Accusé de malversations financières et de détournement de 100 millions dans la construction de la Cité OUA lors de son passage à la tête du gouvernement de 1999 à 2000, Eugène Koffi Adoboli s’inscrit en faux contre toutes allégations et de toute implication dans la gestion du budget alloué à ces travaux. Joint au téléphone le vendredi 22 juillet 2011 aux environs de 20 heures depuis sa résidence actuelle en Suisse, l’ancien premier ministre s’insurge contre la procédure avec laquelle la Cour d’Appel du Togo l’a condamné en cinq ans de prison par contumace et deux anciens ministres de son gouvernement.
Le premier ministre Eugène Koffi Adoboli exprime son ras-le-bol en cinq points clés. Pour lui, l’accusation est fausse, la déontologie et la méthode utilisée sont inadmissibles, le jugement est comique pour deux raisons fondamentales. La première, ce jugement a été fait sans une convocation écrite en bonne et due forme à l’accusé et sans communication nécessaire et la seconde, la parole a été refusée à l’avocat de l’accusé. Donc, la décision du juge a été très arbitraire et n’est pas à la hauteur de l’honneur du pays. Elle frise la diffamation, la calomnie, le mensonge ; elle est très choquante et encore moins, dépourvue de toute crédibilité.
« Qui veut tuer son chien l’accuse de rage. Chez moi, la déception est plus profonde que la colère » a exprimé le premier ministre.
Directeur des Nations Unies pour l’Afrique, Représentant et Résident des Nations Unies en Conakry en cette période-là, le général Gnassingbé Eyadema l’avait déniché pour polir l’image du Togo lorsqu’elle est complètement dégradante alors que le pays allait accueillir le sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 2000 qui s’était révélé être une réussite pour le feu Général Eyadema. Une fois donc que l’ancien Premier ministre Eugène Adoboli avait réussi à refaire l’image de Gnassingbé Eyadema et ses acolytes du Rpt, il fut honni et démis de sa fonction de chef de gouvernement. Alors qu’il présentait son discours bilan devant les représentants du peuple, la télévision nationale (Tvt) annonçait son limogeage. Quelle honte pour le Togo !
Que reproche la justice togolaise aux deux anciens ministres du gouvernement de Koffi Adoboli ?
Selon l’ancien premier ministre togolais de 1999 à 2000, les ministres Hope et Samarou ne sont ni de près ni de loin impliqués dans la gestion du budget alloué à la construction des immeubles de la cité OUA. Il s’agit pour l’Etat togolais de chercher des poux sur une tête rasée. Les quelques rares chèques qu’il signait passaient entre d’abord les mains de l’ancien ministre des finances Tidjani Beredjayé actuellement décédé et par des experts notamment Barry Moussa Barqué, actuel conseiller spécial de Faure Gnassingbé. Pour ce qui concerne les deux ministres, ils faisaient tout simplement exécuter les travaux qui d’abord ont été soumis à des appels d’offre, une affaire publique qui se discutait au conseil des ministres.
Le Trésor public débloquait directement les fonds aux experts, « Moussa Barry Barqué sait ce que je dis. D’ailleurs, le gouvernement togolais me doit 200 millions. J’utilisais mes propres fonds pour financer les missions dans le cadre de l’exécution des travaux…et dire aujourd’hui que je suis accusé d’escroquerie, de vol ou encore de crime financier, j’ai l’impression de faire un cauchemar. C’est comique et honteux pour une Nation civilisée. En tout cas, je crois que le gouvernement togolais se trompe. Après mon limogeage je suis resté au Togo 2 ou 3 ans avant de partir suite à une maladie de cancer. J’ai soumis des dossiers à Barqué et à Agbéyomé Kodjo, mon successeur. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas eu de réponse concrète » expliquait le Premier ministre.
Le conseiller spécial de Faure Gnassingbé serait-il alors impliqué dans la gestion des fonds destinés à la construction de la cité OUA ? Sinon que cache ce que le Premier ministre Adoboli voudrait dire par « Barqué sait ce que je dis ».
Pourquoi la justice n’a pas essayé d’auditionner l’éternel conseiller de Gnassingbé père et Gnassingbé fils ? Selon certaines sources d’informations, Barqué était l’hôte du Premier ministre Adoboli et sa famille en Suisse lors de son dernier voyage sur le pays. Tous les frais d’hôtel seraient pris en compte par Adoboli. Mais malheureusement, Moussa Barry Barqué était parti sans les avoir averti avant son départ. On se demande alors ce qui a pu motiver ce départ précipité sans dire au revoir ne serait-ce que la reconnaissance du bienfait de Adoboli et sa famille ?
Que le pouvoir de Faure Gnassingbé joue de la comédie.
Tout ce que Faure, son gouvernement et les sbires qui l’entourent font, ressemble à une comédie grandeur de nature. Que voudraient-ils encore faire boire aux Togolais avec cette histoire de condamnation par contumace de l’ancien Premier ministre Eugène Koffi Adoboli si on sait que leurs entre-jambes sont tâchés d’amis et autres acolytes aux mains sales de malversations et de crimes financiers, d’escroquerie, de vol, de pillage systématique des maigres ressources de l’Etat, de détournement des biens publics…
S’il est donc vrai que c’est le discours de l’Ambassadeur des USA en fin de mission au Togo, Madame Patricia Hawkins lors du 235ème anniversaire de son pays qui a motivé Faure Gnassingbé et ses amis lorsqu’elle se pose la question de savoir pourquoi « ceux qui pillent le pays ne sont pas inquiétés » qu’on trouve rapidement un bouc émissaire pour jeter la poudre aux yeux à la communauté internationale lui faisant croire à la pratique de la bonne gouvernance et de la bonne gestion des ressources du Togo, pourquoi alors ne pas s’intéresser à ceux qui ont détruit la Btci, l’Utb, le Fer, la Sotoco, la Snpt, (l’ancien Otp), l’huilerie d’Alokoegbé, la Sonaph, l’usine textile de Datcha, l’usine d’égrenage de coton et de kapok, la féculerie de Ganavé… ? Pourquoi Faure Gnassingbé refuse de faire plier ceux qui continuent de piller les maigres ressources des sociétés d’Etat notamment : le port autonome de Lomé, la Lonato, Togo cellulaire, Togo télécom, les douanes, … pour véritablement montrer sa bonne foi aux Togolais au lieu de vouloir les berner avec ces menus fretins comme il sait si bien le faire.
Les Togolais sont très loin de croire à ce jeu malsain dans lequel Faure et ses amis veulent les traîner. Il est tout à fait normal de faire soumettre à la rigueur de la loi tous les citoyens indélicats qui ont « plongé » la main dans les biens publics de l’Etat. Mais que cela soit réellement ceux qui sont impliqués.
Jérôme Sossou
source : triangledesenjeux.com
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