Rares sont les chefs d’État d’Afrique francophone au Sud du Sahara qui aiment leur pays, c’est le pouvoir qu’ils aiment. Ils souffrent du pouvoirisme, néologisme que j’emploie pour signifier que c’est une maladie de main basse sur le Pouvoir. Main basse sur les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Main basse sur les appareils répressifs d’États (armée, forces de l’ordre). Main basse infiniment grande sur le Pouvoir.
État des Lieux
Faure Gnassingbé 2005 à 2020 (15 ans et +) auxquels s’ajoutent les 38 ans de son père Gnassingbé Eyadema (plus d’un demi-siècle). Paul Biya du Cameron au pouvoir depuis 1982 (38 ans). Idriss Déby, couronné Empereur à la supplication du peuple tchadien, au pourvoir depuis 1990 (30 ans). Blaise Compaoré ex-président du Burkina Faso de 1987 à 2015 (27 ans). Denis Sassou-Nguesso du Congo depuis 1997 (23 ans). Paul Kagamé du Rwanda de 2000 à 2020+ (20 ans+). Joseph Kabila ex-président de la RDC (17 ans). Alpha Condé de la Guinée au pouvoir depuis 2010, modifie la constitution et vient d’être proclamé vainqueur aux élections, au début d’octobre, pour un troisième mandat consécutif. Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire au pouvoir depuis 2010 viole la constitution, trahit sa parole, brigue illégalement un troisième mandat consécutif et est déclaré élu avec un score à la soviétique de 94,27%.
Hypothèses Explicatives
Quelles peuvent être les causes du syndrome du pouvoirisme ? La principale est le goût morbide du pouvoir. Lorsqu’un journaliste lui en avait posé la question une fois, l’ex-président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev avait répondu que le goût du pouvoir est le même que la jouissance orgasmique quand on fait l’amour. Le penchant sexuel des chefs d’États africains serait donc le corollaire du goût du pouvoir.
Une seconde cause, et non la moindre, serait la morbidité du richissime qui pousse les chefs d’État africains à accumuler des richesses : capitaux financiers, biens matériels (voitures de luxe, avions, etc.), biens immobiliers dans leurs pays, en Europe et en Amérique du nord généralement en se conformant ainsi au grand mythe de l’Occident. Dans les sociétés africaines où la matérialité est signe de réussite sociale, les chefs d’État africains, leurs familles et leurs clans montrent leurs biens de manière ostentatoire au mépris des populations qui vivent dans l’extrême pauvreté sinon dans la misère.
Une troisième cause est le narcissisme pervers qui fait qu’en général les personnes se valorisent en rabaissant les autres. Pour avoir l’extrême autorité sur leurs ministres et autres collaborateurs, les chefs d’États africains qui souffrent du syndrome du pouvoirisme, ont tendance à les ridiculiser ou à les mépriser.
D’ailleurs, les ministres aussi éprouvent des symptômes du syndrome du pouvoirisme. Ils sont des acheteurs à la sauvette qui s’enrichissent l’espace d’un matin que durera leur fonction conditionnée par le bon vouloir ou la faveur du Président. « Qui est fou» pour ne pas se construire un château dans une banlieue tranquille et féerique de la capitale, une villa dans son village natal dont le sentier a été pavé par les services de travaux publics de l’État. Villa inhabitée et gardée par un neveu ou un cousin qui après les travaux champêtres dorent au clair de nuit ou dans l’obscurité totale.
Ainsi s’exerce l’épopée du syndrome du pouvoirisme en Afrique francophone. Un syndrome sans avenir.
Yao Paul Assogba
11 novembre 2020
Source : Liberté
Main basse sur les ressources et richesses du pays également ce sont leurs propriétés personnelles qui se confondent aux poches de leurs pantalons: la cleptomanie érigée en système de gouvernance…. ce sont de grands voleurs de véritables Ali baba ces chefs d’états en question