Pile et face, sentiments mitigés, libération de Bodjona, regards croisés, On ne peut pas, dit-on, plaire à Dieu et au monde. Dans les moments de gloire et de détresse, il y a plusieurs courants : ceux qui s’en réjouissent et applaudissent pour le premier cas, ceux qui grincent les dents pour le second. Pascal Akoussoulèlou Bodjona a vu de toutes les couleurs du genre humain. Son étape qualifiable de zone de turbulence de la vie lui devrait permettre de connaitre le genre humain qui se résume à l’hypocrisie. Après plus de 500 jours passés derrière les barreaux, il s’en est sorti, n’en déplaise à ceux qui se réjouissent de l’avoir quand même arrêté, pour atteindre l’objectif de l’humiliation. Plus fort et plus dynamique que jamais, la libération de Pascal Bodjona n’est pas du goût de tout le monde. Alors que ses amis, proches et sympathisants jubilent de joie et d’allégresse, ses ennemis, grincent les dents et se rongent de colère. Accusé d’escroquerie internationale dans une affaire qui cache un acharnement politique, le politicien togolais a mené un combat contre une justice aux ordres pendant plus de 4 ans avant d’encore une issue, si elle est définitive. Chronique d’un chemin de croix d’un homme politique qui, malgré toutes les trahisons a gardé la tête sur les épaules face à l’hypocrisie humaine.
Une discussion informelle tenue il y a deux ans avec l’actuel ministre togolais des Mines et de l’Energie, Marc Ably Dèdèriwè BIDAMON avait permis de comprendre le caractère opportuniste et hypocrite de l’être humain. Selon lui, lorsqu’il était aux affaires, il y avait qui défilaient à longueur de journée au domicile comme au bureau pour clamer à qui veut l’entendre qu’il est un frère et ami. Services, demandes pour des problèmes, affaires, il y en avait à gogo. Le jour même où il a été sauté de la direction des Douanes, comme par magie tous ceux là ont disparu. Son téléphone qui ne cessait de sonner à comme presque perdu le réseau. Aucun appel pendant toute une journée. Pire, Marc est allé loin, un de ses meilleurs amis qui l’avait aperçu dans un super marché pendant cette période s’est caché dans sa voiture et l’a vu partir avant de sortir.
Cette réalité est courante, et a sans doute aussi frappé Pascal Bodjona. Tous ceux se régalaient de lui alors qu’il était le bon samaritain aux affaires ont ignoré son existence lorsque ses problèmes ont commencé. Il y en avait qui avait cessé de passer devant son domicile. Certains ont même œuvré pour empirer sa situation, s’adonnant à des témoignages des plus cruels. Mais curieusement, comme il est difficile de scanner l’hypocrisie à l’œil nu, il était perceptible de voir, donner dans des joies et satisfactions mesquines, les mêmes détracteurs circuler au domicile de l’ancien ministre samedi dernier, le jour même de sa libération. Il y en avait qui forçaient le sourire, d’autres qui se contentaient de rester dans la masse en évitant de croiser Pascal ou Zaina non pas pour partager la joie de la famille mais pour s’assurer que tout allait bien, et s’il s’était remis de l’humiliation à lui infligée.
Beaucoup de cette gamme de IMG-20160206-WA0010visiteurs sont repartis penauds, tout confus en raison de la vitalité et de l’énergie que dégageait l’homme de Kouméa qui devrait plutôt penser que c’est sa seule famille qui était son ultime soutien dans toutes les épreuves. La famille résumée à son infatigable épouse dans cette affaire, Zaina, à ses enfants, Junior et sa sœur qui ont subi avec courage, persévérance, espérance stoïque la traversée de désert de leur père, de la gendarmerie à la prison de Tsévié ou dame Zania et fils maîtrisent désormais sur le bout des doigts.
Logiquement, il ne s’agissait pas de chute dans l’interprétation de cette période de la vie de Pascal Bodjona, mais un revers de la gloire, vécue comme une réincarnation qui aura permis de renaître en transformant l’existence passée en valeurs susceptibles de déclencher de nouvelles énergies pour l’avenir. C’est une interprétation des initiés des sciences ésotériques.
Bref, beaucoup ont intérêt que Pascal Bodjona soit libre, soit aux affaires, soit dans des activités pour continuer à nourrir les intérêts qu’ils avaient à être avec lui, et beaucoup d’autres n’ont aucun intérêt à voir ce monsieur en liberté, pour sans doute des raisons à continuer à mener la vie de délation et de notoriété factice.
Nous avons choisis cet angle informationnel du dossier Pascal Bodjona tout simplement parce que tout le reste concernant les contours de son arrestation, de sa détention et de sa libération a été dit. En témoigne notre journal en ligne dont l’article sur la libération a été lu plus de 12 milles fois. Tous les angles ont été traités, reste celui de la remontrance à l’endroit de l’homme, l’être humain, dans sa mesquinerie, dans son hypocrisie et dans sa nature d’homme animal féroce et impardonnable. Les uns, ses amis, jubilent, les autres, ses ennemis sont furieux, nous l’allons démontrer.
