Jacob DesvarieuLe chanteur et guitariste guadeloupéen Jacob Desvarieux est décédé vendredi à l’âge de 65 ans. Atteint du Covid-19, il était hospitalisé en réanimation en Guadeloupe d’où il est originaire.
Jacob Desvarieux s’est éteint à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, vendredi soir. Le chanteur et guitariste avait été hospitalisé le 12 juillet, puis placé en coma artificiel, après avoir contracté le Covid-19.
Parmi les nombreuses réactions à son décès, celle du judoka guadeloupéen Teddy Riner, qui a rendu hommage à « une immense voix des Antilles », tandis que l’ancienne ministre Christiane Taubira, originaire de Guyane, disait sa tristesse, se remémorant « sa voix, sa dégaine, son talent, sa joie, ce sourire, cette inclinaison de la tête et même sa salopette des débuts ».
« Ce soir, la Guadeloupe tout entière pleure l’un de ses plus grands ambassadeurs, dont l’immense talent, les valeurs, la bonté d’âme et l’amour viscéral de son pays le faisaient rayonner bien au-delà de la sphère artistique », a réagi le président du conseil départemental de Guadeloupe, Guy Losbar.
Père du zouk
Né à Paris le 21 novembre 1955, Jacob Desvarieux grandit en Guadeloupe où il s’oriente rapidement vers la musique. Il a connu un énorme succès dans les années 80 en mélangeant des musiques locales pour créer un style de musique : le zouk. « Au départ, c’était un laboratoire : nous cherchions à trouver une bande-son qui fasse la synthèse de toutes les traditions et sons antérieurs, mais qui soit exportable partout », avait raconté le musicien au journal Libération en 2016.
Un cocktail qui donnera naissance à des tubes festifs et dansants chantés en créole, comme « Zouk la sé sèl médikaman nou ni » (1984, sur un album que Desvarieux cosigne avec un autre fondateur de Kassav’ mais qui ne sort pas sous le nom du groupe) ou « Syé bwa » (1987).https://www.youtube.com/embed/9QLGilJLjXc
« À travers notre musique, nous interrogions nos origines. Qu’est-ce qu’on faisait là, nous qui étions noirs et parlions français ? », expliquait-il à Libé, la voix douce et voilée et les cheveux blanchis par les années.
La naissance de Kassav’
Kassav’ (en référence à la cassave, une galette de manioc) est fondé en 1979 par des artistes guadeloupéens, Pierre-Edouard Decimus (du groupe Les Vikings de la Guadeloupe) et Freddy Marshall. Ils recrutent d’autres musiciens, dont Desvarieux, né en 1955 à Paris et qui, comme guitariste, revendique des influences rock, de Chuck Berry à Jimi Hendrix.
La base du style du groupe est le gwo ka, musique guadeloupéenne marquée par les tambours. Il y ajoute d’autres ingrédients venus de toutes les Caraïbes – compas haïtien, biguine… – et un emballage moderne, avec de la basse, des cuivres et des claviers.
Le premier album de Kassav’, « Love and Ka dance », sort en 1979. 1980 marque la première apparition dans le groupe de celle qui en deviendra l’emblème : la chanteuse martiniquaise Jocelyne Béroard. Kassav’ atteint le pic de sa popularité à la fin des années 80. Il signe un contrat avec la multinationale du disque CBS, sort l’album « Vini Pou » en 1987 (disque de platine) et reçoit une Victoire de la musique en 1988.
Encensé par le jazzman américain Miles Davis, le groupe enchaîne les concerts dans le monde entier. Et parallèlement aux nombreux albums de Kassav’, ses membres sortent des disques solo.
source : ouest-france.fr