Où en est-on avec la lutte contre la corruption, la gabegie, le détournement de deniers publics au Togo ? Un Chef d’Etat égal à ses manœuvres politiques rétrogrades
Le Togo a toujours tenu le haut du pavé parmi les pays les plus corrompus au monde. Mesurant les actes sur le terrain à ces indices publiés chaque année, on est tenté de dire que le Togo est même inclassable dans la liste des pays corrompus puisque tout le pays n’est que corruption à l’état pur. Et donc conscient de ce constat astringent qui n’honore pas le pays à la tête duquel il est imposé en 2005, Faure Essozimna Kodzo Gnassingbé a fait de la lutte contre la corruption, un cheval de bataille mais malheureusement, après six années tumultueuses au pouvoir, le Chef de l’Etat semble être le nœud de ce mal qui gangrène sérieusement l’économie togolaise. Pillage systématique des biens publics par ses courtisans, sigisbées, amis et connaissances, gabegie caractérisée et endémique, détournements de fonds dans les sociétés d’Etat, sont entre autres actes antipatriotiques devant lesquels le jeune Président se montre quotidiennement inconscient, indécis, imperturbable… Alors à quand tiendra-t-il ses promesses ?
Si le Togo est confronté à une certaine crise économique aussi chronique que regrettable, c’est tout simplement parce que ses biens n’ont jamais été gérés avec parcimonie et transparence. Tout le système financier de l’Etat est caractérisé par une opacité sans précédent avec une complaisance assez déplorable à l’égard des pilleurs des ressources amassées à la sueur de pauvres populations.
La corruption est pire, donc plus mortelle que le Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA) à l’analyse des choses. Et depuis la nuit des temps, le Togo a taillé la part du lion dans l’aggravation de ce mal que Faure Gnassingbé, dans son message à la nation le 31 décembre 2010, a promis enrayer par des actions plus concrètes mais c’est avec la mort dans l’âme que les Togolais arrivent en vain à mesurer les paroles de leur premier responsable aux actes sur le terrain.
L’on a remarqué que plus le Chef de l’Etat promet d’en finir avec la corruption, plus les caciques du pouvoir font des pieds et des mains pour montrer le contraire, sous son regard aussi contraint que coupable. Ces promesses servent plutôt de véritables lancements officiels des actions visant à maintenir le pays dans le statut quo, sans avancé notable. Ainsi, dans tous les services publics, la corruption est érigée en règle de conduite, avec des amis devenus directeurs par une faveur présidentielle dont les Togolais connaissent maintenant les entrées et les sorties.
La lutte contre la corruption au Togo n’est apparemment qu’un miroir aux alouettes dont se sert Faure Gnassingbé pour dribler la communauté internationale. De 2010 à 2011, les détournements de deniers publics sont passés à un pourcentage incalculable, les auteurs bien connus vivant dans la totale impunité parce cela ne profite bien qu’au maître de la maison. Le Président de la République ne tient jamais compte des révélations faites ça et là sur la destination tortueuse des fonds affectés aux travaux publics et qui, par courtoisie, souffrent des retenus aberrants à craindre pour l’asphyxie économique du pays. Jamais de procès proprement dit aux amis et militants qui siphonnent en douce l’économie togolaise, mais des mises en garde voilées qui frisent l’impunité à l’état pur.
Même si le Chef de l’Etat a une volonté manifeste de combattre la corruption, il n’y arrivera jamais parce qu’autour de lui, rodent jour et nuit des vautours aussi puissants qu’intouchables qui lui mettent des bâtons dans les roues et c’est eux qui promeuvent ce mal de différentes façons. Avec la complicité du système judiciaire très controversé, ces véreux caciques pillent et aident à piller les ressources du Togo au nom d’une certaine politique d’amis de longues dates et de camarades de classe.
Il n’y a aucun discours du Chef de l’Etat dans lequel on ne retrouve pas des promesses de lutter contre la corruption et de traduire devant la justice tous ceux qui en sont les promoteurs, acteurs et auteurs, quel que soit leur statut. Mais où en sommes-nous ?
Avec autant de promesses pour des résultats aussi nuls que révélateurs des mic mac d’un pouvoir qui fait sien ce qui appartient à tout un peuple, il est clair que Faure Gnassingbé a sa propre méthode de lutte contre la corruption qui consiste à demeurer muet devant les agissements incohérents et impropres de ses propres amis qui tiennent la caisse de l’Etat togolais en main.
Sous d’autres cieux, les directeurs de société d’Etat ou fonctionnaires publiques qui ont détourné des deniers publics ou fait preuve de malversations, seraient jugés.
Au Burkina Faso la semaine dernière, le Directeur Général des douanes a été démis de ses fonctions et remis à la justice pour répondre de ses actes. Pourquoi pas au Togo ? Et ceux qui ont plus détourné que lui ? C’est là la sincérité de Faure Gnassingbé, pire dans la gestion du Togo que son père Eyadema.
A l’orée de l’année 2012, il s’est donc gardé de faire encore des promesses pompeuses dans ce sens et en avant la bamboula de Lomé II à toutes les sociétés d’Etat.
Vive le roi des promesses non tenues !
Sébastien Lionel
triangledesenjeux.com
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