Régis Batchassi
« Qui aime le pouvoir n’aime que lui-même », disait William Hazlitt. Et c’est le cas de M. Régis Batchassi qui totalise 8 ans, au lieu de 6 ans, à la tête du Conseil National de la Jeunesse (CNJ). Malgré ces deux ans de plus sur ses mandats, il refuserait d’organiser les élections pour vider le plancher.
En effet, M. Batchassi est élu pour la première fois en 2015 pour un mandat de trois ans. Le renouvellement n’a eu lieu qu’en 2019 soit un an après la fin de son premier mandat en 2018. Il a été reconduit depuis février 2019 à nos jours. Il totalise donc plus de huit (8) ans à la tête de l’institution et n’est pas encore prêt à partir.
Pourquoi en fin de mandat et, frappé d’inéligibilité, il continue de s’accrocher à la tête du Conseil National de la Jeunesse ? C’est la plus grosse interrogation des Togolais depuis février 2022, fin de mandat des membres du bureau sortant.
Le CNJ est une institution nationale sous la tutelle du ministère en charge de la Jeunesse, créée par décret N°2008-048/PR du 07 mai 2008. Elle regroupe les organisations de jeunes dont les membres ont un âge compris entre 15 et 35 ans. Elle se veut apolitique, autonome et démocratique servant de cadre de concertation pour les jeunes en vue d’assurer leur pleine et effective participation au processus de développement du Togo. Dix-sept mois après l’expiration du mandat de ses instances, le CNJ, à l’instar des autres institutions de la République, fonctionne dans l’illégalité et l’illégitimité.
Selon nos sources, le Président Régis Batchassi qui rechigne à lâcher le « fauteuil présidentiel », a envoyé en mars 2023, au ministre de la jeunesse, Mme Myriam Dossou d’Almeida, une proposition de feuille de route de renouvellement des instances avec un chronogramme d’activités bien définies dans le temps.
Dans ce chronogramme, il est prévu au 31 mars 2023, une conférence de presse de lancement avec déclinaison des différentes phases du processus. La phase de renouvellement des instances sur le plan local, c’est-à-dire dans les préfectures et communes, était prévue du 15 mai au 15 juin 2023. Et le congrès électif national le 30 juin suivi de la cérémonie d’investiture et de passation de charges le 1er Juillet 2023.
M. Batchassi croyant jouer avec le temps, aurait compté sur la lourdeur administrative pour prolonger son mandat. Mais il s’est fait coincer par la promptitude de la ministre de tutelle.
A travers un courrier en date du 11 Avril 2023, la ministre Myriam Dossou d’Almeida a marqué son accord et a invité le Sieur Batchassi à respecter sa feuille de route. « Je vous invite à tout mettre en œuvre afin que ce processus non seulement tienne conformément à la feuille de route établie, mais aussi, connaisse un aboutissement heureux pour contribuer au renforcement de l’image du CNJ dans l’environnement associatif national », a précisé la ministre dans son courrier réponse.
Qu’il nous en souvienne que la ministre de tutelle a présenté le 26 Août 2023 une communication en conseil des ministres sur le renouvellement des instances du CNJ.
Malgré tout, rien n’ébranle M. Batchassi. Six mois après le OK de la ministre pour exécuter sa propre feuille de route, aucune activité n’a été menée sauf la conférence de presse pompeusement organisée pour dribbler l’opinion.
L’on se demande ce qui pourrait bloquer le processus d’une institution de la République après le feu vert de son ministère de tutelle. Pourquoi M. Batchassi qui a annoncé les activités de renouvellement des instances reste-t-il silencieux alors que son mandat a expiré depuis 17 mois ?
Il faut préciser que selon les textes, il n’est plus éligible puisqu’il a atteint l’âge limite fixé à 32 ans. Et que dit le ministère de la jeunesse face à ce blocage incongru ? La ministre ne tient plus à l’image du CNJ comme souhaité dans sa lettre réponse ?
De sources bien renseignées, les autres membres du bureau pourront péter le plomb dans les jours avenirs. Ils ne digèrent plus le dilatoire de leur président.
Nos tentatives pour joindre M. Batchassi sont restées vaines.
Le Togo ne saurait fonctionner comme une République bannière où toutes les institutions fonctionnement au gré des humeurs.
Ricardo Agouzou