La coupe du monde de football, le sport-roi qui mobilise la planète entière tous les quatre ans, est supposée être un canal d’expression d’équité, de fraternité et d’universalité. Mais la réalité est que toutes les confédérations ne sont pas traitées avec la même considération. Depuis sa première participation à la coupe du monde en 1934, l’Afrique reste largement sous représentée au sein de cette compétition.
Sur les 32 équipes participant actuellement à la coupe du monde au Qatar, 5 viennent de l’Asie, 5 de l’Afrique, 3 de l’Amériques du Nord, l’Amérique centrale et Caraïbes, 5 de l’Amérique du Sud, 1 de l’Océanie, et 13 de l’Europe.
Sur 10 équipes qui compose sa confédération, l’Amérique du Sud a le même nombre de participants à la coupe du monde que l’Afrique qui a 54 équipes. Et l’Europe bénéficie de 13 participants alors qu’elle a quasiment le même nombre d’équipes que l’Afrique, 55. D’un point de vue statistique, 50% des équipes sud-américaines participent au mondial, environ 30% des équipes européennes, contre seulement 10% pour l’Afrique.
Le désavantage quantitatif de l’Afrique est manifeste, ce qui impacte ses probabilités de victoires.
D’un point de vue qualitatif, les équipes africaines disposent des mêmes compétences footballistiques que les grandes équipes actuelles et même celles qui ont déjà remporté le trophée. Non seulement des pays comme le Cameroun en 1990, le Ghana en 2010 ou le Sénégal en 2002 ont déjà atteint les quarts de finales, mais certaines victoires sont révélatrices des compétences africaines.
C’est le cas de la victoire du Cameroun sur l’Argentine, en match d’ouverture en 1990. C’était en Italie. L’Argentine détenait alors le titre mondial. 12 ans plus tard, en 2002, le Sénégal réalise une performance similaire en battant la France qui était aussi championne du monde en titre. Cette édition était conjointement organisée par la Corée du Sud et le Japon.
En 2022 au Qatar, on peut aussi relever la victoire du Cameroun sur le Brésil, celle du Maroc sur la Belgique et celle de la Tunisie sur la France qui détient le titre.
Certes, les choses ont évolué très progressivement depuis 1934. Mais, si l’on peut comprendre que le niveau du football africain était assez peu élevé il y a quelques décennies, aucune raison de compétence ne peut justifier aujourd’hui que l’Afrique soit si peu représentée. Tout tend à montrer que le rapport de force au sein de la Fifa continue d’entretenir ce déséquilibre en défaveur de l’Afrique.
Durant la coupe du monde au Qatar, selon le journal Marca, le sélectionneur du Ghana, Otto Addo, déclare lors d’une conférence de presse le 27 novembre 2022 : « Il y a 55 pays en Afrique et nous méritons plus de places. Jamais dans l’histoire de la FIFA nous n’avons été à égalité. Cinq places… si nous avions 13 places comme l’Europe, les chances d’aller plus loin seraient plus grandes. À mon avis, c’est injuste ».
Triple ballon d’or et ancien président de l’UEFA, Michel Platini abonde dans le même sens en crochetant sévèrement la Fifa : « Tant qu’il y aura des abrutis à la FIFA, je n’ai pas peur de le dire, elle continuera de faire n’importe quoi. On ne peut pas avoir 5 équipes d’Amérique du Sud sur 10 à la Coupe du Monde, et seulement 5 d’Afrique sur 50 ».
Cette situation rappelle celle de l’Afrique au regard du Conseil de sécurité des Nations Unies. Alors que l’Afrique compte 1,2 milliards d’habitants et dispose de 54 pays à l’Assemblée générale, ce qui représente 25% des voix, le continent n’est pas du tout représenté au sein du Conseil de Sécurité.
Les fédérations africaines doivent renforcer leur capacité à peser davantage au sein de la Fifa. De nos jours, il n’est pas envisageable que le football mondial évolue sans l’Afrique. Il faut donc que le continent y trouve toute sa place.
De grands footballeurs d’origine africaine brillent dans les clubs européens, leur contribution pour faire évoluer les règles peut être bien utile. Au-delà, les Etats africain aussi, par le renforcement de leur capacité d’influence doivent mieux défendre le football du continent.
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais