Hier a eu lieu dans la capitale sénégalaise l’investiture du nouveau président, Macky Sall qui vient d’être élu au second tour face au sortant Abdoulaye Wade par un score qui ressemble à un plébiscite. La fête a été grandiose, riche en couleurs et a tenu toutes ses promesses. Il y a environ six semaines, aucun Sénégalais ne donnait son pays qui a pourtant été longtemps le porte-flambeau de la démocratie africaine, sortant d’un tel challenge Wade-Opposition avec plus de peur que de mal, tel que cela se vit depuis la nuit du 25 mars.
L’apothéose de la joie et de la fête de la victoire de la démocratie sénégalaise aura été la journée d’hier qui a vu l’investiture du quatrième chef d’Etat sénégalais. La ferveur et l’ambiance de fête qui se sont emparées de tout le pays montrent à quel point tout le monde s’est senti concerné par la victoire de Macky Sall que d’aucuns sont fondés à qualifier de victoire de la démocratie sur le recul qui a failli lui être imprimé. Après l’investiture, de grands chantiers attendent le nouveau président, entre autres, les problèmes de délestage, la lutte contre la corruption et la pauvreté, le renforcement des institutions de la République et de la démocratie.
La mobilisation suscitée autour du Sénégal après des élections apaisées semble démontrer la volonté des chefs d’Etat de la région de sauver la vitalité de la traditionnelle démocratie sénégalaise. Ils étaient une douzaine de chefs d’Etat de la CEDEAO sur les quinze à être témoins de l’événement. Parmi eux, malheureusement, quelques dirigeants qui étaient au pouvoir dans leur pays lorsque Abdoulaye Wade en 2000 avait gagné la présidentielle et fut investi. Ils y étaient. Ils sont encore là après des contorsions politico-juridiques pour se maintenir au pouvoir. S’ils sont réellement des adeptes de la démocratie et souhaitent sauver celle du Sénégal, dès maintenant, ils doivent pouvoir examiner la possibilité de passer la main pour ne plus être là, lorsque dans cinq ou dix ans, Macky Sall cédera son fauteuil à un autre. L’alternance demeure la plus grande force de la démocratie.
Dans la capitale sénégalaise, les dirigeants ouest-africains ont profité pour poser les jalons du sauvetage de l’autre démocratie en péril dans la région. Il s’agit de celle du Mali. Après les promesses faites dimanche par la junte de rétablir la constitution ainsi que les institutions de la république et après qu’elle aura pris d’autres engagements allant dans le bon sens, la CEDEAO n’a pas du tout lâché la pression. C’est ainsi que les chefs d’Etat qui s’étaient réunis à Dakar sous la conduite d’Alassane Ouattara, président en exercice de l’organisation, ont insisté que le Capitaine Sanogo quitte le pouvoir dans le plus bref délai et qu’il n’organise ni transition, ni élections.
Des sanctions économiques et diplomatiques seront prises dans les heures à venir, si la junte ne remettait pas le pouvoir aux civils et se retirer dans les casernes. Il a été décidé par la CEDEAO la mise en place immédiate de la force d’attente de l’organisation pour faire face à la situation dans le Nord-Mali. Comme quoi, l’institution régionale demeure ferme quant à sa volonté de voir rétablir la légalité constitutionnelle afin que cela serve d’exemple à d’autres. Faire d’une pierre deux coups, tel est sûrement l’objectif visé par les dirigeants de la CEDEAO qui ont tenu à utiliser un territoire profondément encré dans la tradition démocratique pour envoyer un signal fort à la junte.
Alain SIMOUBA
liberte-togo.com