
Le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) a tenu son pari. Comme annoncé le regroupement citoyen a organisé avec succès la manifestation de trois jours destinée à consoler les cœurs des Togolais victimes des incendies des marchés, à informer et mobiliser la population autour des idéaux du CST mais également à demander expressément la libération des responsables et militants de l’opposition arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les incendies qui ont visé les deux grands marchés du Togo. De la messe catholique à la marche de protestation en passant par le meeting de sensibilisation de Béniglato, la série de manifestations du CST a connu une affluence particulière à la grande joie de ses responsables.
La messe catholique jeudi à la cathédrale Sacré Cœur de Jésus de Lomé Cette messe destinée à consoler les cœurs des femmes victimes de l’incendie du grand marché de Lomé a marqué le début des manifestations du CST le jeudi 14 février 2013 à la Cathédrale Sacré Cœur de Jésus de Lomé. Presque tous les responsables du CST ont assisté à cette messe dite par le Révérend Père Boniface OLYMPIO, assisté du Révérend Père Louis KUEVI et du Curé de ladite cathédrale, Gilbert Géléwonou WOGLO. A la surprise générale de tous, les femmes commerçantes victimes de l’incendie du grand marché de Lomé avaient assisté en grand nombre à cette messe aux côtés des militants et sympathisants du Collectif « Sauvons le Togo » (CST). Une preuve que les victimes elles-mêmes ne croient pas à la thèse du pouvoir selon laquelle ce sont les responsables du CST qui ont commandité cet évènement malheureux.
Le principal célébrant, le Révérend Père (RP) Boniface OLYMPIO, après avoir lu l’évangile tiré du livre de Saint Luc, a laissé la place au curé de la cathédrale, le RP Gilbert Woglo pour l’homélie. Ce dernier qui a, à travers des paroles bibliques très indicratrices, consolé les victimes des incendies. Il s’est surtout appesanti sur la formule de l’apôtre Paul qui a dit : « Nous n’avons rien apporté et n’emporterons rien. » Puis, il a exhorté tous les fidèles à espérer. « Les chrétiens que nous sommes, nous sommes condamnés à espérer, car il n’y a pas de vie sans espérance », a-t-il conclu. Et ce sont les chants de louange à la gloire de Dieu qui ont mis fin à la messe.
Au sortir de l’Eglise, les leaders du CST ont une fois encore témoigné leur compassion aux femmes commerçantes victimes des incendies criminels. « Au nom du Collectif « Sauvons le Togo », je vous remercie tous d’être sortis si nombreux aujourd’hui pour écouter la parole de Dieu. Je suis sûr que cette parole a consolé un tout petit peu vos cœurs. Nous demanderons à ce même Dieu de vous encourager pour que vous puissiez reprendre petit à petit vos affaires », a indiqué Zeus Ajavon. Il a également dénoncé les arrestations tous azimuts de certains responsables et militants dudit collectif par les agents du Service des Recherches et d’Investigations (SRI), et a exigé une fois encore des autorités togolaises une enquête internationale indépendante afin de situer les responsabilités dans l’affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé.
Meeting du CST au stade Oscar Anthony de Béniglato vendredi A l’exception de ceux qui sont arrêtés et détenus dans la fameuse affaire des incendies des marchés, les responsables du CST étaient au grand complet à ce meeting d’information et de sensibilisation organisé dans un stade Oscar Anthony plein à craquer. Au total, les populations ont été informées sur les derniers développements de l’affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé dans laquelle certains responsables et militants du CST ont été mis en cause. Les correspondances de l’UE et du Parti Socialiste sur la situation politique au Togo ont également été présentées à l’assistance.
Ainsi, plusieurs interventions ont été enregistrées au cours de ce meeting dont ceux de Madame Dovi Amouzou, Jean-Pierre Fabre, Isabelle Améganvi, Jil-Benoit Afangbéji, Dr Kampatibe, Olivier Amah, Claude Améganvi, Komi Wolou, Zeus Ata Messan Ajavon.
Madame Dovi Amouzou, responsable OBUTS a mis l’accent sur l’importance de l’engagement des femmes dans la lutte que mène le CST. Ainsi, elle a invité ses mères, sœurs et filles à reconnaître qu’à ce tournant de la lutte, il importe que les femmes s’arment de courage et soutiennent le combat. « Le bout du tunnel est visible », a-t-elle rassuré et d’indiquer que Dieu est à l’écoute des prières des Togolais et il n’y a pas lieu de désespérer.
