Le Togo futur, probablement très proche de nous, pourrait-il aussi relever du hasard du simple alignement des étoiles ? En dictature tout est possible, même l’irrationnel, l’incompétence souvent, l’arbitraire surtout…
Dans tous les cas, c’est le hasard de l’incompétence qui a présidé à la validation du « Mémoire de l’avocat du journal LIBERTÉ » par la Chambre administrative de la Cour suprême du Togo. Le même hasard de l’incompétence qui avait conduit à l’abus de pouvoir ayant motivé la condamnation du journal LIBERTÉ par la HAAC, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, le 1er février 2023.
Décidément, le Togo ne tient qu’à un mince fil dégradé de l’arbitraire triomphant, de l’injuste discrétionnaire et de l’illégal permanent. Pire encore, la décision de validation d’un démembrement de la Cour suprême du Togo qui redonne droit de parution à LIBERTÉ n’existe nulle part pour consultation, pour lecture, au moment où ces lignes sont écrites.
À ce niveau élevé d’une juridiction à prétention nationale, la Cour suprême du Togo, cela ne devrait pas être la pratique. LIBERTÉ paraît et réapparaît jusqu’à nouveau désordre. L’aléatoire… C’est aussi le propre des dictatures comme celle qui sévit au Togo : l’ordre y est éphémère, momentané, provisoire, épisodique, très variable, à la limite de l’informel et en plein dans la confusion totale.
C’est probablement cette confusion qui fait dire à un citoyen togolais que : « Faure Gnassingbé possède une vision politique… Cette vision politique est la confiscation du pouvoir. » Cette énormité est dite en 2023 au pays de Sylvanus Olympio. Cette absurdité langagière réveille par le coup violent qu’elle donne au ventre de chaque Togolais. Cette forme d’outrage à la bonne gouvernance témoigne parfaitement du clair-obscur qui régente le Togo depuis trop longtemps et a fini par déteindre sur le subconscient de certains citoyens togolais.
Manifestement, la politique routinière ombre-lumière, père-fils, qui se pratique au Togo ne fait pas que semer la confusion. Cette politique a pour dominante les ténèbres stationnaires ou en mouvements, ici et là repris, du Gabon au Tchad, du Cameroun à l’Ouganda et au Congo, avec des contrastes en Côte d’Ivoire, au Niger, au Sénégal, etc. Cette politique contamine dangereusement les esprits.
Mélange du Genre… Ombre-Lumière
Non ! La confiscation du pouvoir n’est pas une vision politique, quoi qu’on dise et quoi qu’on prétende. Pourquoi ? Parce que la Politique possède une visée aristotélicienne autre que sa simple conservation, Faure Gnassingbé n’a aucune vision politique, foncièrement noble, à faire valoir pour le salut du Togo. Les Togolaises et les Togolais l’auraient d’ailleurs su depuis bien longtemps, depuis tout le temps qu’ils ont payé le lourd tribut pour la succession du fils au père.
La visée de la politique, le but de la politique, c’est l’art de la gestion bonne de la cité et de la chose publique ; c’est de l’Éthique publique dont il s’agit… C’est donc dans l’Éthique publique que la vision politique se forme, s’articule, s’énonce, se déploie, se mesure et se fait apprécier de tous et de chacun. Faure Gnassingbé n’a aucune vision qui soit politique. Il ne faut aucunement pas confondre le mal au bien, mélanger une chose et son contraire.
Désespérément, le régime togolais déploie ses ailes pour s’approprier l’air du temps panafricain qui souffle de nouveau sur toute l’Afrique. Désespérément, ce régime ne peut incarner que les deux seuls rôles abandonnés par le reste des acteurs politiques continentaux : le tragique ou le burlesque, les interdictions des médias ou les détournements du fonds Covid-19. Boulimique, trop souvent le régime s’empare des deux rôles disponibles avec maladresse, gloutonnerie et rapacité.
Malgré tous les déguisements et les voies de contournements empruntées, la plus longue dictature sur le continent africain, le régime togolais, se fait reconnaître partout où il passe, au point de devenir la mascotte d’un temps révolu dont tous ses tenants n’arrivent pas à échapper où qu’ils se retrouvent. Sauf s’il est en séjour dans une autre dictature, Faure Gnassingbé lui-même doit pratiquement fuir la diaspora togolaise ; c’est ce que font d’ailleurs tous ses ministres en voyage à l’extérieur des frontières du Togo.
La dictature collée au visage comme leur seul sourire, les Togolaises et les Togolais n’en peuvent plus de voir leur dignité bafouée partout où ils passent, à cause d’une liberté si longtemps confisquée. Celle du journal LIBERTÉ est au moins de retour. Pour combien de temps avant l’inéluctable grand soir de l’effervescence générale ? C’est déjà ça !
PSA
Québec, Canada
6 mars 2023