Les Togolais ne sont pas au bout de leurs peines. Plongés dans les profondeurs de la vie chère depuis plusieurs mois, ils subissent une nouvelle catastrophe. Mme Victoire Tomégah-Dogbé et sa clique ont décidé d’augmenter le prix du carburant. La mesure entre en vigueur ce vendredi 11 juin 2021.
C’est une surprise désagréable pour les consommateurs togolais. A partir de ce vendredi 11 juin 2021, les Togolais doivent dépenser plus pour leur déplacement. Dans l’arrêté interministériel N° 018/MCICL/MEF/MDPREM rendu public hier jeudi, le gouvernement a décidé de revoir à la hausse le prix du carburant. Ainsi, le super sans plomb passe de 425 FCFA à 505 FCFA, le pétrole lampant est cédé à 400 FCFA contre 375 FCFA ; de 450 FCFA le gas-oil se vend à 520 FCFA désormais et le mélange deux temps se livre à 606 FCFA contre 532 FCFA. La dernière baisse des prix remonte à mai 2020, il y a an.
Cette décision du gouvernement est tout sauf attendue, principalement à cause de la situation économique des ménages. Il n’est un secret pour personne que les Togolais ont de plus en plus de mal à s’offrir des conditions de vie décente. Certes, c’est une situation mondiale, mais dans d’autres pays, les gouvernants prennent des dispositions afin de minimiser l’impact de la crise sanitaire et économique sur les populations. Malheureusement, la nouvelle hausse montre que l’équipe conduite par Victoire Tomégah-Dogbé rame à contre-courant.
Et pour cause, depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus, le Togo a pris plus de mesures impopulaires que celles qui vont dans le sens du bien-être de la population. Pour soutenir les ménages, un fonds de solidarité a été mis en place. Plusieurs mois après son opérationnalisation, très peu de Togolais en ont bénéficié. Le choix de la carte d’électeur comme document d’identification a exclu plusieurs milliers de foyers vulnérables.
Sans donner le temps à la population de souffler et de sortir de cette crise qui les affecte profondément, le gouvernement sort une litanie de nouvelles taxes. La taxe sur les véhicules à moteur (TVM) a été instaurée et rendue obligatoire. Pour les déplacements, les usagers sont obligés de payer un peu plus qu’avant au niveau des péages. Longtemps exemptés de taxes, les véhicules à deux roues sont désormais soumis au paiement d’un ticket de péage. Ajoutées aux différentes taxes, les restrictions sur le nombre de passagers dans les véhicules ont fait grimper les prix du transport qui ont simplement doublé. La situation a été rendue plus difficile par le refus du gouvernement de rouvrir les frontières. Une aubaine pour les forces de défense qui font traverser les voyageurs dans la clandestinité moyennant des montants imposés. Pendant ce temps, les prix des produits de première nécessité poursuivent leur courbe ascendante. Tout est devenu cher. L’Agence nationale de la sécurité alimentaire du Togo (ANSAT) a sorti ses réserves de céréales pour endiguer la flambée des prix. Elle n’y est pas encore parvenue.
La nouvelle hausse des prix ne vient que compliquer une situation déjà alarmante. Pourtant, Victoire Tomégah-Dogbé et ses collaborateurs savent que les Togolais ne tiennent plus qu’à un fil. Mercredi, le Conseil de concertation entre l’Etat et le secteur privé a eu lieu sous la présidence du Premier ministre. « Il s’est agi de faire le point sur la situation économique actuelle, les initiatives opérées afin de faire front et de retrouver une bonne dynamique, et surtout, de présenter les différentes propositions de part et d’autre », écrit republiquetogolaise.com qui souligne que « les orientations gouvernementales continuent de reposer sur la ‘Stratégie des 3R’ (Riposte, Résilience et Relance)».
Participant aux échanges, l’économiste guinéen Carlos Lopes qui conseille la présidence de la République sur le Plan national de développement (PND), a indiqué que l’Afrique est « la région la moins infectée, mais la région la plus affectée ». Allusion faite au coronavirus et à ses conséquences sur les pays. « Le temps presse, le combat est rude, mais nous devons le gagner. Ensemble, nous devons agir vite », a renchéri Mme Tomégah-Dogbé.
Ces analyses et propos contrastent bien évidemment avec les actions du gouvernement. Si la cheffe du gouvernement était cohérente dans ses décisions, l’augmentation du prix du carburant aurait été renvoyée à une date ultérieure. En période de crise et d’Etat d’urgence sanitaire, de telles décisions impopulaires ne doivent pas être prises. Il revient au gouvernement, détenteur des ressources du pays d’encaisser les coups, de supporter les factures en attendant que la situation redevienne normale. Alors que sous d’autres cieux, les gouvernements réfléchissent à des plans de relance, Victoire Tomégah-Dogbé ne songe qu’à appauvrir davantage ceux dont ils auraient reçu le mandat. Si « gouverner autrement » est synonyme de détérioration des conditions de vie des Togolais, autant ne pas le faire.
G.A.
source : Liberté