Comité provisoire à la FTF
Comme nous l’avons annoncé dans notre livraison de vendredi dernier, la Fédération internationale de football et associations (FIFA) vient de nommer le faussaire de Bahreïn Antoine Folly président du Comité provisoire de normalisation devant diriger la FTF. Ce qui n’augure rien de bon et les clubs et ligues ont le devoir de s’opposer énergiquement à cette mafia installée par Jérôme Valcke.
Comité de normalisation ou de complication
Tout est parti du séjour à Lomé dans le cadre du congrès extraordinaire avorté du 6 décembre dernier de l’Italien Primo Corvaro. Au menu d’un entretien entre le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu et l’envoyé de la FIFA, la sempiternelle crise qui enrhume le football togolais. Compte tenu du manque de confiance entre les acteurs, l’idée de mettre en place un comité de normalisation aurait été suggérée par le chef du gouvernement. Un projet qui a été repris à son compte par Jérôme Valcke, Secrétaire général de la FIFA et son réseau qui tirent toujours profit de la mauvaise gouvernance à la FTF. Contrairement à ce qui a été dit dans le numéro de vendredi, le PM n’avait pas envoyé de nom à la FIFA, mais a milité pour le fameux comité de normalisation. « Il n’avait pas le droit de le faire puisqu’il est connu de tous que les gouvernants n’ont pas à s’ingérer dans la gestion des fédérations », soutient-on dans son entourage. En revanche, d’autres sources indiquent qu’il aurait soutenu dans l’ombre la proposition de Winny Dogbatsè. Et bien au fait de ce projet, Antoine Folly a profité de ses relations à Zurich pour faire passer sa liste (lire le texte ci-dessous). Mis en place pour un an, ce comité aura pour mission de réviser les textes de la FTF et d’organiser les élections au plus tard le 30 novembre 2015. Une décision qui a aussi surpris le Premier ministre.
En réalité, ce comité de normalisation ne changera rien dans le landerneau footballistique togolais. Alors il vaut mieux de parler de comité de complication. D’abord, le processus de sa mise en place est vicié pour la simple raison que la Confédération africaine de football (CAF) n’y est pas associée. A l’exception de Tommy Sylvestre, la star togolaise à la CAN 1972, qui n’aurait été informée que par voie de presse, il n’y a aucune personnalité de poids dans ce comité. La plupart d’entre eux ne maîtrisent pas les problèmes auxquels est confronté le football togolais. Enfin, la plus grande faiblesse de cette structure reste son président, Antoine Folly, un effrayant opportuniste qui a joué un rôle important dans les crises multiples qu’ont connues les différents bureaux de la FTF.
La FIFA et le faussaire Antoine Folly : une honte
Le président de l’UDS-Togo (Union des démocrates sociaux), Antoine Folly ne raisonne qu’en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes. Et il est prêt à tout pour en avoir. Lorsque son enfant Johan était par exemple courtisé pour porter les couleurs nationales togolaises, il a demandé qu’on lui verse de l’argent avant de le convaincre. De fait, ce projet ne s’est jamais réalisé.
En outre, il fait partie de ceux qui ont entretenu la crise qui a fragilisé les différents bureaux de la FTF. De Tata Avlessi à Gabriel Améyi en passant par Rock Gnassingbé et les comités provisoires de gestion pilotés par Bernard Walla et Séyi Mémène, il a tout fait pour que les choses ne marchent pas. Au temps fort de la crise sous Tata Avlessi et de la transition dirigée par M. Walla, il était même au service de l’ancien député de Womé et n’hésitait pas à falsifier la signature de Jérôme Valcke pour les mettre en bas des correspondances bancales en vue d’orienter la situation en leur faveur. Des comportements plusieurs fois dénoncés par certains acteurs et la presse. Mais le Secrétaire général de la FIFA s’est toujours muré dans un silence assourdissant et complice.