Des amis à la limite
Même si on ne peut pas lire chez eux des indicateurs de sincérité, ils sont nombreux, ceux là qui, se trouvant dans une situation naturelle de redevance à Pascal Bodjona sont obligés d’être avec l’homme dans ses moments difficiles. Ils savent que son absence a crée une privation dans leur vie, dans leur entourage. Ils se comptent au bout des doigts ceux qui ont un minimum à donner comme Pascal le fait. Il y a en qui ont de la richesse à couler dans les puisards et à donner aux chiens mais qui, pour maquiller la pauvreté baignent dans l’insuffisance. Habits délavés, véhicules modestes, apparence pauvre, pour se donner l’occasion de refuser le partage avec les autres. Les spirituels appellent cette attitude de la malédiction.
Il y a a parmi ceux qu’on peut appeler les amis de Bodjona, ceux dont l’existence politique passe par lui. Ils s’inspirent de l’homme, ils réagissent par rapport à l’homme et veulent le voir au firmament d’une carrière politique. Ils ont l’obligation de croire à la réincarnation de l’homme, réincarnation politique bien entendu. Ceux-là ne sont pas forcément attachés par des intérêts matériels.
La troisième catégorie est constituée de ceux qu’il est permis d’appeler la liste d’attente. Même en prison, Pascal Bodjona nourrissait l’espoir de vie pour de milliers de jeunes qui pensent que le retour de l’homme pouvait être synonyme de la réussite de leurs affaires, de la bonne marche de leurs associations, et de la réussite de leur vie. Ils étaient nombreux ceux la au domicile du ministre le jour même de sa libération.
La dernière catégorie regroupe les aventuriers ; des profiteurs d’occasion. Pour eux, Pascal est libéré, il y a la fête à son domicile. Un petit crochet peut permettre d’arracher quelques billets de francs CFA, à défaut quelques cannettes de boisson. Cette catégorie n’intervient pas que dans un cas comme celui de Bodjona, mais dans plusieurs autres occasions de bombance.
Les ennemis jurés.
Ils sont composés de plusieurs ministres, anciens ministres, députés et hommes politiques dont la présence et l’existence politique de Pascal Bodjona leur crée de véritables insomnies.
Un conseiller de Faure, d’après nos informations, ayant appris la libération de Pascal Bodjona s’est d’abord posé la question pourquoi le Président à osé accepté cela, avant de lancer que Faure sera obligé de l’envoyer en mission dans un autre pays. Pour lui, il ne peut pas vivre au Togo avec un Pascal Bodjona en liberté. C’est vrai, ce conseiller a pris l’affaire de Bodjona comme une affaire personnelle en multipliant la pression et des manœuvres de toute sorte pour que l’homme politique reste en prison aussi longtemps que possible. Cet homme a des adeptes qui ne cachent pas leur haine pour le politicien de Kouméa. Ils sont reconnaissables dans leurs discours du genre, l’instruction se poursuit, la procédure doit continuer, pourquoi il est libéré, on doit connaître la vérité, on n’est pas allé dans le fonds du dossier etc.
Or, selon les juristes, ce dossier, trainé en instance et en appel, devant la cour de justice de la CEDEAO n’a aucun fond, l’ancien ministre étant présenté comme un témoin, un simple témoin.
D’autres ennemis de Pascal Bodjona existent. Ils sont ceux qui craignent constamment que le retour de l’homme sur la scène politique risque de les éteindre, de les noyer, de les détrôner de leur siège de roitelet autour du Président ou encore d’exposer leur incapacité légendaire à exercer.
Bref, Pascal Bodjona, homme politique est un adversaire à plusieurs dimensions.
Les derniers ennemis sont ceux qui pour rien ne sont pas à l’aise en voyant Pascal Bodjona libre de ses mouvement. Eux sont dans une autre dimension, une dimension sorcière de jalousie gratuite, d’envie et de sadisme qui se nourrissent des peines et des souffrances des autres.
Comment renouer avec la liberté
L’ancien porte parole du Gouvernement, ancien Directeur de cabinet de la Présidence de la République, l’ancien ministre de l’administration territoriale vient comme dans le mythe de la caserne de Platon, sortir de l’obscurité, du monde des ténèbres pour celui des lumières.
Pour l’heure et logiquement, il est ébloui par la lumière, par la scène qui se passe et qui est autre que celle qui prévalait avant qu’il ne quitte. Il a donc l’obligation de renouer avec la liberté de la lettre à l’esprit. Il doit prendre le temps d’observer, de se ré acclimater à la situation actuelle avant de faire son saut ; Sinon, c’est le vide. L’homme politique étant suffisamment averti saura effectuer ce bond, sans se casser les dents. Et pour son avenir, il l’a clamé, il ne lui appartient pas, mais à Dieu, sagesse divine sans doute inspirée par sa proximité avec la Vierge Marie, dont la présence dans sa vie et dans celle de la famille entière est permanente et soutenue.
Carlos KETOHOU
source : L`Indépendant Express