On aura tout dit sur Ingrid Awadé mais il faut juste retenir que cette vielle fille est intelligente, vraiment fertile en imagination.
Elle est prête à toutes les initiatives pour se faire valoir ou se faire voir.
De ses huit ans de passage aux impôts, l’on retient surtout le tournis qu’elle a donné, surtout à ses débuts, aux vieux barons qui avaient fait des impôts leur vache à lait, et aux opérateurs économiques véreux, à la bande des libanais qui s’affichaient par leur insolence et leur indiscipline.
Véritables gangsters, ces bandes de libanais, de pakistanais ou de je ne sais quoi, avaient tissé des liens infernaux avec certains officiers et narguaient allègrement les agents des impôts, tandis que les barons eux, faisaient puiser directement dans les caisses de cette régie des mannes d’argent pour leurs besoins quasi bestiaux.
Il a donc fallu que cette fille naturellement têtue ou même acariâtre arrive aux impôts pour réduire certains de ces voyous au silence et à la discipline et d’autres à la fuite pure et simple. Cela, il faut le reconnaître, est à mettre à son actif.
Tous les togolais applaudiraient cette fille endurcie si l’objectif de sa traque de ces gangsters économiques était destinée à renflouer les caisses de l’Etat.
Mais très tôt, l’on se rendra compte qu’à son tour, elle avait un appétit vorace pour l’argent, la gloire, le pouvoir.
Plutôt que de chercher à rentrer dans l’histoire par ses initiatives audacieuses et sa fougue à enrichir l’Etat, la demoiselle a vite fait de tomber dans la gabegie, dans l’avidité et dans une course effrénée à la quête du prince charmant.
Elle utilisera tous azimuts l’argent des impôts pour construire d’impressionnantes résidences par ci et par là au Prince ou pour meubler régulièrement ses salons à la présidence comme dans ces résidences privées.
Elle soudoiera les proches du Prince pour leur arracher leur dévotion et leur engagement pour sa cause à elle, à savoir lui trouver des astuces, des artifices et des informations qui lui permettent de conquérir réellement celui qu’elle appelle volontiers « mon mari ».
L’obsession de cette conquête durera des années, mais justement plus le temps passe plus elle comprendra, d’année en année à ses dépens, que Faure Gnassingbé est vraiment insaisissable surtout du côté des Femmes.
C’est donc de guerre lasse que Ingrid Awadé se rendra compte que malgré son fracassant divorce d’avec le fils de Nana, elle ne trouvera plus jamais une bague d’alliance sur son doigt.
Bien pire, elle se rend compte, au fil du temps et avec le projet d’OTR qu’elle perdait aussi du champ dans l’indiscutable influence qu’elle s’était donnée autour du Prince, dans les rangs des officiers et au sein du ministère de l’économie et des finances.
Sa lutte pour maintenir Adji Otèth Ayassor, le ministre des finances, sous sa coupole sera finalement vaine même si au début se dernier jouait pleinement le jeu à l’appelant lui aussi « Maman » et en allant régulièrement au domicile de celle-ci pour lui rendre compte d’un certain nombre de choses.
Du coup, la fille de l’instituteur Awadé a vite compris qu’il fallait créer un rapport de force avec notamment de l’argent, de la puissance financière. C’est ainsi qu’elle en a amassé, véritablement pour se créer des comptes en Suisses, en Espagne, aux Emira etc.
Faure Gnassingbé sait tout le danger qu’il court s’il lâche cette dernière sans précaution. Sa fureur est plus qu’un volcan et c’est bien le genre de femmes qui peuvent mettre à terre toute une République pour juste une crise de jalousie. Ses enflures colériques sont dangereuses, réellement.
Alors en la mettant à la direction générale de la délégation chargée de l’organisation du secteur informel, secteur rattaché à la Présidence, Faure Gnassingbé a donné la preuve qu’il a compris ce qu’il fallait faire de Ingrid Awadé.
L’objectif n’est pas forcément de la promouvoir. L’objectif, s’il en est un, est justement d’avoir l’œil sur elle, constamment pour l’empêcher justement de s’égarer ou du moins de creuser à nouveau son sillon.
Sinon, comment Ingrid Awadé qui a du jus au sens plein du terme, peut se retrouver à la délégation chargée de l’organisation du secteur informel alors que le budget annuel de ce machin n’est que de 75 millions de fcfa et avec un personnel qui ne dépasse pas la dizaine ?
Mme Adanlété qui a été amenée à abandonner ce poste peut témoigner que cette délégation est un vrai garage qui n’a aucune marge d’autant que ses attributions sont largement phagocytées par le commerce intérieur du ministère du commerce tout comme celui du développement à la base.
Quel pourrait alors être le rôle de Ingrid Awadé si ce n’est d’être au service exclusif de Faure Gnassingbé ou de servir de courroie entre ce dernier et l’immense population œuvrant dans l’informel pour des fins électoralistes ?
Tout compte fait, reconnaissons que Faure Gnassingbé est un vrai stratège, sans doute intelligent qui ne prend aucun risque quand il s’agit de manœuvrer pour préserver son fauteuil.
L’habilité avec laquelle il est en train de neutraliser la vielle fille de Lassa est une illustration parfaite de son tacte et de sa ruse.
Seulement cela ne suffit pas pour lui octroyer les qualités d’un leader abouti surtout que dans bien d’autres secteurs de l’Etat, il y a un laisser-aller déconcertant qui donne le désagréable sentiment que le Togo n’a pas de gouvernail, de guide averti.
Là justement le fils d’Eyadema a sans doute du pain sur la planche et il faudrait qu’il apprenne enfin à s’affirmer en tant que guide assumant pleinement ses charges et ses missions à la tête de l’Etat-Togo.
togoinfos
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