Je l’ai dit depuis le début de cette crise ouest-africaine qui commence sérieusement à s’enflammer : quand il s’agit du Mali, les Maliens, pourtant des gens réputés discrets et humbles, deviennent radicaux et semblent ne plus avoir de limites.
On rencontrera très difficilement dans cette Afrique moralement brisée un peuple aussi fier de son pays qui, pourtant, quand on considère les indices actuels de développement (taux de scolarisation, PIB, infrastructures, industrialisation…) ne présente presque rien pour qu’on en soit fier.
Ce discours du Premier ministre malien Abdoulaye Maiga à la tribune des Nations Unies, qui viole tous les codes diplomatiques, et qui, sans aucun doute, fera date dans l’histoire politique de l’Afrique contemporaine, est le signe de tout un peuple poussé à bout par le mépris et la condescendance avec lesquels on les traite depuis des mois maintenant.
Et il y a une réalité qu’il ne faudrait pas ignorer: aucun de ces jeunes militaires au pouvoir actuellement au Mali n’est un analphabète. Ils sont, au contraire, très instruits, tous sortis de prestigieuses écoles militaires ou civiles, et ne sont prêts à accepter les intimidations de qui que ce soit.
Ça change carrément des paradigmes du militaire analphabète qui s’empare du pouvoir et qui se fait impressionner et manipuler par n’importe qui.
Monsieur Alassane Ouattra (à qui on doit expliquer je ne sais dans quel langage qu’il n’est plus le seul détenteur d’un doctorat en Afrique de l’Ouest, et que beaucoup d’Ouest-africains ont également des diplômes de Master et de doctorat frais établis sur ordinateur en PDF et non de vieux doctorats saisis à l’encrier), Monsieur Bazoun, et les autorités françaises qui ont pris beaucoup de balles (amplement méritées) dans ce discours, doivent le comprendre désormais. On ne réglera pas problème malien à coup d’injures et d’humiliations contre le Mali.
Il est temps, maintenant, que tout ceci cesse et que la paix revienne entre les voisins. La sous-région ouest-africaine a trop de problèmes pour se laisser ainsi déchirer.