Seize (16) ans après ce qu’on avait appelé la « catastrophe gnassionale », c’est-à-dire le décès de Gnassingbé père le 05 février 2005, l’ombre de ce dernier continue de planer sur le pays. Dadja est mort, vive Dadja ! Certains évènements qui ont marqué le long règne du général et qui ont été tronqués continuent d’être célébrés par le fils.
Hier dimanche 24 janvier 2021 marquait le 47è anniversaire de l’attentat de Sarakawa. « Le président Faure Gnassingbé devrait assister dans la journée à une cérémonie au mémorial où se trouve l’épave de l’avion sur le site même du crash », nous apprend republicoftogo.com. Evidemment tout l’attirail du pouvoir, tout de blanc vêtu, devrait se transporter sur les lieux où gisent les carcasses de l’appareil.
Selon les récits tel que racontés par le régime, le 24 janvier 1974, le DC3 à bord duquel se trouvait le président Gnassingbé Eyadema s’écrasa à Sarakawa dans un village au Nord du Togo, suite à un sabotage de l’appareil. Le Timonier, (Général Eyadema) ainsi que plusieurs de ses compagnons étaient sortis indemnes du crash. Mais il a été présenté jusqu’à ce jour comme le seul survivant et avait été gratifié du surnom laudatif de « miraculé de Sarakawa ». Il aurait failli payer de sa vie, parce qu’il avait refusé de se laisser corrompre par les impérialistes de la CTMB. A défaut de pouvoir le corrompre, on s’était pris à sa personne, on voulait l’éliminer physiquement. L’année 1974 était baptisée pompeusement les «trois glorieuses».
Mais cette version est battue en brèche par d’autres sources qui affirmèrent que Gnass père n’était pas le seul à sortir indemne de cet accident et que plusieurs de ses compagnons avaient survécu. L’attentat de Sarakawa tel que raconté avait été aussi démenti par certains historiens. Qui affirment que l’accident était dû à une surcharge de l’appareil bourré de victuailles pour les festivités à Pya et que les passagers de l’avion présidentiel ont raconté que les pilotes en avaient fait la remarque à Eyadema qui ne s’en était guère soucié. Mais la suite, on la connaît.
La « fable de Sarakawa » comme l’affirment les jaloux des acquis du Timonier, est marquée par le retour triomphal le 2 février. De Lama-Kara à Lomé, tout vêtu de blanc, le «miraculé de Sarakawa » est ovationné par la population le long de la route baptisée pour la circonstance « Itinéraire de la Victoire ».
« L’accueil de la capitale, le 2 février 1974, fut haut en couleur, indescriptible. Pour l’accueillir, les Loméens, ivres de joie, avaient grimpé sur les toits, sur les arbres. Les femmes pleuraient. Les rues étaient noires de monde ; des enfants agitaient des drapeaux : Vive Eyadema ! », raconte feu Siméon Occansey dans son ouvre « Si Eyadema m’était conté».
source : Liberté