mandibules suspectées de celles humaines et un crâne de phacochère. La perquisition des domiciles des deux autres présumés n’a permis de trouver aucun autre produit ou autre dépouille d’animal intégralement protégé.
La lutte contre la criminalité faunique prend une nouvelle dimension avec cette arrestation de ces quatre présumés trafiquants de faune. Même si les défenses d’éléphants saisies ne proviennent pas de la faune et des réserves du Togo, le pays reste une plaque tournante d’exportation et de transit de spécimens d’animaux de faune et de flore sauvages. Mais les autorités, à part les textes nationaux et internationaux sur la protection des espèces protégées ratifiés, s’activent en contribuant à la lutte contre la criminalité liée au trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages tout en assurant une sécurité environnementale.
En effet, la saisie des défenses d’ivoire en provenance des autres pays est légion. EAGLE-Togo s’efforce d’appuyer les efforts du gouvernement dans cette lutte. Avec une centaine d’éléphants, le problème du Togo est qu’il constitue une plaque tournante de transit pour le transfert illicite des ivoires. Le MERF a enregistré plusieurs cas de saisies d’ivoire.
Les plus importantes qui ont fait l’objet de médiatisation et de poursuites judiciaires sont celles opérées courant de l’année 2013 jusqu’en 2016. Ainsi, environ 90 trafiquants d’espèces fauniques protégées et leurs produits ont été arrêtés au Togo, selon le ministère en Charge de l’Environnement.
L’ensemble de la communauté qui travaille à la préservation de la nature s’accorde sur la nécessité d’adopter une démarche sur trois fronts : lutte contre le braconnage, lutte contre le trafic d’ivoire et réduction de la demande. Mais le réseau EAGLE préconise la répression des trafiquants fauniques, ceci pour dissuader d’autres éventuels trafiquants. Et selon le coordinateur assistant d’EAGLE-Togo, « tout cela ne peut aboutir efficacement que s’il y a une prise de conscience de tous les acteurs impliqués dans cette lutte, en combattant sérieusement la corruption.
Selon le Coordinateur national par intérim d’EAGLE-Togo, cette saisie démontre à suffisance que malgré les efforts des autorités et des organisations non gouvernementales dans la lutte contre la criminalité faunique, des individus cachent toujours des stocks de trophées d’espèces protégées menacées d’extinction et passent par tout moyen pour se livrer au commerce Illicite international.
« Pour renforcer la lutte contre cette criminalité faunique, il devient alors impératif que des stratégies soient repensées par tous les acteurs impliqués, afin de démanteler tous les réseaux de trafiquants d’espèces de faune et de flore sauvages protégées au Togo », a-t-il ajouté.
Cette nouvelle arrestation démontre que le réseau du trafic d’ivoire est toujours à pied d’œuvre pour tenter d’alimenter le marché noir qui contribue à la criminalité environnementale et porte atteinte à la sécurité des États. En effet, le trafic de faune est lucratif, augmente la corruption, est liée à d’autres formes de trafic et finance des groupes mafieux, voire terroristes et extrémistes dans de nombreux pays.
Les défenses d’éléphant restent convoitées par les trafiquants locaux et internationaux qui s’approvisionnent auprès de leurs intermédiaires dans les pays voisins avant de les exporter, généralement vers les pays d’Asie dont la Chine ».
(EAGLE-Togo/MARS/2023)