Janvier 2014-janvier 2021. Sept (07) ans que Faure Gnassingbé a procédé au lancement du Fonds national de la finance inclusive (FNFI). A l’heure du bilan de parcours, que du satisfécit. Mais à ce jour, rien n’est toujours dit sur ce qu’adviendra des remboursements. Les décaissements reviennent toujours avec des intérêts. Qu’en fera-t-on à un moment donné ?
C’est un site du gouvernement, republiquetogolaise.com qui a donné le ton. « 7 ans du FNFI : des résultats positifs et des ambitions ». Dans un article lénifiant, un bilan élogieux est dressé de l’initiative. « Lancé en Janvier 2014 par le Chef de l’Etat dans le but de lutter autrement contre la pauvreté, réduire les inégalités, renforcer la résilience des populations, et surtout leur offrir un meilleur accès aux services financiers, le Fonds national de la finance inclusive célèbre ce mois son 7e anniversaire.En 7 ans, l’institution placée sous la tutelle du Secrétariat d’Etat à l’inclusion, a multiplié les résultats positifs, contribuant à faire du Togo une référence dans la sous-région en matière d’inclusion financière. Au total, 1 766 263 crédits d’un montant global de 98,23 milliards de francs CFA, ont été accordés aux populations depuis janvier 2014. Le taux de remboursement, impressionnant au vu de la tendance communautaire, s’établit à 92,40%. Le fonds, qui bénéficie depuis sa mise en route à plus de 1,7 million de personnes, a par ailleurs diversifié ses produits, permettant de toucher au plus grand nombre de nécessiteux. Les derniers produits lancés, pour accompagner les personnes en fin de cycle (Nkodede), financer l’entrepreneuriat (Kiffe) ou relancer les entreprises impactées par la crise (Fonds de relance), ont tous récemment fait état de performances positives. Malgré tous ces voyants au vert, le gouvernement entend faire plus. Une stratégie nationale d’inclusion financière est ainsi en cours d’élaboration. Projetée sur 05 ans (2021-2025), elle devra permettre d’améliorer et prolonger ces performances, renforcer le cadre d’intervention de l’Etat, étendre davantage la couverture géographique des services et, surtout, mettre à disposition des services financiers digitaux via la création d’une banque digitale.A terme, jeunes, femmes, adultes ruraux, et petites entreprises devront bénéficier de services financiers à moindre coût ».
Quid du revers de la médaille ?
Un prêt reste un prêt. Donc remboursable avec intérêts et épargne. Qu’un grand nombre ait accès au FNFI est une chose ; que les remboursements se fassent relativement bien en est encore une chose. Mais qu’on sache ce qui sera fait de ces fonds décaissés ou empruntés depuis 2014 demeure le nœud gordien que le Secrétariat d’Etat à l’inclusion n’est pas encore arrivé à dire aux citoyens.
En effet, dans les budgets successifs de l’Etat, les transferts monétaires pour raison de finance inclusive ne reviennent plus dans les caisses du trésor public. Ils sont tous considérés comme des dépenses, à l’instar des transferts pour cantines scolaires ou autres. Mais si dans le cas des cantines scolaires, les fonds sont utilisés pour l’alimentation des élèves, ce qui suppose qu’ils ont servis et ont été consommés, dans le cas du FNFI, ces fonds prêtés aux bénéficiaires sont tous remboursés. Du moins à hauteur de 92,40%.
98,23 milliards FCFA, c’est le total du montant accordé aux bénéficiaires, revolving compris, c’est-à-dire des remboursements utilisés pour refaire d’autres prêts à d’autres bénéficiaires. Ce qui veut dire que ce ne sont pas les 98,23 milliards qui ont été décaissés par l’Etat, mais beaucoup moins, dans une fourchette située entre 40 et 50 milliards. Malheureusement sur ce plan, dame AssihMazamesso n’a jamais été loquace à propos. Soit. Ce doit être pour une bonne raison qu’elleseule connaît. Mais n’empêche, les citoyens doivent savoir tout sur le FNFI, et non seulement le nombre de bénéficiaires, le total des montants prêtés ou le taux de remboursement. Dans un pays où le Premier ministre bombe le torse et parle à qui veut l’entendre de « gouverner autrement », « obligation de résultats », l’heure semble venue d’informer le contribuable sur les comptes du FNFI. Nous n’avons jamais été informés d’un quelconque rapport d’audit ou quelque de ce genre depuis la mise en place de cette structure. Et pourtant, des intérêts sont perçus, des épargnes sont constituées sur chaque prêt. A moins que le Secrétariat affecté au FNFI soit une chasse gardée d’une minorité.
Godson K.
Source : Liberté