Dans la même logique, la deuxième vice-présidente de l’ANC Isabelle AMEGANVI a laissé entendre que « l’heure de Dieu a sonné et ses signes sont visibles » en s’appuyant sur le contenu des correspondances de UE et du PS qui viennent de désavouer le pouvoir RPT-UNIR. Au sujet de l’affaire des incendies dont les responsables sont la cible des autorités togolaises, elle a indiqué que, quelles que soient les gesticulations des dirigeants togolais, la vérité sera mise nue un jour. Pour ce faire, elle a recommandé une prière à toute la population togolaise : « Que Dieu nous révèle les auteurs de ces incendies »
Me Jil-Benoit AFANGBEDJI a quant à lui fait l’historique des incendies qui ont ravagé certaines institutions du pays depuis le déclenchement de la lutte politique au Togo. Il a cité entre autres les incendies qui ont ravagé le Haut Conseil de la République (HCR) lors des cérémonies d’hommage à feu Marc ATIDEPE, le CENETI, l’Institut Goethe de Lomé, le Tribunal de Lomé, l’Université de Lomé, en l’occurrence la DAAS, et s’est enfin demandé si le SRI a déjà trouvé les auteurs qui ont opéré lors de ces divers incendies. Il a ensuite dénoncé la politique de deux poids deux mesures que pratique le pouvoir en place en favorisant l’impunité. « Pourquoi les autorités togolaises ne sont-elles pas arrivées à arrêter les miliciens qui ont menacé les responsables du CST à Kara et ceux qui ont blessé les militants de l’ANC à Doumasséssé (Adéwui) ? », s’est-il exclamé.
Après lui, c’est le Commandant Olivier Amah très remonté contre les irrégularités constatées dans l’affaire des incendies qui a pris la parole. L’ancien officier de l’Armée togolaise a taxé Faure Gnassingbé de « terroriste judiciaire » et l’a vertement accusé d’être à la base de tout ce qui se passe. L’officier gendarme a saisi l’occasion pour présenter sa compassion aux femmes victimes des incendies et s’est ensuite adressé à ses frères en uniforme en les invitant à la retenue. Il n’a pas manqué, pour ce qui concerne les enquêtes en cours dans l’affaire des incendies, de relever de nouveau qu’en réalité, il revient à la police judiciaire de mener ces enquêtes et non des gendarmes zélés.
« Nous n’avons pas le droit d’arrêter de dire sauvons le Togo ». C’est par ces mots que le Docteur KAMPATIBE a débuté son intervention. Après une brève présentation des contenus des correspondances de l’UE et du PS français, il a fait comprendre à l’assistance que la communauté internationale est sensible à l’injustice que vit le CST. Pour ce faire, il a invité la population à une mobilisation accrue pour faire partir ceux qui ont pris en otage le peuple togolais et qui l’oppressent à longueur de journée.
Le Professeur Komi WOLOU du PSR s’est demandé si le Togo était un Etat de droit ? A la question, il a répondu que si c’était le cas, ce n’est pas l’UE qui allait forcer le gouvernement à prendre 22 engagements qu’il ne sera d’ailleurs pas en mesure de respecter. De même, aujourd’hui encore, c’est la communauté internationale qui leur dit que la démocratie est bafouée dans leur pays. « Ces hommes-là peuvent-ils diriger un pays ? », a-t-il demandé à l’assistance. Il a dénoncé cet état de fait et donné l’exemple de la séparation des pouvoirs qui n’est guère mise en application dans le pays. « Tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’une seule personne et c’est cette dernière qui est Faure », a-t-il précisé.
