Sérieusement déchiré par son désir vorace et inextinguible de s’agripper au pouvoir et l’impératif des réformes institutionnelles et constitutionnelles, l’héritier d’Eyadema a fini par faire son choix : ne prendre aucun risque.
Oui, que cela ne surprenne personne. Conscient des sérieux dangers qui le guettent si jamais il se risquait à engager ces réformes, Faure Gnassingbé a décidé de ne prendre aucun risque. L’information a été confiée à togoinfos.com par l’un des proches du Président du Togo.
Voilà pourquoi dans son discours du 26 avril 2014, le Président de la République est resté particulièrement évasif sur les questions des réformes se contentant lapidairement d’inviter la classe politique « à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes » sans pour autant dire ce qu’il voulait faire de concret pour matérialiser ces réformes.
« Face aux enjeux majeurs liés au reliquat des réformes politiques en cours, je voudrais inviter toute la classe politique à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates. Je voudrais inviter chacune et chacun à dépassionner le débat. A ne se laisser guider que par le souci primordial de doter notre pays d’un édifice institutionnel propice à son plein épanouissement » a déclaré le fils d’Eyadema.
Pour le chef de l’Etat du Togo donc, engager de quelconques réformes sur la limitation du mandat ou le mode de scrutin à deux tours par exemple reviendrait pour lui à s’exposer à tous les dangers dont l’issue est insaisissable.
En réalité, l’héritier d’Eyadema n’est pas idiot. Il a bien analysé les résultats des dernières élections législatives où son parti n’a pu recueillir en tout et pour tout qu’à peine 30% des suffrages exprimés malgré les multiples fraudes. UNIR n’a pu engranger ses 62 députés que grâce au jeu du découpage électoral inique.
Faure sait alors d’emblée que pour une présidentielle ou la circonscription est unique, sa marge est plus que jamais étriquée. En clair, le fils du feu général a bonne conscience qu’il est minoritaire dans le pays.
Il sait aussi que plus le temps passe, plus il perd du terrain du fait des multiples difficultés qui naissent aussi bien dans le champ politique que dans le secteur social où les syndicats vont se montrer plus véhéments et intraitables.
La manière particulièrement morose avec laquelle la fête du 1er mai a été célébrée ainsi que la sortie médiatique musclée des syndicats à la veille de cette fête en disent long sur ce dont nous faisons état ici.
D’autre part, Faure connait parfaitement la tension budgétaire actuelle que vit le trésor public et qui ébranlent littéralement ses prévisions en matière de recettes aussi bien douanières que fiscales.
Or, au même moment, les partenaires au développement deviennent de plus en plus exigeants sur certains paramètres avant d’injecter des ressources d’appui.
Tout le boucan et même l’humiliation que l’Union Européenne a fait subir au Togo en exposant publiquement les tares du régime avant de libérer les 9 milliards d’appui budgétaire en décembre dernier en est une des preuves illustratives.
Face à cette situation particulièrement compliquée, Faure Gnassingbé est bien obligé d’opérer un passage en force. Naturellement, il n’a aucune envie de renoncer à son appétit vorace du pouvoir.
Il joue donc sur la fébrilité et l’inefficacité des acteurs politiques de l’opposition. Il essaye d’endormir ceux d’entre les opposants qui s’y prêtent, et ensuite étouffer les plus tenaces par l’usage brut de la force.
Voilà pourquoi, en prévision de tous ces enjeux, il a chargé son chef d’Etat-major général, Félix Katanga de militariser la gendarmerie nationale en y injectant de force et sans aucun test ni formation, les militaires et hommes de mains reconnus pour leur brutalité et leur fidélité au chef.
C’est aussi pour cette raison, qu’il manie, manipule et manouvre très régulièrement l’armée en changeant, comme à un jeu de cartes, les chefs corps et toute la hiérarchie militaire.
Au quotidien, Faure Gnassingbé accorde un point d’intérêt particulier et pointu à l’armée aussi bien dans ses discours que dans ses actes, car il sait qu’en dernier ressort, c’est elle qui pourra lui sauver la peau comme elle a d’ailleurs eu à l’installer au pouvoir en 2005.
Mais en attendant tous ces scénarii, le fils d’Eyadema essaye de jouer sur le temps. Il fait semblant de garder le silence et d’œuvrer à l’apaisement.
Il s’efface, s’exclus de tout sommet où l’on pourrait lui poser des questions qui fâchent…Il ne dit rien, ne fait rien, mais observe tout, guette tout et suit tout de près, tel un crocodile qui guette sa proie sur une rive de fleuve.
Il donne l’impression d’avoir perdu tous ces crocs que beaucoup de togolais lui ont connus lorsqu’il avait décidé à mainte reprises de frapper pêle-mêle et de façon aveugle et hasardeuse, frères, amis et adversaires politiques par des dossiers judiciaires des plus monstrueux aux plus irréfléchis.
Faure peut tout lâcher sauf naturellement le fauteuil dont il a hérité. Pour lui, c’est une question de vie ou de mort car le pouvoir constitue son dernier rempart auquel il s’accroche comme l’on le ferait à une Planche de Salut.
Il ne saurait en être autrement dès lors qu’il a utilisé ce pouvoir à des fins puériles telles que les règlements de comptes politiques, la vengeance aveugle, la jouissance abusive et immodérée de tous les avantages liés au pouvoir.
Comme son père défunt et en bon héritier ayant passé toute sa vie dans du beurre et du miel, le jeune a donc du mal à imaginer et concevoir une autre vie après le pouvoir tant il a peur du lendemain, tant il n’a connu que l’opulence et la gloire.
Face à un tel personnage qui confond vie et pouvoir, que faut-il faire pour sauver le pays de ses griffes de prédateur ? Il faut le pousser à l’action. Mais comment ?
Cette question va soulever un débat sérieux et de très haut niveau qui va engager à la fois, intellectuels, acteurs politiques, société civile, syndicats, associations, ainsi que tout citoyen désireux d’avoir un pays organisé, démocratique et développé.
Ce débat utile et fécond devra dégager des pistes sérieuses dont la mise en œuvre va amener le fils d’Eyadema à douter, à se questionner sur le mythe et la légende qui est bâtie dans la famille Gnassingbé sur le pouvoir qu’elle incarne depuis un demi-siècle, mais surtout aussi, à découvrir par lui-même ses propres limites face au rouleau compresseur et à la dynamique collective qui sera amorcée.
Pour en arriver là, il faudra avant tout avoir en face des hommes de vision qui se jouent de tout intérêt personnel, qui sont prêts à mouiller le maillot pour un bon devenir du Togo et de son peuple.
Acteurs politiques, intellectuels, société civile, défenseurs des droits de l’homme… êtes-vous prêts pour engager un tel combat avant 2015 ?
togoinfos
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