« Sois fidèle à ta promesse, et ne trompe pas l’homme qui compte sur toi » (Proverbe hindou)
Nous sommes le 30 janvier 2020, veille d’une échéance électorale importante, le scrutin présidentiel où Faure Gnassingbé est en quête d’un quatrième mandat. La présidente de l’Assemblée nationale dame Yawa Djigbodi Tségan, accompagnée des membres du gouvernement, de diverses autres personnalités et d’une foule en liesse, procède à la pose de la première pierre pour la reconstruction du nouveau bâtiment principal du grand marché de Lomé. D’un montant de 11,5 milliards de FCFA, ce projet de reconstruction dont les travaux devraient durer 18 mois, est destiné à redonner un cadre propice aux activités commerciales en vue de la relance de l’économie et de l’amélioration des conditions de vie des commerçants.
Certains commis de l’Etat, comme il est de leurs habitudes, s’étaient confondus en louanges à leur patron. Ainsi la ministre des Infrastructures et des Transports et la présidente des commerçantes ont exprimé leur gratitude pour les efforts déployés par le chef de l’Etat et invité l’ensemble des commerçantes à l’accompagner dans sa politique. Le zèle s’était également invité à la cérémonie et certaines commerçantes triées au volet ont saisi l’occasion pour lancer des piques aux contempteurs du jeune président. « Les gens nous ont raconté que l’espace est vendu par l’Etat, mais aujourd’hui, la vérité est là. Dans 18 mois, nous allons nous retrouver pour inaugurer ce marché », s’étaient-elles laissé aller
Vingt et un (21) mois après cette cérémonie fastueuse et électoraliste, l’horizon est toujours brumeux. Les commerçants et commerçantes qui ont perdu toutes leurs économies, et certains leur vie dans cet incendie criminel, ont été dupés. Le site est abandonné et s’est transformé en un gîte de rongeurs et de reptiles. Il faudra attendre encore longtemps, peut-être la prochaine échéance électorale pour que les autorités se souviennent de ce marché à reconstruire.
Ce cas rappelle plusieurs autres projets engendrés par Faure Gnassingbé lui-même et dont on n’a plus entendu parler. Même l’hôpital Saint Pérégrin dont les travaux ont été lancés en grande pompe en février 2019 et était censés s’achever 12 mois plus tard, se fait toujours désirer. C’est cela aussi le Togo de Faure Gnassingbé.
Pour rappel, c’est en janvier 2013 que les marchés de Kara et de Lomé ont été ravagés par des incendies occasionnant d’importants dégâts matériels. A l’époque, sans qu’aucune enquête ne soit diligentée, le pouvoir avait procédé à une vague d’inculpations et d’arrestations dans les rangs de l’opposition. Mais le rapport d’expertise de la police scientifique française qui été frappé du sceau du secret d’Etat va disculper les personnes mises en cause. Selon le document, les incendies résulteraient plus d’une opération orchestrée par les mouvances proches du pouvoir que d’un accident puisque des traces de kérosène ont été retrouvées sur les lieux du sinistre,
Plus de 8 ans après, les auteurs et commanditaires de ce crime odieux n’ont jamais été retrouvés. Le site est à l’abandon et les bonnes femmes qui ressentent encore aujourd’hui les conséquences douloureuses de ce drame n’ont reçu du gouvernement qu’une aide destinée à pourvoir à leurs besoins vitaux, selon des critères dont l’objectivité a été remise en cause par les sinistrés.
Médard AMETEPE
source : Liberté