Le Coordonnateur national du CST, Zeus Ata Messan AJAVON a remercié tous ceux et celles qui ont fait le déplacement pour le meeting. « Quand je vous vois si nombreux, je suis très heureux. Je vous remercie donc pour ça », a-t-il dit. Il a fait part à l’assistance des comportements irrespectueux du capitaine Ayéwalagni Akakpo qui lui aurait interdit de voir son client et l’aurait menacé de le faire sortir de la gendarmerie s’il insistait de voir les autres personnes arrêtées dont il est le conseil. « Le Capitaine Akakpo m’a demandé pourquoi ce sont les responsables du CST qui sont des avocats qui défendent les personnes arrêtées ? Puis, revenant encore sur ses pas, il me dit que je ne peux pas défendre dix personnes tout comme si c’est lui qui veut m’apprendre mon métier », a dénoncé Zeus AJAVON. Il n’est pas passé outre les correspondances de la communauté internationale. Prenant cela comme un exemple, il a indiqué que ce sont les manifestations du CST dont les échos parviennent à la communauté internationale qui font que ces derniers ont adopté des positions claires. « A part l’UE et le PS, il y a aussi le parti communiste, les Verts, Survie et bien d’autres qui ont adressé ces genres de courrier aux autorités togolaises. Ce qui veut dire que le Togo est maintenant exposé », a-t-il conclu avec détermination.
Jean-Pierre FABRE, leader de l’ANC qui a mis fin au meeting a galvanisé la troupe en lui demandant de rester sereine car le pouvoir RPT-UNIR agonisant est aux abois. « La victoire sera de notre côté à coup sûr », a-t-il rassuré. Pour atteindre ce but, rappelle-t-il, il faut que la mobilisation soit totale et c’est en le faisant ainsi qu’on arrivera à terme de ce régime.
Marche du CST-FRAC samedi à Lomé
La dernière journée des manifestations du Collectif « Sauvons le Togo » (CST), tout comme les deux premières, a été pour les responsables dudit collectif, un nouveau succès puisqu’elle a une fois encore comblé les attentes des populations en quête de liberté et d’alternance. C’était l’ambiance des grands jours et la marche a drainé des milliers de militants et sympathisants du CST dans les rues de Lomé.
Ces derniers ont pris d’assaut le point de départ de la marche de protestation, le carrefour de Tokoin Gbadago très tôt dans la matinée du samedi. Sur le long du trajet, ils ont crié leur ras-le-bol sur le pouvoir après l’arrestation de certains des leurs. La marée humaine à la tête de laquelle se trouvaient Jean-Pierre Fabre, Zeus Ajavon et les autres a donc traversé les principales artères de Lomé, en exécutant des chansons de louange à la gloire de Dieu et d’autres chants patriotiques. Des slogans hostiles au pouvoir et à certains dirigeants fusaient également de la foule. Au point de chute à la plage en face de l’ambassade d’Allemagne, plusieurs révélations capitales ont été faites sur les auteurs de l’incendie du Grand Marché de Lomé.
Selon des révélations faites par Zeus Ajavon, « la nuit de l’incendie du Grand Marché d’Adawlato à Lomé, avant le drame, un groupe d’individus à moto s’étaient présentés sur les lieux. Ce groupe sera suivi peu de temps après par un autre groupe à bord de trois (3) véhicules 4×4 dont certains occupants en costume noir. Ils auraient soudoyé des vigiles qui gardaient le marché et qui détenaient les clés donnant accès au marché. Même sous la menace des armes à feu, certains vigiles ont refusé la proposition et ont pris la tangente. Ces intrus sont donc rentrés dans le marché. Certains d’entre eux portaient des cagoules. »
Les responsables du CST ont assuré qu’il y a d’autres éléments importants de l’enquête qu’ils communiqueront par la suite.
Sur un autre angle, le premier vice-président de l’ANC, Patrick LAWSON a, en réponse à la correspondance de l’Union européenne invitant la classe politique à nouveau à un dialogue indiqué que le CST « est disponible à un dialogue, mais un dialogue franc et sincère ». Il a proposé aux responsables de son parti d’ouvrir un compte bancaire qui servira à soutenir les femmes victimes des incendies et les personnes arbitrairement détenues. Il a enfin insisté sur la mobilisation des forces démocratiques.
Jean-Pierre FABRE, comme toujours a clôturé la série des interventions. Il s’est au prime abord réjoui de la sortie massive des populations pour exprimer leur désir d’opérer un changement à la tête de l’Etat togolais.
Ensuite il a demandé à la foule de prier, car Dieu est à l’œuvre pour le CST et le peuple togolais. « Dans vos prières de tous les jours, demandez à Dieu la force de vous épargner de la paresse et de vous donner le courage de répondre aux manifestations citoyennes comme celles du CST », a-t-il recommandé. Le leader de l’ANC a par ailleurs demandé aux manifestants de rester sereins et mobilisés pour la suite de la lutte.
Warren W.
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