Des familles dormiront à la belle étoile ; des enfants reviendront peut-être de l’école et verront l’œuvre de leurs parents démolie par les agents de la mairie de Golfe 7. Le Préfet, depuis le 11 janvier 2021, jour de parution de l’article sur le projet de déguerpissement d’une réserve de l’Etat consacrée depuis 1983, a requis l’assistance de la force publique pour sécuriser les opérations de démolition. Les acquéreurs de bonne seront-ils abandonnés sans aucun accompagnement pour se refaire ?
Hasard du calendrier ou justesse dans la publication de l’article du 11 janvier 2021 sous la titraille : « Sagbado Lankouvi/Déguerpissement à géométrie variable des réserves d’Etat/ Le maire de Golfe7 somme des acquéreurs de bonne foi à libérer leurs domaines » ? Toujours est-il que dans la même journée, le préfet du Golfe, Agbotsè Komlan a pris une note dans laquelle il requiert l’assistance de la force publique pour sécuriser une opération de démolition au quartier Sagbado-Lankouvi. Et à moins d’un cas de force majeure, l’opération aura lieu ce matin.
Pour avoir approché les acquéreurs, ce n’est pas tant la sécurisation qui importe, parce qu’apparemment, aucune résistance ne sera opposée aux agents démolisseurs. Du moment qu’il est établi que le domaine à eux vendu était une réserve consacrée depuis 1983, la question ne se pose pas. Mais les acquéreurs savaient-ils pertinemment qu’ils achetaient des parcelles d’une réserve ? La mairie ou la préfecture avait-elle pris soin d’informer les populations que le domaine était une réserve d’Etat ?
La problématique des réserves d’Etat doit-elle réglée via une politique de deux poids deux mesures selon les humeurs des autorités ? Dans la même commune, pendant que le maire Djikounou Komlan demande à certains de vider de corps et d’effets un domaine d’Etat, le même maire va louer un immeuble construit par un propriétaire dans une autre réserve d’Etat. Et il fait de cet immeuble le siège de la mairie Golfe 7. En temps normal, cet immeuble aussi devrait être détruit, au nom de l’équité sociale.
Dans le Golfe 5, lors de l’élargissement de la route Lomé-Kpalimé, il est arrivé que des citoyens qui squattent une ou des réserves d’Etat soient dédommagés pour les constructions qui ont été érigées dessus. Ceci, au nom de l’accalmie sociale et pour permettre à ces derniers de se refaire. Une action à encourager. Et c’est aussi au nom d’une certaine magnanimité couplée de la nécessité de préserver la paix sociale que les acquéreurs de Lankouvi attendent un geste fort de la part des autorités en charge des dédommagements, à travers la COMEX (commission d’expropriation).
Nous écrivions dans notre parution du lundi 11 janvier que « le 9 septembre 2020, Adokou Zigli, Sassou Kokoè, Ahiadeka Victor, Akakpo Kodjo, Attagba Taylor, Amedodji Koffi, Anaglan Komlan, Ametagbe Yao, Dovi Kossi, Sitti Junior, Yakpo Akoua et Ameganvi Kossiwa, en tous douze acquéreurs-propriétaires parmi lesquels des malades de diverses affections, des victimes d’accident, des chômeurs et autres débiturs auprès des banques ont relancé le maire Aimé Koffi Djikounou dans un courrier où ils ont rappelé les démarches administratives légales effectuées dans l’acquisition de leurs terrains : paiement intégral du prix de vente ; établissement du plan de situation cadastrale en passant successivement par la direction de l’Aménagement et de l’Equipement rural, la direction générale de la cartographie et du cadastre pour obtenir la référence cadastrale ; confirmation du dossier auprès des services du chef du canton d’Aflao Sagbado et du chef du village de Lankouvi ; copie du dossier mise à la disposition de la préfecture du Golfe ».
Mais ce matin, ces acquéreurs perdront tout ce qu’ils ont mis des années à construire à travers privations et sacrifices. Les autorités resteront-elles insensibles à cette dépossession sans compensation ?
Godson K.
Source : Liberté