Toujours au bon moment, l’histoire des peuples sait presser le pas pour rattraper le temps perdu. Alors, à cette occasion-là, « la seule chose dont il faut avoir peur est la peur elle-même ». Le Togo presse ses pas vers l’échéance du 20 décembre 2018. Avec audace, avec ambition, avec exigence, un tout nouveau contrat citoyen est en rédaction au Togo. L’objectif est clair : un autre Togo doit naître à la place de l’invouloir du régime autoritaire.
Particulièrement fourbe et dernier élève de la promotion démocratie de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, le Togo des cinquante dernières années est resté insensible aux vertus de l’alternance politique. Le réveil à la réalité démocratique est ainsi brutal et embarrassant pour le pouvoir présidentiel, devenu très discret contrairement à ses habitudes. Rien n’est joué, mais la CEDEAO semble avoir appuyé là, ici, partout où ça fait mal au régime togolais. Le récalcitrant Togo est en punition devant toute la classe CEDEAO.
En guise de blague, et pour détendre une atmosphère accablante et gênante, la formule circule sur les réseaux sociaux comme le résultat d’une consigne donnée par une maîtresse d’école : « le Togo est calme, on dirait que la CEDEAO écrit les noms des bavards ». Nous sommes bien les premiers jours après la fameuse Feuille de route de la CEDEAO, et les dignitaires du régime sont introuvables pour faire des commentaires publics. D’autant plus que, par une entourloupette dont les officiels du pouvoir togolais possèdent encore le secret et l’indignité, un vrai faux Communiqué final de la CEDEAO a été publié pour masquer le désarroi de la partie présidentielle.
La démocratie est une longue marche, surtout si l’on ne l’a pas commencé tôt. Il semble bien que la démocratie soit bien vivante, les femmes et les hommes du Togo n’y ayant jamais renoncé. Mais cette bête qui garde son souffle et remue sa queue a besoin d’être nourrie par un engagement conséquent des citoyens, aussi bien à l’intérieur du Togo qu’à l’extérieur. Au Togo, #PourLeTogo, la démocratie est devant. Ni à gauche ni à droite, la quête de démocratie, à ce tournant particulier, exige une discipline à toute épreuve, un pur sérieux politique.
La rigueur de la #C14 fait toute la différence
La diaspora togolaise d’abord… l’instinct Togo toujours vivant doit ramener à l’essentiel : une soif énorme de liberté, une fierté convertible en actes, un ralliement autour de la reconquête de l’Assemblée nationale par la Coalition des partis de l’Opposition républicaine, la #C14. C’est un objectif clair, unique et sans équivoque que doit épouser la diaspora. À l’échéance prescrite, l’Assemblée nationale doit être conquise avec l’aide et toute la force de solidarité de la diaspora togolaise. Le vent du changement doit souffler de l’extérieur vers l’intérieur du Togo.
Comme un Anglais à New York, la diaspora togolaise est aussi devenue une étrangère légale, chez elle, au Togo. Comme une « Servante écarlate », la diaspora togolaise qui n’a de son pays que le souvenir du « bon vieux temps », a fini par porter tout le Togo, de gré ou de force, et en a assuré la reproduction. Cette diaspora doit confirmer, une fois de plus, son soutien à la #C14 qui reste le porte-voix principal d’un destin si collectivement exprimé.
« L’air de s’observer et de ne vouloir rien lâcher », la #C14 a été au centre de toutes les spéculations en devenant l’entité que certains aimaient détester le plus. La fermeté autant que la flexibilité a tenu ce groupe ensemble contre vents et marées : vents externes venant du large présidentiel comme une torpille et marées d’incompréhensions internes. Porte-étendard de l’Opposition, la #C14 a su faire de la place aux autres entités de la société civile, au point d’acquérir la salutaire reconnaissance de la CEDEAO comme partie prenante légitime à la solution de la crise togolaise.
Comment réunir nos capacités autour de cette #C14 pour parcourir les étapes restantes? Nous n’avons de choix que d’utiliser ce canal pour contenir la bouillonnante démocratie dans son éveil redoutablement programmé par la CEDEAO. À travers nos ambitions personnelles, c’est couramment que nous restons égotistes. Lorsqu’en tant que collectivité nous voulons réaliser des progrès significatifs, il nous est fortement recommandé d’agir comme un Peuple sous un leadership commun. La leçon apprise des avancées notables de l’histoire humaine est désormais inscrite dans la Feuille de route offerte aux femmes et aux hommes du Togo… Ce pays doit sortir de l’invouloir. Le Togo doit changer.
Pierre S. Adjété
7 août 2018