ABIDJAN (AFP) – Les résultats globaux des législatives ivoiriennes doivent être annoncés jeudi et consacreront, après la crise meurtrière de 2010-2011, la suprématie du parti du chef de l’Etat Alassane Ouattara, en l’absence du camp de l’ex-président Laurent Gbagbo.
La Commission électorale indépendante (CEI) « est passée maîtresse dans l’art de jouer avec les nerfs des candidats et des électeurs », écrit jeudi le quotidien indépendant L’Inter, pointant sa « lenteur exaspérante ».
Mercredi soir, le porte-parole de la CEI, Yacouba Bamba, a finalement promis pour ce jeudi soir les résultats globaux des élections de dimanche. Quelque 150 résultats seulement ont été annoncés pour l’instant, sur 255 sièges à pourvoir.
Mais il n’y aura pas de surprise: le Rassemblement des républicains (RDR) de M. Ouattara sera le maître du jeu. Il obtiendrait la majorité absolue avec au moins « 129 ou 130 sièges », a indiqué à l’AFP une source gouvernementale.
Les résultats partiels – portant sur 228 sièges – déjà communiqués par la télévision publique le donnaient mardi sur le point de contrôler l’Assemblée, avec 123 députés, à l’issue des premières législatives depuis 2000.
Suivent, selon la même source, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de son allié, l’ancien président Henri Konan Bédié, avec au moins 93 sièges, et 12 indépendants.
Le Front populaire ivoirien (FPI) de M. Gbagbo a boycotté le scrutin, dénonçant notamment la détention de son mentor, arrêté le 11 avril et écroué fin novembre à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.
Il est poursuivi pour crimes contre l’humanité commis durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010 et qui a fait quelque 3.000 morts.
Tournant déjà la page des élections, le quotidien d’Etat Fraternité-Matin appelle jeudi les Ivoiriens « au travail maintenant! »
Economie et réconciliation
« Puisque la deuxième institution est désormais pourvue, il est temps que l’on s’occupe de ce qui nous semble le plus important: la relance économique. La paix et la réconciliation viendront toutes seules, lorsque l’activité économique aura repris, lorsque les Ivoiriens seront occupés à travailler », avance le journal.
Eprouvée par une décennie de tourmente, la Côte d’Ivoire, qui reste toutefois la première économie d’Afrique de l’Ouest francophone, espère décrocher mi-2012 une forte réduction de sa dette, dans le cadre de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).
Mais les défis politiques restent importants. Le président Ouattara devra rapidement former un nouveau gouvernement et choisir s’il maintient Guillaume Soro, chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), au poste de Premier ministre.
M. Ouattara avait indiqué récemment à des visiteurs, souligne une source diplomatique, qu’il confirmerait M. Soro pour conduire l’urgente réforme de l’armée et le démantèlement de l’appareil FN dans le nord, sous contrôle ex-rebelle depuis 2002. Pourtant, le poste de chef du gouvernement a été promis fin 2010 au PDCI.
Quant à la réconciliation, elle reste à réaliser après le transfèrement de M. Gbagbo à La Haye et le boycott – à quelques candidatures « indépendantes » près – de son camp dimanche.
Mais des responsables du régime déchu actuellement en prison, qui ont demandé leur mise en liberté provisoire, pourraient obtenir satisfaction la semaine prochaine. Un cadeau de Noël pour accélérer des retrouvailles?
source : AFP
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