Le pic des magouilles de l’ancien ministre des Sports a été atteint le 7 décembre 2010 avec l’affaire des faux Eperviers qui étaient allés disputer un match amical à Manama contre le Bahreïn qui était en préparation pour les Championnats d’Asie de l’Ouest. L’équipe l’a emporté par trois buts à zéro contre une sélection togolaise catastrophique. Et dans sa conférence de presse d’après-match, l’entraineur du Bahreïn, Josef Hickersberger, ne s’était pas empêché de dire que l’équipe togolaise était des plus mauvaises et que le match a été une « pure perte de temps». Eh oui, l’équipe togolaise en question n’était pas la vraie. Il s’agit plutôt des hâbleurs coachés par Tchanilé Bana. Mais le rôle central était joué par Antoine Folly, à l’époque membre du comité intérimaire de la FTF dirigé par le Général Séyi Mémène. L’enquête judiciaire ouverte a permis de mettre la main sur les faussaires parmi lesquels l’ancien ministre des Sports. Ils ont dû passer plusieurs mois à la prison avant d’être libérés.
Dans l’ordre normal des choses, cet homme aurait dû être écarté du football. Mais c’est lui que la FIFA ne cesse d’adouber en lui confiant la gestion de ses fonds auprès du cabinet KPMG et en le nommant président du Comité provisoire de normalisation. Quelle honte ! « Voilà un autre corrompu pour gérer provisoirement la FTF. Avez-vous oublié ce match de faux Eperviers à Bahreïn organisé par ce monsieur Antoine Folly et compagnons ? Je ne savais pas que le degré de corruption de la FIFA était égal à celui du Togo », a posté un internaute pour réagir à l’annonce de cette nomination. Effectivement, cette mafia est mise en route par Jérôme Valcke et son réseau pour dilapider les reliquats de la Coupe du monde et des projets Goal 2 et 3.
Les membres de la FTF doivent dire non à la FIFA
Sentant cette machination venir, les membres de la FTF ont adressé le 17 décembre dernier au Secrétaire général de la FIFA une lettre dans laquelle ils ont réitéré les propositions qu’ils avaient faites dans leur courrier du 8 décembre : « l’organisation, sous la supervision de la FIFA et de la CAF, d’un congrès extraordinaire dans un bref délai en vue de l’adoption du code électoral, de l’élection des membres de la Commission Electorale et de l’élection de la Commission de Recours en matière électorale ; et l’organisation, sous la supervision de la FIFA et de la CAF, d’un congrès électif un mois plus tard ». Ils ont ensuite attiré l’attention de l’instance faitière du football mondial sur les rumeurs annonçant Antoine Folly à la tête d’un hypothétique comité transitoire : « Monsieur le Secrétaire Général, une telle décision, au cas où elle s’avèrerait effective, comporte les germes d’une implosion du football togolais pour diverses raisons. La première raison est le constat de la non prise en compte des propositions fondées des Présidents de clubs et ligues qui sont les premiers concernés par la vie du football togolais et qui s’investissent entièrement pour sa survie. La deuxième raison relève de la désignation de M. Antoine FOLLY qui ne garantit pas à nos yeux la transparence et la bonne gestion du processus électoral. La troisième raison tient à l’implication de M. Antoine FOLLY dans l’organisation de certains matches internationaux non légaux en faisant croire qu’il s’agissait de l’équipe nationale du Togo. Cette imposture, qui a coûté la prison à M. Antoine FOLLY ainsi qu’à d’autres acteurs, est encore vivace dans la mémoire des Togolais. Monsieur le Secrétaire Général, l’expérience togolaise des multiples Comités de Transition s’est avérée infructueuse. De ce fait, les acteurs du football togolais ne souhaitent plus la mise en place d’un Comité de Transition ».
