Depuis plusieurs semaines, l’Université de Lomé (UL) est secouée par une crise sans précédent. Les mouvements de grève se multiplient, et les autorités universitaires, à leur tête le Président de l’Université, Professeur Adama Kpodar, semblent incapables de rétablir l’ordre. Pire, celui qui avait été nommé pour pacifier la situation semble en réalité l’envenimer. Les enseignants-chercheurs et le personnel administratif et technique (PAT) de l’UL ont organisé un nouveau sit-in ce jeudi 23 mai, marquant ainsi leur détermination à aller jusqu’au bout de leurs revendications. Mais, que se cache-t-il réellement derrière cette agitation ?
Les revendications du personnel universitaire
Les revendications des manifestants sont claires : le paiement du reliquat des accords de 2011, soit 10 mois d’arriérés, et le paiement du solde des 5 et 10 % de salaire offerts par le Chef de l’Etat en 2020 et 2022, en guise d’atténuation de la cherté de la vie. Le Ministre de l’Enseignement Supérieur, Ihou WATEBA, estime que ces allocations ne sont pas dues, contrairement à ce que les manifestants réclament. Ces revendications, loin d’être nouvelles, prennent aujourd’hui une tournure plus radicale, avec des appels à la démission du Ministre WATEBA.
Le rôle ambigu du Professeur Adama Kpodar
Des sources internes révèlent que le Professeur Kpodar aurait initialement fait partie du groupe des frondeurs, ceux-là mêmes qui exigent désormais la démission du ministre WATEBA. Cette proximité avec les contestataires soulève des questions sur son rôle réel dans cette crise. Est-il un médiateur sincère ou un manipulateur profitant de la situation pour ses propres fins ? Sa gestion hasardeuse et ses prises de position ambiguës laissent croire qu’il pourrait bien jouer un double jeu.
Le Professeur Kpodar a récemment rappelé l’illégalité de la grève annoncée pour les 23 et 24 mai 2024, en se référant à l’article 39 de la Constitution togolaise et à d’autres textes législatifs. Il a menacé de sanctions disciplinaires les personnels enseignants et PAT qui participeront à la grève. Cependant, cette posture autoritaire contraste fortement avec son engagement affiché pour le dialogue et la concertation.
Un leadership défaillant
Le Président de l’Université de Lomé semble avoir atteint ses limites dans la gestion de cette crise. Ses tentatives de répression des mouvements de grève, en contradiction avec ses appels au dialogue, illustrent son incapacité à gérer les tensions de manière cohérente et efficace. Les manifestants, de leur côté, restent déterminés à obtenir satisfaction de leurs revendications et annoncent d’autres actions d’envergure.
Le Professeur Kpodar, loin d’apaiser les tensions, semble plutôt les exacerber, agissant comme un « pompier pyromane ». Cette situation délétère ne fait qu’aggraver le malaise au sein de l’université, fragilisant davantage une institution déjà éprouvée par les conflits internes et les règlements de compte. Qui tue par épée périt par épée. Cette maxime loin d’être anecdotique, illustre sans doute ce qui se joue actuellement à l’Université de Lomé. Les jours à venir nous édifieront davantage.
Le Président de la République se doit de réagir face à cette situation qui menace de paralyser durablement l’Université de Lomé. La méthode Kpodar montre clairement ses limites, et il est impératif de prendre des mesures fortes pour restaurer la confiance et la sérénité sur le campus. Ignorer la profondeur de cette crise ne ferait qu’accentuer les frustrations et les tensions.
Un avenir incertain pour l’Université de Lomé
L’Université de Lomé est aujourd’hui à un carrefour décisif. Les frondeurs promettent de poursuivre leur lutte jusqu’à la « satisfaction totale » de leurs revendications, et les jours à venir seront déterminants pour l’avenir de cette institution. Les dirigeants de l’UL, englués dans des querelles intestines et des jeux de pouvoir, semblent incapables de répondre aux aspirations légitimes de leur personnel.
Le futur de l’Université de Lomé dépend désormais de la capacité des autorités à écouter et à répondre aux besoins de leur personnel, et surtout de l’intégrité et de la transparence de leurs dirigeants. Sans cela, l’UL risque de continuer sa descente aux enfers, au détriment de ses étudiants et de son personnel.
Il est temps pour le Président de la République et pour l’ensemble des autorités concernées de prendre des décisions courageuses pour sauver l’Université de Lomé de cette crise autodestructrice. Le maintien du statu quo n’est plus une option viable, et des actions concrètes doivent être prises pour restaurer la confiance et l’harmonie sur le campus.