Dans l’une des ses sorties, le célèbre journaliste togolais Luc Abaki propose aux Africains « de jeter le panafricanisme par dessus bord et de continuer à naviguer sans lui. »
Cette posture est à première vue choquante, parce que l’auteur touche au culte, au sacré.
Quand l’on y regarde en profondeur, la question suivante se pose: «Et s’il a raison?»
LE PANAFRICANISME
Edward, Anténor, W.E.B, Joel, Marcus, Osagyefo, Sylvanus ont magnifiquement conceptualisé le panafricanisme:
« mouvement et idéologie politique; indépendance totale de l’Afrique; solidarité entre Africains et personnes d’ascendance africaine; émancipation de l’Afrique aussi bien socialement, politiquement, culturellement, économiquement; organisation politique intégrée à toutes les nations et peuples africains. »
Non seulement les ténors ont conceptualisé le panafricanisme avec brio, mais ils ont intelligemment commencé à le mettre en œuvre à travers un mouvement monstre de retour en Afrique, la lutte pour les indépendances, la création d’un système économique, culturel, politique, économique authentiquement panafricain et qui fait le pont avec celui des autres continents.
Ils sont hélas partis sans avoir fini le travail et il appartient à leur progéniture de l’achever et de le parfaire.
LE PANAFRICANISME DE NOS JOURS
Les figures du panafricanisme ont réfléchi à tout, c’est-à-dire à la définition du concept et à son application.
Alors que la mission de la présente génération est d’avancer dans sa concrétisation, de l’adapter quand c’est nécessaire, elle se perd malheureusement dans tout.
Ainsi, se prend-elle pour la conceptrice, patauge dans sa définition, en développe différents courants, y catégorise les uns et les autres et ce, au lieu de dégager un consensus utile à la cause commune africaine.
Les néo-panafricains sont dans un « fourre-tout », dans le bavardage inutile, la satisfaction individuelle, sans résultat collectivement viable et durable.
Sur le terrain, aucune action concrète ne se dégage et qui conduit à l’indépendance effective de l’Afrique.
La solidarité africaine a disparu au profit de l’individualisme, des intérêts partisans.
Les relais locaux assiègent le continent. L’économie, le social, le politique et le culturel panafricains sont complètement détruits et remplacés par un système de domination.
Le concept est complètement vidé de son contenu de sorte que chaque « néo-panafricain » agit comme bon lui semble.
Le bilan actuel des nouveaux porteurs du panafricanisme est par conséquent nul. Cette situation explique d’ailleurs la désagrégation de l’Afrique.
Dans ce cas de figure, si l’on réfléchissait à autre chose comme le propose Luc Abaki et qui réunit enfin de patriotes Africains autour d’un projet réaliste, consensuel de libération et de reconstruction du continent?
Se Osagyefo Asafo