Mais Jérôme Valcke n’en a cure. Il sait ce qu’il a à gagner en mettant en place cette structure bidon dirigée par son ami Folly. Ce comportement constitue un manque d’égard pour les partenaires que sont les présidents de clubs et de ligues. « Comment la FIFA peut-elle mettre en place un comité provisoire sans concertation avec les premiers concernés ? C’est anormal. Nous n’allons pas accepter ce coup de force », affirme un président de club qui a annonce une conférence de presse pour ce matin.
Les membres de la FTF et tous les férus du football doivent combattre cette malheureuse décision de la FIFA. Ils se doivent d’être solidaires afin de bouter hors de la Fédération Antoine Folly et son équipe. Faire le contraire, c’est enterrer définitivement le football togolais. On ne peut rien normaliser avec un faussaire qui ne vit que des crises que connaît la Fédération. Affaire à suivre. Kédjagni
Lettre de la FIFA au Togo
Marrakech, le 19 décembre 2014
Décision du Comité Exécutif de la FIFA
Madame la Secrétaire Générale,
Nous vous informons que la situation de la Fédération Togolaise de Football (FTF) a été débattue par le Comité Exécutif de la FIFA le 18 décembre 2014.
Le Comité Exécutif de la FIFA a été informé du fait que la FTF était censée tenir des élections pour renouveler ses dirigeants le 4 novembre 2014 et que, les semaines précédentes, plusieurs opposants ont soulevé des problèmes tant au sujet du corps électoral- à savoir le nombre de délégués et leur légitimité- que du processus électoral en lui-même. Ils contestaient un choix arbitraire des délégués et demandaient la création d’une Commission électorale indépendante.
Par la suite, le Comité Exécutif de la FIFA a appris que la FTF n’avait jamais tenu d’assemblée générale depuis les dernières élections de novembre 2010- ce qui représente une violation des obligations des membres de la FIFA- et qu’il n’y avait donc pas d’autres points de repère. La FIFA a alors conseillé de tenir compte du corps électoral existant à ce moment-là et de le moduler au gré des promotions et relégations survenues depuis au sein des deux premières divisions qui constituaient le contingent le plus important de délégués. Elle a également recommandé l’adoption d’un code électoral et l’élection des membres d’une commission électorale.
Le Comité Exécutif de la FIFA a aussi pris note que le mandat des dirigeants actuels avait été étendu de quelques semaines et que la FTF avait convoqué une Assemblée générale extraordinaire le 6 décembre 2014 afin d’adopter un code électoral et d’élire les membres de la Commission électorale.
Le Comité Exécutif de la FIFA fut également informé que l’assemblée du 6 novembre 2014 avait dû être reportée en raison de la détention provisoire du président de la FTF et de l’impossibilité de résoudre les contestations au sujet de la représentativité de certains délégués de membres de la FTF dues à l’inexistence ou la mauvaise qualité des textes les régissant.
Dans ces circonstances et afin d’assurer un processus incontestable et adapté à la réalité actuelle du football togolais, le Comité Exécutif de la FIFA a décidé, conformément à l’article 7, alinéa 2 des statuts de la FIFA, de nommer un Comité de normalisation en charge de réviser les statuts de la FTF et d’organiser les élections d’ici au 30 novembre 2015 au plus tard. Entre-temps, le Comité de normalisation gérera les affaires courantes de la FTF.
Le Comité de normalisation fonctionnera comme une commission électorale dont les décisions seront définitives et contraignantes. Ses membres ne seront pas éligibles pour aucun des postes à pourvoir.
La composition du Comité de normalisation sera la suivante :
Antoine Folly, président
Essoham Assima-Kpatcha, Vice-président
Ferdinand Amazohoun, membre
Biréani Essohana Bédinade, membre
Tommy Gerardo Sylvestre, membre
Nous vous remercions de bien vouloir faire circuler l’information auprès des membres de la FTF ainsi que les autorités appropriées et de nous tenir informés de l’évolution de la situation.
Nous vous prions de recevoir, Madame la Secrétaire Générale, l’expression de nos salutations les meilleures.
Fédération Internationale de Football Association
Jérôme Valcke, Secrétaire Général
CC : CAF