« Nul gouvernement ne peut-être longtemps solide sans une redoutable opposition » (Benjamin Disraeli)
On peut tout reprocher aux opposants ivoiriens de nouer et de dénouer des alliances pour détruire leurs adversaires politiques, mais eux au moins savent taire leur ego et faire bloc pour combattre l’adversaire commun quand leur intérêt ou celui de leur pays est en jeu. C’est ce sursaut qui manque cruellement à l’opposition au Togo. Ils sont tellement aveuglés par la haine et nourrissent de ressentiments les uns envers les autres, qu’ils n’arrivent pas à se défaire de carcan et œuvrer ensemble pour le bonheur des Togolais au nom desquels ils prétendent lutter.
Au Togo, les opposants préfèrent continuellement se donner des coups entre eux. Leur rage et leur colère ne sont pas dirigées contre un système en place depuis des décennies, mais contre d’autres opposants, laissant le champ libre à l’adversaire. Conséquence, la dictature vieille de 53 ans des Gnassingbé, la « Corée du Nord de l’Afrique » comme on l’appelle, a le vent en poupe et ne cesse de prospérer. Les opposants ont rendu la tâche tellement facile à la minorité qui a pris en otage le pays que les Togolais qui se sont tant donné, sont complètement épuisés, résignés et croient de plus en plus difficilement à l’avènement d’une aube nouvelle au Togo.
A l’instar de son père, Faure Gnassingbé n’est pas disposer à lâcher le fauteuil présidentiel. Malheureusement, en face il ne trouve aucune résistance, aucune opposition. Après avoir longtemps surfé sur une constitution taillée sur mesure par son père, notamment la levée du verrou de la limitation pour enchaîner les mandats présidentiels, Faure Gnassingbé se décida à opérer des réformes à minima et selon ses convenances et intérêts. Il tritura, gomma à son tour la loi fondamentale pour, d’abord se donner l’impunité à vie et ensuite remettre le compteur à zéro lui permettant de s’octroyer en plus des trois mandats déjà effectués, deux mandats supplémentaires jusqu’en 2030. En attendant.
Quelques indolentes condamnations ont été proférées ici et là, rien de plus. Et les forfaitures sont passées comme une lettre à la poste. Au lendemain de la mascarade électorale du 22 février 2020 consacrant le 4èmemandat de Faure Gnassingbé, les opposants ont repris leur sport favori : des attaques, des querelles partisanes. Il ne se passe pas de jour sans que militants ou responsables de l’opposition ne se donnent en spectacle sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, Faure Gnassingbé et les siens déroulent en toute quiétude leurs agendas cachés.
Quand on est responsable politique, on devient comme une poubelle dans laquelle on jette toutes sortes d’ordures et de détritus. Quand on aspire à diriger un pays, il faut prendre de la hauteur, être capable de dépassement de soi, cultiver des valeurs qui fondent le vivre ensemble. Tant que les leaders de l’opposition ne sortiront pas de la lutte des clans et des querelles intestines pour proposer des alternatives sérieuses aux Togolais, la lutte sera toujours dévoyée et on ne sortira jamais des sentiers battus. A moins que ceux des opposants qui aiment répondre à tout et à n’importe quoi aient d’autres desseins inavoués !
Médard AMETEPE
Source : Liberté