libye Soupçonnés d’être des mercenaires à la solde de Kadhafi, les Subsahariens sont victimes d’abus
La délicate période de transition qui s’ouvre en Libye échappera-t-elle aux abus et règlements de comptes ? Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, les travailleurs et migrants noirs en Libye sont devenus la cible des rebelles, voire des civils. Les arrestations arbitraires et abus se multiplient, selon Human Rights Watch (HRW). « Il ne fait pas bon avoir la peau foncée en ce moment à Tripoli », a expliqué Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au sein de l’ONG. Les rebelles soupçonnent ces migrants et travailleurs africains de faire partie des mercenaires tchadiens, soudanais, nigériens, maliens et autres que le colonel Kadhafi avait fait venir au début du soulèvement pour défendre son régime en leur promettant un bon salaire.
« Tolérance zéro »
La Fédération internationale des droits de l’homme estime que 6 000 d’entre eux étaient en Libye en février. Impossible de savoir combien ils sont aujourd’hui, ni combien sont morts. Mais en l’absence de certitude, tous ceux qui ont la peau noire sont désormais considérés comme suspects.
Avant le soulèvement, la Libye comptait 1 à 2 millions de travailleurs subsahariens. HRW déclare « ne pas avoir trouvé la preuve de meurtres d’Africains à Tripoli ou d’abus systématiques des détenus », mais assure que les arrestations et abus fréquents ont semé la peur auprès de ces hommes et ces femmes. Le problème a été abordé lors de la conférence sur la Libye à Paris. Plusieurs chefs d’Etat d’Afrique noire se sont inquiétés du sort de leurs ressortissants. Hier encore, le Nigeria a protesté auprès du CNT et demandé au Royaume-Uni et à la France de « faire cesser ces meurtres ». Le Quai d’Orsay assure être « vigilant ». « Dans l’esprit de l’appel au pardon de Nicolas Sarkozy à la conférence de Paris, on a dit aux Libyens d’être très vigilants là-dessus et d’avoir une tolérance zéro sur de telles exactions commises sous prétexte de couleur de peau », affirme Bernard Valero, son porte-parole. Le CNT a promis d’être lui aussi très attentif et d’assurer une transition pacifique. Reste à voir s’il sera entendu sur le terrain.