Elles sont actuellement 5 personnes en détention à la prison civile de Lomé, suite à leur arrestation le mardi 20 août 2019. Sur les 15 personnes arrêtées, 10 ont été libérées après les démarches de leurs proches. Les effets personnels des personnes arrêtées ont également disparu.
L’affaire du litige foncier entre les populations de Gbamakopé (canton de Togblékopé) et la famille Kpassra n’est pas encore terminée. Au contraire, les difficultés pour ces populations ne font que commencer, malheureusement. Dans notre parution N° 2986 du mercredi 21 août dernier, nous avions évoqué les courses-poursuites accompagnées de jets de pierre et de tirs de grenades lacrymogènes, ainsi que les arrestations qui ont eu lieu dans les rangs des habitants de cette localité.
Depuis, les informations nous parviennent quant aux conditions dans lesquelles les échauffourées ont démarré et la suite que les éléments des forces de l’ordre ont réservée aux personnes arrêtées. En effet, ce jour-là, les populations avaient décidé de se réunir sur le terrain de l’école de la localité, après avoir été empêchés la veille de tenir une conférence de presse pour situer l’opinion. « Nous avions décidé de nous réunir sur le terrain pour montrer que nous sommes contre ce qui se fait dans notre localité. Les terres nous appartiennent, d’autres sont venus les acheter pour y vivre et on se réveille un jour avec des gendarmes devant nos portes et des inscriptions sur nos murs », relate un habitant.
A l’en croire, et comme l’ont souligné d’autres sources, ce rassemblement était pacifique, puisque les gens n’avaient rien sur eux qui puisse être assimilé à des objets dangereux. « Nous étions là quand les forces de l’ordre nous ont demandé de partir », poursuit la source. Pour pousser les populations à exécuter cet ordre, des grenades lacrymogènes auraient été lancés dans la foule, provoquant sa dispersion. S’ensuivent alors les courses-poursuites.
Tout ce qui bougeait était pris pour cible et très rapidement, les premières arrestations ont été enregistrées, même dans les rangs de ceux qui avaient quitté le rassemblement avant sa dispersion. C’est ainsi qu’un groupe de jeunes a été arrêté. « Nous étions devant la maison d’un frère quand nous avons vu les gendarmes approcher. Nous avons alors quitté la route de peur d’être pris pour les jeunes qui lançaient les cailloux. Ils nous ont dit de les suivre pour un contrôle d’identité », relate une autre source.
Cette invitation était en fait un piège qui allait se refermer sur ces jeunes. « Nous les avons suivis sur près de 500 mètres. Et arrivés sur le terrain où se trouvait une meute de soldats, ils se sont rués sur nous et ont commencé par nous taper. Les coups venaient de partout et atteignaient toutes les parties du corps. Ils nous donnaient les coups sur la tête, le dos, les pieds, sans distinction. J’en suis sorti avec des ecchymoses un peu partout », décrit-elle.
Ce jour-là, au moins une quinzaine de personnes ont été arrêtées, battues et envoyées au Commissariat de Djagblé. C’est le début du calvaire pour certaines d’entre elles. Quelques heures après, le groupe a été conduit à la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) puis à la Direction générale de la Police nationale (DGPN) où il a passé sa première nuit de détention. « Le lendemain de leur arrestation, soit le mercredi 22 août, 6 d’entre eux ont été libérés. Le jeudi, quatre autres ont recouvré la liberté. Il restait alors 5 personnes en détention », précise un jeune.
Pour obtenir leur libération, ces personnes ont eu recours à des proches qui ont contacté d’autres proches et ainsi de suite. « Mon frère m’a appelé disant qu’il a été arrêté. C’est deux jours après que j’ai pu rentrer en contact avec quelqu’un qui a facilité sa libération. Qu’il rende grâce à Dieu », poursuit notre interlocuteur.
Malheureusement, les 5 personnes restantes ont été déférées à la prison civile de Lomé. Leur faute, ne pas connaître quelqu’un qui a des relations dans le sérail pour plaider leur cause. Il s’agit, selon nos sources, d’Agamakou Ayawo, Kombaté L., Vignon Koffi (un vieillard), Ametonhanou Mawouli et Séwavi Pierre. Les deux derniers de la liste sont des maçons et étaient dans la localité pour exécuter des travaux pour le compte de leur client.
Ce que l’on déplore, outre les violences et la détention, c’est que les affaires personnelles qu’avaient la quinzaine de personnes d’arrêtées n’ont plus été rendues. Téléphones portables, argent, tout a disparu.
G.A.
source : Liberté