« L’Afrique est malade d’elle-même. Il suffit d’évoquer le pillage organisé par certains de ses fils qui font de la corruption, de la gabegie, du clientélisme, des détournements du denier public, leur méthode de gouvernement » (Robert Dussey)
L’Afrique vit un véritable drame. Elle est malade de ses dirigeants. L’intérêt général de certains pays est passé à la trappe des appétences morbides de leurs dirigeants pour le pouvoir. Durant des décennies au pouvoir, ces dirigeants se sont illustrés par leur impéritie. Ils n’ont pu réussir à développer leur pays, à créer le bonheur et la prospérité à leur peuple… Rien, sauf à prolonger la jouissance du pouvoir.
A 77 ans dont 37 au pouvoir, Denis Sassou Nguesso a été une nouvelle fois investi candidat pour la présidentielle de mars 2021 au pouvoir : « Le Comité central du PCT approuve à l’unanimité l’investiture du camarade Denis Sassou Nguesso par le Comité national d’investiture en tant que candidat du PCT à la magistrature suprême de notre pays ».
En bon dictateur, le dirigeant congolais qui nourrit la cupidité et la pulsion sauvage du pouvoir, compte bien mourir au trône. Comme en Afrique, on n’organise pas les élections pour les perdre, « l’Empereur » confortablement installé dans le fauteuil présidentiel ne compte plus le céder. Il y est et y reste. C’est dans cette logique de s’arc-bouter au pouvoir indéfiniment qu’il avait modifié, il y a 5 ans, la Constitution pour faire sauter la limite d’âge et du nombre du mandat présidentiel.
Le Parti congolais du travail (PCT) qui étend son hégémonie sur la vie politique congolaise depuis presque cinq décennies, a déjà annoncé les couleurs en assurant de la victoire certaine le septuagénaire dictateur président. « La victoire du camarade président Denis Sassou Nguesso à l’élection présidentielle constitue pour le PCT un impératif catégorique. Nous avons les moyens d’y parvenir », a dardé le Secrétaire général du parti présidentiel, Pierre Moussa.
Pourtant après 37 ans au pouvoir, le bilan de l’Empereur à la tête du Congo est plus que négatif. La gabegie financière a mis l’économie sous perfusion, le chômage et la pauvreté sont endémiques, les hôpitaux sont transformés en mouroirs, le système éducatif en faillite, bref le pays est sinistré. « Lorsque nous voyons déjà son bilan : au niveau économique, c’est tout à fait la catastrophe, l’hécatombe, nous avons une dette que le gouvernement a de la peine à maitriser ; le système éducatif est complètement défaillant ; les fonctionnaires surtout les retraités peinent pour leur droit de pension ; les étudiants ne perçoivent plus de bourse. Nous sommes dans une situation économique très catastrophique », dépeint Roch Euloge Nzobo, acteur de la société civile congolaise.
D’après celui-ci, le bilan sur le plan politique de Sassou Nguesso est encore plus chaotique. Le régime a imposé une tonton-macoutisation généralisée des esprits. Le système est verrouillé. Les geôles de la dictature sont remplies de prisonniers politiques et l’opposition fait l’objet d’une émasculation. Elle n’existe pas. Une situation symptomatique de toutes les dictatures en Afrique. On croirait décrire le Togo de Faure Gnassingbé dont le dictateur congolais est d’ailleurs le parrain. Coaché par d’autres parrains à l’instar d’Alassane Ouattara, le jeune doyen devrait prendre dans les années à venir des galons. Un vrai fils de son père.
Médard AMETEPE