Institut d’études politiques de Paris
On peut ne peut être d’accord mais c’est une réalité. “Depuis toujours, les diplômes obtenus en Occident ouvrent plus facilement et beaucoup plus de portes dans les entreprises sur le continent”, rappelle l’activiste togolais David Kpelly dans la publication ci-après.
«Ma précédente publication sur les entreprises privées et parapubliques africaines qui demandent désormais clairement, dans leurs offres d’emplois, des diplômes obtenus dans des universités françaises, européennes ou américaines a choqué certains amis qui trouvent cette situation déplorable de la part de ces entreprises.
Et pourtant, on dira comme le psalmiste : rien n’est nouveau sous le soleil. Depuis toujours, les diplômes obtenus en Occident ouvrent plus facilement et beaucoup plus de portes dans les entreprises sur le continent. Peut-être qu’avant, ce n’était pas dit clairement dans les offres, mais tout se jouait dans la sélection des dossiers.
Ne nous mentons pas: les entreprises privées et parapubliques doivent faire des recettes pour pouvoir couvrir leurs charges et dégager des bénéfices. Dans des économies libérales comme les nôtres, elles sont condamnées à la compétitivité pour survivre. Et on ne peut les blâmer de vouloir aller chercher des compétences où elles pensent en trouver.
Nos universités, pourquoi ne pas nous l’avouer entre nous, offrent des formations trop moyennes, trop en déphasage avec la vitesse vertigineuse à laquelle courent les environnements économique et technologique globalisés dans lesquels nos pays ont été catapultés très souvent malgré eux.
Quand, dans nos universités, nous continuons de former des ingénieurs qui ne peuvent dimensionner des ouvrages que ceux moyenâgeux qu’on voit dans nos pays, des gestionnaires qui n’ont eu accès durant toute leur formation à aucun des nouveaux outils de gestion des entreprises, des médecins qui ont été formés avec du matériel du XVe siècle (pour les universités qui ont des laboratoires pour les former), des informaticiens qui font leurs TP sur des Pentium 1… que reprocher aux entreprises qui ne veulent pas de ces diplômés presque sans compétences.
Nos dirigeants l’ont compris depuis, puisqu’ils sont les premiers à être vraiment conscients du désastre qu’ils ont créé, eux qui envoient systématiquement leurs enfants bacheliers sinon dans les universités occidentales, au moins celles maghrébines.
Le Président malgache, Andry Rajoelina, se justifiait, de la manière la plus naturelle au monde, il y a quelques semaines, qu’il a acquis la nationalité française pour pouvoir assurer les intérêts de ses enfants en leur permettant d’aller continuer leurs études en France. ” Quel parent ne ferait pas tout pour ses enfants ? ” demandait-il à l’assistance. Ce qui voulait signifier: quel parent, fût-il Président, ne donnerait pas sa vie pour que son enfant n’étudie pas à Madagascar mais plutôt en France ?»
David Kpeely