« Il est plus facile de s’arranger avec sa mauvaise conscience qu’avec sa mauvaise réputation » (Friedrich Nietzsche)
Laurent Koudou Gbagbo a regagné le bercail hier 17 juin, accueilli dans une ferveur indescriptible par ses partisans, après 10 années passées à la Cour pénale internationale (CPI) où il a été jugé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, après la crise post-électorale à laquelle a été confrontée la Côte d’Ivoire et qui a fait plus 3000 morts. Laurent Gbagbo et son ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé ont été finalement blanchis par la CPI, ce qui a favorisé le retour de l’ancien président.
Ironie de l’histoire, la Procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda qui s’était posée en ennemie jurée de l’ancien président ivoirien, a rendu aussi son tablier la veille, le 16 juin, après 9 ans à la tête de la juridiction pénale internationale. Elle cède la place à l’avocat britannique Karim Khan.
A l’occasionn de son départ, Fatou Bensouda, dans une interview accordée à la BBC, a botté en touche les critiques portées contre la Cour pénale internationale (CPI) selon lesquelles elle ne s’intéresse qu’aux Africains. Pour l’avocate gambienne, ces attaques font partie d’une campagne de propagande menée par ceux qui voulaient discréditer la Cour. « Le travail de la CPI ne consiste pas à cibler un continent en particulier. Elle suit les preuves », s’est-elle défendue.
Mais l’ancienne Procureure de la CPI a joué un rôle funeste et trouble dans le dossier ivoirien et avait un parti pris flagrant pour le camp Ouattara soutenu par la France et d’autres puissances occidentales. Elle a participé au triomphe de la justice des vainqueurs. Alors que les atrocités et exactions ont été commises par les deux camps, seuls Laurent Gbagbo et les caciques de son régime ont été traqués par la justice ivoirienne et la CPI. Pourtant, au nom de l’impartialité, le tribunal de la Haye était censé aussi juger les seigneurs de la rébellion coupables de beaucoup d’exactions. C’est d’ailleurs cette rebellion qui, avec l’aide de la France, avait permis à Alassane Ouattara de gagner la guerre contre Laurent Gbagbo.
Le prédécesseur de Fatou Bensouda, Luis Moreno Ocampo avait accusé l’ancienne rébellion des Forces nouvelles de graves violations des droits de l’homme, pendant mais aussi avant le conflit de 2011. Mais jusqu’à son départ de la CPI, la Gambienne qui s’était acharnée contre Laurent Gbagbo, a accordé l’impunité totale aux membres de l’ex-rébellion par qui pourtant le malheur est arrivé en Côte d’Ivoire.
Fatou Bensouda a toutes les caractéristiques d’un juge soumis africain : partial, partisan et partiel. Elle est une plaie pour le continent. Le tribunal de la Haye est censé être universel. Mais la partialité l’ancienne Procureur a été également flagrante contre les Etats africains au point que plusieurs dirigeans avaient annoncé le retrait de leur pays du statut de Rome, y compris la Gambie, le pays de Fatou Bensouda qui avait demandé à la CPI de poursuivre les pays occidentaux pour la mort de milliers de migrants en Méditerranée. L’éventualité d’un retrait collectif des 34 États africains signataires du statut de Rome avait même été envisagée en 2016 à Addis-Abeba, siège de l’UA.
Même si les dirigeants africains ne pas exempts de reproches, la politique à géométrie variable appliquée par Fatou Bensouda et les siens, avait participé à écorner sérieusement l’image de cette juridiction. Manipulable à merci, l’avocate gambienne était une marionnette au service des puissances occidentales auxquelles elle obéissait au doigt et à l’œil. Ce qui avait fait dire à nombre d’Africains que la CPI est une cour néocolonialiste et raciale.
Médard AMETEPE
source : Liberté