Les conclusions de la commission ad’hoc d’enquête administrative sur la sanction écopée par le Togo dans le cadre du tournoi UFOA-B U17 sont connues. Tout le monde est blanc comme neige. C’est ce que conclut la commission mise en place par le ministre des Sports, Lidi Bessi-Kama. Pourtant, elle impute des manquements et des légèretés à la FTF.
« Il ressort globalement des investigations effectuées que la ligne de défense des responsables de la FTF repose, entre autres, sur les retards dans les réactions de la CAF et de l’UFOA, suite à leurs sollicitations et requêtes introduites », a déclaré le ministre des Sports, Lidi Bessi-Kama. Elle ajoute : « si des réserves et reproches ont été formulées par les responsables de la FTF relativement à l’attitude du comité d’organisation du tournoi et de la CAF, il n’en demeure pas moins que certains manquements et même certaines légèretés sont imputables à la FTF ».
A travers cette déclaration, on peut conclure que pour les autorités togolaises, les instances impliquées dans l’organisation de ce tournoi, à savoir l’UFOA et la CAF ont leurs parts de responsabilités dans la disqualification du Togo de la compétition qui est organisée sur son sol. Dans le même temps, le ministre déplore des manquements et des légèretés de la part des dirigeants du football togolais. D’où la question de savoir si le Colonel Guy Akpovy et son équipe ont commis des fautes dans la gestion des joueurs ou pas.
La réponse de Madame le ministre est sans équivoque, le président de la FTF et son équipe ne sont coupables de rien. « J’exprime tout mon soulagement de constater que tous les acteurs de la FTF sont exempts de tout soupçon de fraude dans cette affaire », se réjouit-elle. En d’autres termes, les officiels du football togolais n’ont pas de soucis à se faire. Dans cette affaire, ils sont tous blancs comme neige.
Cette déclaration de Mme Lidi Bessi-Kama a un double effet sur ceux qui la découvrent. D’abord, elle confirme que le Togo reste le Togo, un pays où rien n’oblige à trouver des coupables même si le sujet dont il est question est suffisamment grave. C’est à l’image de l’affaire de la construction de la route Lomé-Vogan-Anfoin. Plusieurs milliards de FCFA ont été détournés, mais jamais personne n’a été écrouée. Le ministre des Finances et son collègue des Transports et des Travaux publics d’alors s’en sont sortis indemnes, blanchis. Pas la moindre interpellation à leur endroit, sauf un semblant de compte rendu devant l’Assemblée nationale. Même l’entreprise à qui les travaux ont été confiés n’a pas fait l’objet de poursuites.
Quelles sont alors les conséquences des « manquements et légèretés » dont parle le ministre ? Quelle a été leur portée dans la disqualification du Togo ? Les Eperviers ont-ils vraiment livré des rencontres avec des joueurs dépassant la limite d’âge ? Des interrogations qui dénotent de la légèreté avec laquelle cette affaire de disqualification est conduite. Si des légèretés et des manquements ont été enregistrés, ceux à qui le ministre les impute portent donc la responsabilité de la disqualification. Ils doivent répondre de leurs actes. Il est inconcevable que dans un pays qui s’affuble des titres glorieux et dans lequel existent des lois et des institutions, les affaires publiques soient menées de cette façon. L’amateurisme et les légèretés ne doivent pas être permis. Il est inacceptable que la Fédération togolaise de football qui a en mains la destinée du football ait en son sein des gens à qui on impute manquements et légèretés. Surtout à l’heure où le football s’est imposé dans l’empire des Sports et fait gagner des milliards aux acteurs.
L’autre effet de la sortie du ministre des Sports est la surprise. Surprise parce que nombre d’observateurs ont vanté ses qualités de dame rigoureuse. Pourquoi se plaît-elle alors à dire qu’il y a eu des manquements et des légèretés tout en se réjouissant qu’il n’y ait pas eu de fraudes ?
Au lieu de sévir contre les auteurs des manquements, le ministre se contente de demander à la FTF d’insister auprès de la CAF afin que celle-ci « réponde clairement pour laver l’affront fait à notre pays à savoir nous disqualifier sans pour autant donner les raisons au préalable». Pourtant, l’UFOA avait été claire dans sa décision en disant que la disqualification du Togo est consécutive à l’introduction dans l’équipe de joueurs ayant dépassé l’âge réglementaire. «Si après avoir effectué le test d’éligibilité d’âge (IRM) pour une équipe participante, qu’un seul joueur s’est révélé non éligible, l’équipe participante sera disqualifiée », avait rappelé l’UFOA. Madame le ministre, les raisons sont là.
G.A. / Liberté N°3323 du 09-02-21